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Recueil d’article sur 75e anniversaire du syndicalisme à Madagascar

D 7 septembre 2011     H 04:18     A Pierre Sidy     C 0 messages


Recueil d’article sur 75e anniversaire du syndicalisme à Madagascar

75 ans de syndicalisme : Un constat d’échec

Le Courrier de Madagascar, 13 août 2011

Le problème majeur des travailleurs malagasy est qu’ils ignorent leurs droits, ou tout simplement qu’ils préfèrent se contenter de toucher chaque fin du mois leur salaire sans essayer d’en savoir plus sur leurs propres droits fondamentaux en matière de travail. De ce fait, ce n’est que lorsque les problèmes se présentent qu’ils se précipitent en se plaignant de leur ignorance. Christina Rativoson, inspecteur du travail, souligne que les statistiques parues en 2008 ont montré que seulement, 6% des travailleurs malagasy ont eu droit à leur inscription auprès de la CNAPS et 3% d’entre eux également ont eu accès à l’OSTIE. Tout cela montre également le manque de surveillance au niveau des entreprises par les inspecteurs du travail qui sont en nombre insuffisant à Madagascar, a-t-elle déclaré.
Fort de ce constat d’échec, tous les intervenants au cours des débats lors de l’ouverture de la célébration du 75e anniversaire du syndicalisme malagasy ont confirmé l’utilité d’un syndicat et son importance dans le monde du travail en général. En effet, l’exis-tence de syndicats forts au niveau d’une entreprise peut aider Madagascar à développer durablement son économie et à élever le niveau de vie de tous les malagasy.
Tous au sein de la CTM
Le syndicat sert donc à s’organiser pour se défendre, il permet de s’unir et d’agir collectivement afin d’être efficace face au patronat et vis-à-vis des pouvoirs publics, car ensemble, il est possible de mettre en échec les menaces qui pèsent sur le droit au travail, le pouvoir d’achat, les acquis sociaux. Il a également pour rôle le système de formation professionnelle et de sécurité sociale absolument nécessaire au renouvellement des forces de travail, à la valorisation des ressources humaines, à la productivité et à la compétitivité. Pour ce faire, les syndicats malagasy, qui sont au nombre de 11 actuellement, ont décidé de s’unir et de mettre de côté les divergences de tendance et d’opinion pour le bénéfice des travailleurs en se groupant au sein de la CTM ou conférence des travailleurs de Madagascar, selon José Randrianasolo. D’ailleurs, la CTM, en privilégiant l’unité d’action syndicale, propose un dialogue entre le patronat, le syndicat et les responsables du gouvernement qui assurent la fonction de facilitateur et de législateur. Par conséquent, toutes les mesures qui visent à sacraliser le travail et à libérer les travailleurs doivent être des obligations à insérer dans la politique nationale de l’emploi à Madagascar. Lui d’ajouter qu’ils sont actuellement en train d’œuvrer pour la prochaine refonte du code de travail pour que ce dernier puisse être conforme aux normes internationales
La célébration officielle du syndicalisme malagasy a été ouverte hier 09 août 2011 au Tahala Rarihasina Analakely. Cet événement a été marqué par une porte ouverte et une exposition suivies de nombreux débats sur différents thèmes qui ont un rapport direct avec le monde du travail. Le thème de la célébration est : « Est-ce que j’ai besoin du syndicat ? ».
(Dimisoa)
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Emploi : Madagascar, en train de devenir un pays ouvrier selon les syndicats

