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MADAGASCAR : des prédations à grande échelle du sous-sol

D 22 novembre 2012     H 05:24     A Pierre Sidy     C 0 messages


QMM (QIT Madagascar Minerals), détenue à 80 % par Rio
Tinto et 20 % par l’Etat, a mis en chantier l’extraction de
sables minéralisés près de Fort Dauphin à l’extrémité sud-est
de Madagascar. QMM a commencé à explorer la région d’Anosy
(pointe Sud-Est) vers la fin des années 80 et prévoit, au cours des
40 années à venir, d’extraire de l’ilménite et du zircon à partir des
sables minéraux lourds sur une zone d’environ 6 000 ha le long de
la côte.

Le projet Ambatovy (sur la façade est, entre Antananarivo et
Toamasina) est le fruit d’un partenariat entre 4 sociétés : Sherritt
International Corporation et SNC-Lavalin Incorporated, toutes les
deux canadiennes, la Japonaise Sumitomo Corporation et la Sud-
Coréenne Korea Resources Corporation. En 2011, la construction
était dans sa phase finale, mais a priori le démarrage des activités
est pour bientôt puisque le projet vient d’être officiellement autorisé
par le « gouvernement de transition ». D’ici 2013-2015, la
production annuelle d’Ambatovy s’élèvera à 60 000 tonnes de nickel
raffiné, 5 600 tonnes de cobalt raffiné et 210 000 tonnes d’engrais
sous forme de sulfate d’ammonium, et cela pendant au moins
29 ans.

Madagascar Oil SA est une société pétrolière malgache
spécialisée dans le développement, l’exploration et l’exploitation
du pétrole. Elle est la première compagnie pétrolière « on
shore » à Madagascar en termes de ressources pétrolières et
de superficie. Sur ses concessions d’environ 6 500 km2 se
trouvent les immenses gisements de sables bitumineux,
évalués à plus de 10 milliards de barils et développables par
technologie minière, de Tsimiroro et Bemolanga (découvert
vers 1850). La française Total a acquis une participation de
60 % dans le permis de Bemolanga, permis dont elle devient
de fait l’exploitante.

Mainland Mining Ltd est une société chinoise arrivée en 2008
qui a obtenu des « permis de recherche » pour extraire de
l’ilménite et du zircon sur 26 000 carrés miniers sur près de
400 km de côtes dans le Sud-Est de l’île.

Madagascar Wisco (Wuhan iron and steal corporation), société
chinoise, va exploiter dans la pointe ouest un gisement qui
durera 30 ans et qui recèle une réserve de fer d’environ 600 à
700 millions de tonnes avec une mise à disposition immédiate
de 100 millions de dollars à l’Etat malgache (en fait, le pouvoir
putschiste).

La Française Rhodia, membre du groupe belge Solvay et
l’Allemande Tantalus Rare Earths AG ont une coopération
technique pour développer un procédé d’extraction et de
purification des terres rares dans le Nord-Ouest de
Madagascar : 17 minéraux dont 14 sont classés stratégiques
par l’Union européenne. Ce projet devrait devenir l’un des plus
grands gisements de terres rares au monde hors de Chine : ici,
la quantité de minerai contenant des oxydes de terres rares est
estimée à 130 millions de tonnes.

EITI (Extractive Industries Transparency Initiatives) est une
norme internationale qui promeut la transparence des impôts,
redevances et taxes que ces compagnies minières ont payé et
ce en accord avec les déclarations faites auprès de l’État. Les
prédateurs ci-dessus sont censés y adhérer mais certains ont
traîné les pieds : en tout cas, on se doute bien qu’il s’agit, pour
une part, de pis-aller… La société civile et le mouvement
syndical auront certainement leur mot à dire !

Pierre Sidy