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Afrique du sud : libéralisme et xénophobie

D 3 mai 2015     H 05:16     A Paul Martial     C 0 messages


Afrique du sud : libéralisme et xénophobie

La vague de xénophobie qui frappe l’Afrique du Sud révèle de manière dramatique la situation sociale du pays engendrée par la politique néolibérale du gouvernement.

Ce n’est pas la première fois que l’Afrique du sud connait des violences xénophobes. Déjà en mai 2008 dans la capitale économique Johannesburg, des violences similaires avaient éclaté faisant 62 morts, des nombreux blessés et provoqué le déplacement de 100 000 personnes. Régulièrement des violences racistes sont enregistrées contre les populations originaires des pays voisins comme le Zimbabwe, le Malawi, le Mozambique ou la Zambie.

Aujourd’hui ces violences ont éclaté dans les townships de Durban le principal port du pays. Elles viennent après les déclarations du mois de mars de Goodwill Zwelithini roi des Zoulous, très écouté dans la région du KwaZulu-Natal où précisément Durban se situe, il déclarait que les étrangers devaient "faire leurs bagages et quitter" le pays.
Lui emboîtant le pas, quelques jours plus tard Edward Zuma le fils du président, dans une interview se disait persuadé que les étrangers représentaient une véritable "bombe à retardement" et de préciser sa pensée : "Nous ne pouvons écarter la possibilité d’un coup d’État dans le futur. Le gouvernement doit expulser les illégaux" Rien de moins !
Quant au secrétaire de l’ANC, Gwede Mantashe, l’organisation politique qui dirige le pays, il n’a rien trouvé de mieux que de proposer de "Regrouper les étrangers dans des camps pour les recenser."
Pourtant c’est bien l’ANC en menant une politique libérale largement tournée contre les intérêts des travailleurs et des populations qui a créé ce climat malsain. Quelles que soient les latitudes, les recettes libérales produisent les mêmes dégâts sociaux et les élites utilisent les mêmes combines en détournant le mécontentement contre les populations les plus précaires.
Confortant l’idée que les étrangers sont vus comme des concurrents au niveau de l’emploi, accusés d’accepter des salaires bien plus bas que ceux des nationaux, ou de brader les prix dans leurs petits commerces.

Dans le même temps on assiste à l’émergence d’une bourgeoisie noire issue de l’ANC qui profite largement du Black Economic Empowerment, favorisant son insertion dans les directions des grandes entreprises. On ne compte plus les scandales révélés par la presse du gaspillage d’argent et du comportement bling-bling des élites du pays. La corruption se généralise. Ainsi, 15 millions d’euros d’argent public ont été détournés pour une rénovation luxueuse de la résidence privée de Jacob Zuma dans un pays où des millions de personnes continuent de vivre dans des bidonvilles insalubres.

Face à l’approfondissement de la politique libérale de l’ANC soutenue par le SACP, le Parti communiste Sud-Africain et la principale confédération syndicale le COSATU, une recomposition politique s’opère à gauche à partir notamment du puissant syndicat de la métallurgie, le NUMSA qui compte plus de 350 000 membres et qui construit l’United Front. L’objectif est la création d’un parti défendant les intérêts des travailleurs, et capable d’unifier les nombreuses luttes qui se déroulent dans le pays.
L’espoir réside dans cette nouvelle offre politique qui concourt à empêcher que les populations ne s’engouffrent dans une impasse tragique.

Paul Martial