Midi-Madagasikara, mercredi, 10 Août 2011

La célébration du 75e anniversaire du syndicalisme est célébrée depuis hier, à l’espace Rarihasina. Les représentants des différents syndicats ont dénoncé les mauvaises pratiques sur le marché du travail. Pour eux, l’Etat est incapable de trouver des solutions aux problèmes actuels.
Licenciement. Les problèmes de l’emploi s’aggravent de plus en plus, avec la persistance de la crise actuelle. D’après le FISEMA (Firaisan’ny sendikan’ny mpiasan’i Madagasikara), l’Etat n’a pas de solution au problème de licenciement que la crise a généré. « Nous, les syndicats, nous ne pouvons qu’aider les employés licenciés à réclamer le reste de leurs droits. L’Etat devrait trouver une solution. Jusqu’ici, la situation ne fait qu’empirer », a affirmé William Marimbelison, secrétaire général de SEREMA (Syndicat révolutionnaire malagasy). Rappelons que 400 000 jeunes par an arrivent sur le marché de l’emploi. Avec le chômae qui prend de l’ampleur, ces nouveaux demandeurs d’emploi se trouvent en difficulté, dès le départ.
Abus des employeurs. Le non-respect des lois sur le travail n’est pas nouveau à Madagascar. Les membres du FISEMA ont cité, entre autres, le refus du droit au repos par les employeurs, le travail en jour férié non indemnisé. Ils ont même noté le non-respect des droits fondamentaux et des droits de l’homme. « La lutte contre ces mauvaises pratiques se fait actuellement au niveau international. Les cas sont semblables dans de nombreux pays et c’est plus facile de corriger les erreurs ensemble. Le FISEMA collabore donc avec les étrangers, mais nous ne minimisons pas non plus les actions pour multiplier le nombre de nos adhérés », s’est exprimé le docteur Jeanne Clairette Razanarimanana, secrétaire générale de SEKRIMA (Sendika Kristianina Malagasy). Elle a ajouté que les travailleurs doivent reconnaître que le syndicalisme est actuellement la seule solution pour lutter contre les abus des employeurs et pour résoudre plus facilement les problèmes sur le marché de l’emploi.
Dernier recours. 11 syndicats sont actuellement membres de la CTM (Conférence des travailleurs malgaches). Par ailleurs, le taux de syndicalisation de Madagascar se situe entre 9% à 10%. D’après les représentants du FISEMA, les travailleurs ne consultent les syndicats que lorsqu’ils ont des problèmes difficiles à résoudre.
Grave erreur. D’après les syndicats des travailleurs, l’octroi de travail à l’extérieur n’est pas une solution. « L’Etat doit améliorer la main-d’œuvre pour améliorer les activités économiques à l’intérieur du pays. A l’étranger, les travailleurs n’ont ni sécurité sociale, ni retraite. Ils sont comme des machines qui sont jetées après leur usure », a soutenu William Marimbelison du SEREMA. Pour sa part, le secrétaire général du FISEMA a expliqué que le pays produit actuellement de jeunes chômeurs. « La politique nationale de l’emploi n’est pas adaptée. On se concentre sur les investissements directs étrangers. Madagascar est en train de devenir un pays ouvrier. Les investisseurs étrangers corrompent les décideurs politiques, et la grande masse de la population en souffre », a-t-il exposé. Notons que ce thème sera encore développé lors des colloques des syndicats, qui auront lieu au Rarihasina demain et après-demain.
(Antsa R.)
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Syndicalisme : S’ériger en force de contre-pouvoir

La Gazette de la Grande Ile, samedi, 13 août 2011

« Si le PIB par tête est de 390 dollars, un Malgache dispose de 67 000 Ar par mois pour vivre. Que peut faire un travailleur avec ce montant dérisoire ? Les syndicalistes devraient réfléchir à partir de cet indicateur. Mais si l’Etat augmente les salaires sans qu’il y ait une augmentation des recettes fiscales, il est obligé de s’endetter et d’augmenter ainsi l’offre monétaire. De quoi faire monter l’inflation ». C’est ce que le coordonnateur national du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM), Hugues Rajaonson a expliqué hier à la conférence organisée par la Conférence des travailleurs de Madagascar (CTM) au motel d’Anosy. Cette conférence s’inscrit dans la célébration du 75ème anniversaire du mouvement syndical malgache et a vu la participation de syndicalistes mauriciens et réunionnais. Elle a donné aux participants l’occasion de revendiquer pour les syndicats une position de contre-pouvoir. Sans cela, les travailleurs continueront à subir les effets néfastes des mauvais choix politico-économiques des dirigeants politiques. Le conférencier a évoqué, entre autres, l’ajustement structurel imposé par les bailleurs de fonds et gobé par les dirigeants. Les conséquences désastreuses en sont nombreuses.
Il y a la disparition de corps de fonctionnaires dont celui des vulgarisateurs agricoles, alors que le pays est censé avoir une vocation agricole. Il en est de même pour les gardes forestiers. Leur disparition contribue aux exploitations et trafics illicites des ressources... Pour baliser les actions des dirigeants politiques et d’en faire le suivi/évaluation, les syndicats veulent s’ériger en structure de contrôle. Ils reconnaissent qu’il faut une certaine masse critique pour y arriver. La société civile leur tend aussi les bras en avançant que cette collaboration est nécessaire pour avoir plus de poids et jouer le rôle de contre-pouvoir. Sinon, les syndicats se proposent de s’impliquer dans les instances de décisions publiques. Pour l’heure, ils ne le sont pas, surtout dans les projets miniers. Ils ont pourtant l’expertise en matière de travail décent. Pour la plupart des jeunes le moment, le travail décent est dans le domaine du rêve. La création d’emplois est rare. Avec 2,5 millions d’habitants dans les années 60, le pays comptait 250 000 travailleurs, contre 560 000 adhérents à la CNaPS à l’heure actuelle pour une 15 millions de population active.
Autrement dit, le pays a du mal à trouver du travail décent à une bonne partie de sa population active, alors qu’en Chine, celle-ci se compte par milliard. Ce pays se hisse pourtant au 2ème rang de puissance mondiale. Pour ne plus avoir à toujours subir les mauvaises conséquences des décisions politico-économiques et sociales, José Randrianasolo de la CTM déclare qu’il faut ainsi abandonner les réticences et hésitations ou encore cette habitude d’attendre des résultats des autres sans bouger le petit doigt. Mais comment s’impliquer dans les instances de décision et constituer un contre-pouvoir ? Il faut se donner les moyens et moderniser le mouvement syndical via un changement structurel. Ce changement est en train de se faire selon José Randrianasolo, et la CTM a l’appui de la Conférence des travailleurs internationale.
(Fanjanarivo)

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