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Madagascar : Morondava, à feu et à sang

D 15 décembre 2014     H 05:51     A Léa Ratsiazo     C 0 messages


La ville de Morondava est en effervescence depuis deux jours. Deux morts, neuf blessés graves, l’usine de l’industrie sucrière Sucoma incendiée et saccagée, le magasin de stockage de la même société pillé : tel est le bilan provisoire de l’affrontement entre les forces de l’ordre et les employés mécontents du Sucoma ces dernières 48 heures. L’affrontement résulte du mouvement de colère des employés du Sucoma qui ont exigé la libération de leurs collègues arrêtés par les forces de l’ordre le 11 décembre. Arrestation faisant suite à la plainte des dirigeants de la société agressés par les employés le 27 novembre dernier pendant la grève. Ce mouvement de grève trouve son origine dans la revendication de hausse de salaire du personnel et d’exigence d’intégration des employés non permanents. Le ministre de l’industrie, le Dr Jules Etienne, est descendu sur terrain à cette période pour désamorcer la crise. Mais la plainte suivie de l’arrestation des employés quelques jours après ont mis le feu à la poudre.

Ainsi le 11 décembre, quelque 500 employés en colère de Sucoma se sont rués vers le camp de la gendarmerie pour exiger la libération de leurs collègues ; les gendarmes ont dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles, d’où les morts et les blessés. « C’est de la légitime défense, plaide le colonel Zafy Henri, commandant de la gendarmerie de Menabe. « Ils étaient venus armés de fusils, coupe-coupe et autres frondes dans le but évident d’attaquer le camp de la gendarmerie, nous ne faisons que nous défendre ». La manifestation n’a pris fin que tard dans la soirée du 11 décembre. Le lendemain 12 décembre, en apprenant le décès de 2 personnes et des blessés pendant l’échauffourée de la veille, la fureur des employés s’est accrue et ils se sont précipités vers l’usine de Sucoma qu’ils ont détruite et incendiée. D’autres éléments opportunistes ont profité du chaos pour dévaliser le magasin de stockage du Sucoma. Plus de 200 tonnes de sucre ont été emportées par les pilleurs et déjà vendus à Morondava depuis hier. Les dirigeants de la société Sucoma ont été exfiltrés vers la Capitale dans la nuit du 11 au 12 décembre. Les gendarmes sur place ont reçu des renforts pour rétablir l’ordre. Morondava est devenue une ville morte en attendant.

Les tenants du régime de leurs côtés semblent un peu dépassés par les évènements. Le président de la République ainsi que le Premier ministre n’ont pas changé leur programme du 12 décembre, à savoir la célébration de la journée mondiale de la lutte contre le Sida à Iavoloha. En marge de la cérémonie, les deux personnalités réitèrent le slogan du régime « nous sommes dans un État de droit, nous allons sévir contre ceux qui dépassent les limites ». Le Premier ministre, originaire de la région, a prévu de descendre sur place afin de s’enquérir de la situation, « les morts et les blessés seront pris en charge par l’État » selon lui. Notons que l’industrie sucrière est parmi les plus grands employeurs de Morondava, sa disparition portera un coup dur à la ville.

Léa Ratsiazo

Source : http://www.madagascar-tribune.com