Vous êtes ici : Accueil » Afrique australe » Comores » 1995 - 2015 : des milliers de mort·e·s au large de Mayotte. Le « visa (...)

1995 - 2015 : des milliers de mort·e·s au large de Mayotte. Le « visa Balladur » tue !

D 19 février 2015     H 05:30     A     C 0 messages


Le 18 janvier 1995, le gouvernement Balladur décidait d’entraver la
circulation des personnes dans l’archipel des Comores en imposant un
visa d’entrée à Mayotte aux habitant·e·s des trois autres îles
comoriennes (Mohéli, Anjouan, Grande Comore). Ainsi se concrétisait
l’isolement de l’île de Mayotte détachée vingt ans plus tôt de l’État
indépendant de l’Union des Comores à la suite d’une décision
unilatérale française contestée par les Nations unies.

Depuis des siècles, des petites embarcations dénommées « kwassas »
allaient d’une île à l’autre tissant ainsi entre leurs populations
d’importants liens sociaux, familiaux et professionnels : aucune
frontière ne peut effacer de tels liens. Or, avec le « visa Balladur »
ces voisins comoriens sont devenus des « étrangers » potentiellement « 
clandestins » s’ils/elles persistent à circuler dans leur archipel
commun.

Depuis, par une véritable militarisation du contrôle des frontières -
navires armés, radars, hélicoptères, etc. -, Mayotte est érigée en
forteresse hostile à la plupart des personnes cherchant à la rejoindre
 : comorien·ne·s mais aussi malgaches ou exilé.e.s originaires des pays
de l’Afrique des grands lacs. Ce dispositif n’a pas stoppé les
déplacements ou les retours consécutifs à une expulsion vers Mayotte,
mais a eu pour conséquence directe la mort en mer de milliers de
personnes.

Que ce soit dans l’archipel des Comores ou dans l’espace
méditerranéen, la politique menée par la France et l’Union européenne
poursuit le même objectif : rendre les frontières toujours plus
infranchissables en livrant une véritable guerre aux personnes
déclarées indésirables au mépris des droits fondamentaux. Les
instruments et les effets de cette politique à Mayotte sont moins
connus mais largement comparables à ceux observés en Méditerranée :

· des moyens policiers et militaires exceptionnels sont déployés ;

· empêchées de pénétrer sur le sol mahorais légalement, les
personnes migrantes sont contraintes d’emprunter des routes toujours
plus longues et dangereuses ;

· poursuivies sur terre ou au large de Mayotte, ces personnes
sont victimes d’une politique de harcèlement, d’enfermement et
d’expulsion massive[1] ;

· une coopération franco-comorienne déjà amorcée[2] vise
officiellement à « mettre un terme aux drames en mer dans l’archipel »
mais en fait à déléguer et externaliser le contrôle des frontières à
l’État comorien. Un accord de « circulation », semblable à la dizaine
d’accords migratoires signés avec des États dits d’origine et de
transit, est en cours de négociation entre l’État français et l’État
comorien. Si l’Etat comorien le signe, cela aura pour conséquences de
renforcer l’assignation à résidence d’une très large partie de la
population comorienne jugée indésirable à Mayotte.
Vingt ans après l’instauration du visa « Balladur », les organisations
signataires ont décidé d’unir leurs forces au cours de l’année 2015
pour que nul n’ignore les conséquences des politiques anti-migratoires
menées par la France et l’Union européenne dans l’océan Indien : cette
tentative de transformer Mayotte en forteresse coupée de son
environnement économique et culturel est la cause d’une véritable
hécatombe silencieuse.

Abolissons le « visa Balladur » !

Signataires :

Réseaux associatifs : Migreurop (réseau européen et africain), MOM
(Migrants Outre Mer), Sortir du colonialisme.

Associations : AFASPA (Association Française d’Amitié et de Solidarité
avec les Peuples d’Afrique), l’Amicale Panafricaine, ATF (Association
des Tunisiens en France), ATMF (Association des Travailleurs
Maghrébins de France), CCM (Conseil des Migrants au Maroc), CDISCOM
(Collectif de Défense de l’Intégrité et de la Souveraineté des
Comores), Comité Maoré, CSP 75 (Coordination des Sans Papiers 75),
Emmaüs International, FASTI (Fédération des Associations de Solidarité
avec Tou-te-s les Immigré-e-s), Femmes en Luth citoyennes à part
entière, FNC (Front Nouveau Citoyen) Mali, GAC (Guilde des Artistes
Comoriens), GISTI (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés),
GRITAC (Groupe de Réflexion pour l’Intégrité Territoriale de
l’Archipel des Comores), LDH (Ligue des Droits de l’Homme), Mémoires
vives/Memoria Viva , MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour
l’Amitié entre les Peuples), Respaix Conscience Musulmane, UJFP (Union
Juive Française pour la Paix), Village d’Eva.

Syndicat : Union syndicale Solidaires.

Partis politiques : Djawabu Ya Komori (parti politique comorien),
Ensemble (mouvement politique français), Front Démocratique des
Comores, MDA (Mouvement Démocratique pour l’Avenir des Comores), NPA
(Nouveau Parti Anticapitaliste), PCF (Parti Communiste Français),
Shuma (parti politique comorien).

Contacts presse :

Ali Said Achimo (CDISCOM) : 07 58 53 18 50

Vanessa Fourez (FASTI) : 06 85 67 02 02