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Afrique du sud : Les combats du mouvement paysan à Durban

5 décembre : Journée internationale de la Souveraineté Alimentaire pour Refroidir le Climat

D 13 décembre 2011     H 05:18     A     C 0 messages


Nous appelons tous les mouvements paysans et organisations agricoles, ainsi que les travailleurs ruraux, les paysans sans terre et tous les membres du mouvement pour la souveraineté alimentaire à nous rejoindre pour une journée internationale d’action de masse, le 5 Décembre 2011, lors de la mobilisation de la société civile à l’occasion de la conférence climatique COP 17, à Durban en Afrique du Sud.

L’humanité est confrontée à une crise alimentaire, économique et écologique qui est indissociable du système néolibéral capitaliste régissant la production, la distribution et la consommation alimentaire. Ces multiples crises mettent en évidence les limites du système de production capitaliste néolibéral. Aujourd’hui les sociétés transnationales et les gouvernements proposent de fausses solutions pour lutter contre le changement climatique, détournant de son objectif la Conférence des Parties des Nations Unies (COP17) également appelée la "Conférence des Pollueurs", qui se tiendra à Durban en Afrique du Sud.

Les élites du monde financier, les gouvernements occidentaux et le système capitaliste néolibéral qui ont provoqué cette crise viennent désormais nous vanter leurs fausses solutions. Les pays du Sud et l’Afrique en particulier, seront parmi les plus durement touchés par le changement climatique.

Les études scientifiques montrent que le continent africain connaîtra un climat plus sec et des températures qui augmenteront plus rapidement que dans d’autres régions de la planète. Et ce alors que l’Afrique est le continent qui a le moins contribué au réchauffement climatique. Ces modifications climatiques auront un impact énorme sur l’agriculture, qui est une source majeure de subsistance en Afrique. L’augmentation des températures va provoquer d’importantes pertes de rendement pour les principaux aliments de base du continent, comme le maïs, le sorgho, le millet, le manioc, etc.

L’agriculture et les modes de production industrielles sont responsables du réchauffement climatique, des famines, de la dépossession des terres, des exodes massifs (souvent forcés) de paysans, de travailleurs ruraux et de communautés autochtones à travers le monde.

En Afrique du Sud, pays hôte de la conférence, après 17 ans de démocratie, des millions de travailleurs agricoles et les habitants sont encore expulsés de fermes commerciales, tandis que seulement 5% des terres agricoles a été transféré à la population noire et que des millions de personnes dans les zones rurales et urbaines souffrent de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud est la société la plus inégalitaire au monde. En Afrique du Sud, ce sont particulièrement les femmes qui ont ressenti l’impact de ces relations inégales et des exclusions.

Les solutions proposées par les multinationales et les gouvernements sont d’ores et déjà en train de provoquer une re-colonisation de l’Afrique et des pays de l’hémisphère Sud par le biais d’accaparement massifs de terres agricoles et l’imposition d’une nouvelle "révolution verte".

Au lieu d’être une instance où sont élaborées de véritables solutions aux changements climatiques et à la crise écologique à laquelle est confrontée l’humanité, la réunion de Durban COP17 ne sera rien d’autre qu’une plateforme pour les multinationales, par le biais de leurs gouvernements, pour pousser à l’accélération de la marchandisation complète de la nature. Ces manigances criminelles, présentées comme autant de solutions, incluent entre autres la promotion des semences génétiquement modifiées, l’augmentation de la production d’agro-carburants, la spéculations sur les marchés des compensations carbone, la modification de l’agriculture pour l’adapter au changement climatique ou encore la Réduction des Emissions résultant du Déboisement et de la Dégradation des forêts (REDD).

POURQUOI UNE JOURNEE CONSACREE A L’AGRO-ECOLOGIE ET A LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE ?

En tant qu’agriculteurs, travailleurs agricoles, femmes et hommes paysans sans terre, nous devons nous mobiliser à travers des actions directes contre ces fausses solutions afin de dénoncer leurs intentions criminelles et leurs conséquences catastrophiques pour le tout le continent et les pays du Sud.

Lors de la Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques et le Droit de la Terre Mère (avril 2010) à Cochabamba, qui s’est tenue en Bolivie, les participants ont approuvé un Accord des peuples qui propose de véritables solutions au changement climatique. Mais cet Accord et ces solutions ont été totalement ignorés par les gouvernements. La Souveraineté alimentaire et l’agroécologie sont les seules véritables solutions accessibles aux agriculteurs et aux travailleurs ruraux pour lutter contre le changement climatique.

Nous appelons tous les paysans et paysannes, les travailleurs ruraux et les paysans sans terre ainsi que tous les mouvements sociaux à se joindre à nous - tant à Durban que partout dans le monde, le 5 décembre 2011, pour exiger un changement du système capitaliste dans son intégralité.

La lutte contre le changement climatique est un combat contre le capitalisme néolibéral, contre l’accaparement des terres et la précarité foncière, contre la dépossession, contre la faim, contre la pauvreté et l’inégalité. Cette crise à l’échelle de la planète exige que nous prenions des mesures directes. Pendant la journée consacrée à l’agroécologie et à la souveraineté alimentaire, nous organiserons des manifestations pour porter notre protestation jusqu’à la conférence des pollueurs. Nous organiserons également des actions contre les multinationales comme Monsanto qui sapent notre souveraineté semencière. Toutes ces initiatives culmineront dans une grande Assemblée des Opprimés où seront débattus les moyens pour mettre un terme à ce système d’injustice. Ce sera une journée d’actions continues au cours de laquelle les paysans et paysannes et les travailleurs ruraux de tout le continent africain, en association avec les mouvements sociaux du monde entier exigeront :

 Une véritable réforme agraire pour la souveraineté alimentaire ;
 La révolution agro-écologique comme solution au changement climatique ;
 La restructuration du système alimentaire ;
 Une participation pleine et égale des femmes dans le nouveau système alimentaire et dans la société dans son ensemble ;
 La construction d’un système alimentaire basé sur les besoins humains ;
 La fin du contrôle des multinationales sur nos ressources génétiques ;
 La souveraineté semencière afin que les semences puissent s’adapter et atténuer les changements climatiques ;

Nous appelons tous les mouvements paysans et de travailleurs ruraux à se mobiliser et à organiser des actions directes à leur niveau local, dans toutes les villes et régions du monde, à l’occasion de la Journée de l’agroécologie et de la souveraineté alimentaire.

 Revendiquons la justice climatique !
 Notre planète n’est pas à vendre !
 Non à la Conférence des pollueurs !
 Défendons notre Terre Mère !
 L’Afrique n’est pas à vendre !
 Non à la recolonisation de l’Afrique !

CET APPEL EST CONVOQUE ET APPUYÉ PAR :

 La Via Campesina
 Agrarian Reform for Food Sovereignty Campaign, Afrique du Sud
 Trust for Community Outreach and Education (TCOE), Afrique du Sud
 Women on Farm, Afrique du Sud
 Easter and Southern Africa Small Sacale Farmers’ Forum (ESAFF)
 ESAFF Zimbabwe
 ESAFF Uganda
 Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA)

Source : http://pambazuka.org