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Les syndicats demandent le retour à la malgachisation

D 18 octobre 2014     H 05:34     A Léa Ratsiazo     C 0 messages


La convention sur l’éducation se tiendra à partir de ce jour jusqu’au 10 octobre au CCI Ivato. Le principal objectif de cette grande réunion consiste à mettre en place une politique nationale de l’éducation basée sur un programme scolaire commun. Jusqu’à 2.000 personnes sont attendues à cette convention.

D’ores et déjà, les syndicats des enseignants comme le Sempama font connaître une de leurs requêtes qui est le retour à la malgachisation. Raharivohitra Claude, président de ce syndicat, note que la pauvreté profonde du pays résulte de la mauvaise éducation de sa population qui commence dès le primaire. Seule l’utilisation de la langue maternelle, le « tenin-dreny », comme langue d’éducation peut assurer une meilleure transmission des savoirs et des valeurs, selon ce responsable. Ralalarisoa Rabakoniaina, enseignante dans l’EPP depuis 30 ans, fait remarquer que très rares sont les élèves qui peuvent comprendre le français, notamment dans les zones rurales et même dans les grandes villes. Résultat des courses, elle doit expliquer deux fois, en malgache et en français afin que ses élèves puissent retenir ne serait-ce qu’un peu ; ainsi elle ne peut jamais finir, du moins pas dans les règles de l’art, le programme scolaire. Les enfants dans les zones rurales qui n’ont accès ni aux livres, ni à la télévision, ni même à la radio ni à quoi que ce soit n’ont jamais entendu un mot de français, ce qui fait que parler ou expliquer en français équivaut à parler chinois avec eux. Sans oublier que les enseignants, notamment les maîtres FRAM ne disposent pas forcément de la capacité nécessaire pour éduquer en français.

Madagascar applique encore une éducation à deux vitesses, il y les enfants des zones rurales et issus des familles défavorisées qui n’ont pas accès aux outils pédagogiques et environnementaux de qualité leur permettant d’acquérir les savoirs et s’épanouir, contrairement aux autres enfants des villes qui disposent de livres, d’Internet, de télévision et dont les parents sont mieux éduqués. Les parents des enfants des EPP comme nous venons de le vivre ne peuvent même pas payer les cotisations à l’école d’une valeur moyenne de 20 000 ariary par famille ; alors les livres ou l’Internet, c’est leur demander la lune.

Mais la malgachisation a mauvaise réputation et fait peur à beaucoup au vu des résultats catastrophiques du niveau des élèves éduqués dans ce système pendant la révolution socialiste. C’était la génération sacrifiée selon le terme consacré. Ce qui fait que les parents s’empressent d’inscrire leurs enfants dans les écoles privées qui se déclarent d’expression française, considérées à tort ou à raison comme meilleures.

Les syndicalistes affirment que l’absence de politique d’éducation bien ficelée et de transition était à l’origine de ce désastre mais non la malgachisation proprement dite. Les enseignants plaident également pour que soient pris en compte les recommandations et avis de ceux qui sont en contact direct avec le terrain, avec les élèves et qui connaissent mieux les enjeux mais pas seulement l’avis des experts techniciens au ministère.

Léa Ratsiazo

Source : http://www.madagascar-tribune.com