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Cameroun : Cartes électorales, Le Manidem redoute des fraudes

D 7 octobre 2011     H 04:32     A Jacques Eric Andjick , Nicolas Vounsia     C 0 messages


Le parti du candidat Anicet Ekane a présenté des électeurs disposant de plusieurs cartes à leur insu alors qu’à trois jours du scrutin, de nombreux votants ne trouvent pas la leur.
A quelques jours de l’élection présidentielle, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), redoute déjà des fraudes. Au cours d’une conférence de presse donnée lundi dernier, à Douala par son candidat, Georges Anicet Ekane, des anomalies qui pourraient entacher le scrutin ont été révélées. Notamment la possession de plusieurs cartes d’électeur par un seul votant. Le vice président du Manidem, Valentin Fils Dongmo, dit se trouver dans ce lot contre son gré. Puisqu’il a montré les deux cartes d’électeur qu’il reçues avec deux numéros de carte nationale d’identité, l’une avec la date d’inscription, l’autre sans date. « J’ai reçues ces deux cartes à mon insu. Alors que je me suis inscrit qu’une seule fois. C’est pour dire que des gens pourront avoir plusieurs cartes et pourront voter plusieurs fois. Ce qui n’est pas normal », déplore Valentin Fils Dongmo.

Désaffichage

En marge de l’existence de plusieurs cartes chez certains électeurs, le Manidem promet de s’attaquer aux affiches du candidat du Rdpc. « Nous avons lancé, sur tout le territoire, une opération de désaffichage des affiches illégales du grand sorcier. Nous utiliserons tous les moyens pour enlever les affiches illégales du candidat du Rdpc ». C’est la déclaration du candidat du Manidem, Georges Anicet Ekane, lors d’une conférence de presse donnée lundi dernier, au siège du parti à Douala. Où il était accompagné de son directeur de campagne Dieudonné Yebga et du secrétaire à la communication du Manidem, Charles Ngah Nforgang.

Selon le candidat Ekane, « les afficheurs commerciaux sont tous des membres du Rdpc et bénéficient de contrats mirobolants auprès des villes et autres communautés urbaines. Tout cet affichage est totalement illégal dans la lettre et l’esprit de la loi. » Dans une correspondance adressée aux candidats à l’élection présidentielle du 9 octobre 2011, Elections Cameroon (Elecam), leur instruisait entre autres, de confectionner les affiches de campagne avec les dimensions de 40 centimètres de large et 60 centimètres de long. Des dimensions non respectées par le candidat du parti au pouvoir, dont les affiches de campagne sont d’une part de 3 mètres carrés et d’autre part de 3 mètres de large et 4 mètres de long.
Concernant le financement alloué aux partis politiques, contrairement au Sdf, qui a annoncé le rejet de la première partie de l’argent versé à cet effet, le Manidem dit n’avoir encore rien perçu, à quelques jours de la fin de la campagne présidentielle. « Nous avons un budget global de 121 millions de Fcfa pour l’élection. Et à ce jour, nous avons déjà dépensé environ 60 millions de Fcfa. Or, pour faire une campagne présidentielle normale, il faut à peu un demi milliard de francs. Donc le financement lié à la campagne présidentielle est minable », estime le directeur de campagne Dieudonné Yebga.

Le candidat Georges Anicet Ekane avoue du reste qu’il n’aura pas de scrutateurs dans les quelques 23 800 bureaux de vote qu’ils ont recensés. « S’il y a 2 scrutateurs par bureau de vote et que nous devons leur donner 1 000 Fcfa par jour, ça fait que nous devrions débourser 47 millions de Fcfa. Or, nous n’avons pas ces moyens et nous comptons sur le patriotisme des électeurs pour empêcher les fraudes le jour du vote », explique le candidat du Manidem.

Atmosphère surchauffée

Pendant ce temps, à Yaoundé, des électeurs cherchent cartes électorales. Lundi dernier, à l’antenne communale d’Elections Cameroon (Elecam) de Yaoundé VI, sis au quartier Melen, non loin du Secrétariat d’Etat à la défense, chargé de la gendarmerie (Sed), l’atmosphère était surchauffée. Un policier et un gendarme sont en faction à l’entrée principale. Deux autres font des allées et venues au sein de l’antenne. L’entrée principale est barricadée. C’est à travers la grille d’une clôture que le policier renseigne les visiteurs. Ces derniers ne peuvent pas accéder au local. « Uniquement le personnel d’Elecam est autorisé à entrer. Ce sont les consignes ! », laisse entendre un agent du maintien de l’ordre.

Malgré la chaleur cuisante qu’il faisait ce jour, le lieu ne désemplit pas. Des électeurs se succèdent. Ils y viennent pour retirer leur carte d’électeur comme cela a été annoncé la semaine dernière. Mais la grande majorité d’entre eux ne seront pas satisfaits. Les cartes sont introuvables. « On nous a renvoyé dans nos différents quartiers », confie Thérèse Fondjo. « Il y a une mauvaise organisation ici. Moi je ne sais pas exactement où se trouve ma carte d’électeur. Je viens tous les jours dans cette antenne, on me renvoie à mon quartier. Mais jusque là je ne suis pas servi. Et j’ai déjà parcouru 4 quartiers sans résultat », déclare Frédéric Kameni, très courroucé. Plusieurs autres témoignages de personnes rencontrées surplace viennent confirmer vont dans le même sens.

De fait, selon une source bien introduite à l’antenne d’Elecam de Yaoundé VI, « le personnel est submergé par le travail. Il n’arrive pas à bien s’organiser. C’est ce qui explique les confusions dans la distribution des cartes d’électeurs. En plus de cela, le personnel n’est pas assez étoffé ». La source ajoute que « l’initiative de distribuer les cartes électorales dans les quartiers, a été émise par les autorités administratives de la ville ». Une réunion a d’ailleurs été organisée la semaine dernière par le sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé VI pour trouver le moyen de faciliter la distribution desdites cartes.
Dans les différents points de distribution dans les quartiers de la capitale, « c’est le grand désordre », confie une source. « C’est chacun qui cherche sa carte. Les membres d’Elecam qu’on trouve surplace disent qu’ils sont fatigués et que nous devons faire la recherche nous même ». Autre dénonciation, le retrait par des tierces personnes des cartes d’autres électeurs. Et cela n’est pas sans conséquence. « Je viens retirer ma carte, mais on me fait savoir qu’une personne l’a déjà retirée. Moi je n’est envoyé personne faire cela », se plaint un homme. A l’antenne Elecam de Yaoundé VI, on fait savoir que « les chefs de quartier ont été sollicités pour la distribution parce qu’ils sont plus proches des citoyens. Nous voulions par là rapprocher les cartes des citoyens. Nos employés participent à cette distribution, ils sont chargés de rapporter les cartes non déchargées à l’antenne le soir ».

Jacques Eric Andjick et Nicolas Vounsia

Source : http://quotidien.mutations-multimedia.com