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Cameroun : Henriette Ebongo Ekwe, mourir plutôt que de trahir

D 27 avril 2011     H 04:07     A Dipita Tongo     C 0 messages


Enfance joyeuse

Tata Henriette comme l’appelle affectueusement tous les confrères est née le 25 décembre 1949, un jour de l’année qui ne laisse pas indifférent « mes parents étaient allés à une fête, ma mère est entrée en travaille pendant la fête et elle rentrée précipitamment à la maison ; dans la matinée du 25 décembre je suis née. Ceux qui m’ont entourés ont trouvé que c’est un symbole fort que je sois née le même jour que Jésus Christ, je ne suis pas pratiquante, mais plus tard dans ma vie je me dis est-ce que c’était un appel ?je n’en sais rien, pour mes parents ça été perçu comme une bénédiction pas seulement pour moi mais pour toute la famille ». Henriette Ekwe est issue d’une famille de 10 enfants, 3 sont morts en bas âge, son père Anatole Ebongo était fonctionnaire des Douanes c’est d’ailleurs dans cette administration qu’il prend sa retraite en tant que Directeur des Douanes en 1972. Elle vit une enfance protégée et heureuse dans une famille unie, une famille dans laquelle les principes chrétiens de solidarité et d’humilité sont très importants, ouvert au partage la maison a toujours accueilli des amis pour manger. Henriette Ekwe passe une partie de sa vie à Bonanjo, bon nombre de ses camarades du lycée se souviennent des déjeuners garnis qu’ils prenaient ensemble. Une éducation de charité qui a fortement orienté Henriette Ekwe dans son combat politique « c’est cet effort de solidarité constante, cette éducation dans la solidarité à son prochain que j’ai transformé en combat politique, que ce ne soit pas de la solidarité mais des droits pour chaque citoyen à bénéficier de la république comme l’on fait nos aînés Paul Biya et les autres dont les parents étaient des braves paysans qui n’avaient jamais quitté leur localité et ont vu leurs enfants prendre l’avion et revenir » une philosophie en faveur de l’égalité des chances. L’ambiance familiale était plutôt calme « soit on lisait, soit on discutait parfois des questions d’actualité ou de variété… »

Henriette Ekwe commence l’école dans une localité située entre le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun notamment à Ambam (principale ville Fang Ntoumou située en territoire camerounais à environ 220km de Yaoundé ndlr), sa rencontre avec l’écriture est atypique « je profite du fait que mon père était un instituteur de formation et j’apprendrai à lire sur ses genoux, quand j’arrive à la sil parce qu’il n’ya pas de maternelle à l’époque, je sais déjà lire et écrire ». La famille profite de l’environnement pour découvrir les joies de la forêt « aller chercher de l’eau fraîche et limpide dans une source nichée sous les arbres, j’ai gardé cela comme un souvenir très fort de mon enfance ». Durant les 9 années de fonction de son père dans cette localité de 1945 à 1956, Henriette Ekwe suis ses études jusqu’au cours élémentaire 1, c’est aussi là bas que 4 des 10 enfants de la famille voient le jour parmi lesquels Henriette Ekwe. La famille revient à Douala suite à une nouvelle affection d’Anatole Ebongo, il inscrit sa fille à l’école principale de Bonandoumbe « on trouve que je suis trop jeune et m’oblige à redoubler la classe, ce qui fait que je passe une année à ne rien faire ». Tata Henriette fait néanmoins une école primaire mouvementée, deux ans après l’école principale de Bonandoumbe elle se retrouve à Nkongsamba dans le Moungo, puis vient l’école du centre de Yaoundé et à nouveau Douala et le petit Joss où Henriette obtient son concours d’entrée en 6e. Le lycée Leclerc de Yaoundé lui ouvre les portes du secondaire « mon père tient à ce que j’aille dans un lycée mixte parce que beaucoup de filles de ma génération se retrouvait au lycée des jeunes filles devenu plus tard le lycée de new bell, mais il tenait à ce que j’aille au lycée le plus prestigieux, Cela a été une grande expérience de mixité. On apprenait des choses les uns des autres. On trouvait des élèves qui venaient de l’Ouest, de Yokadouma, du pays Bamoun, de Bafia… ». Boursière Henriette Ekwe est interne dans cet établissement où elle rencontre des élèves qui ont marqué plus tard la vie du pays « Jean Claude Ottou est mon camarade de promotion, Yimgaing Moyo, l’architecte y était également. Quant à Fopoussi Evariste, il a été mon camarade au lycée Joss ». Malheureusement en 1963 alors qu’elle fait la 4e elle est happée par une crise d’asthme, sur recommandation du médecin elle revient auprès de sa famille à Douala où elle est inscrite au lycée Joss jusqu’à l’obtention du baccalauréat A4 en 1969 « je n’étais pas une élève frondeuse mais j’ai toujours fait parti d’une bande avec des copains, la bande avait ceci de spécial que s’étaient des bosseurs nous étions toujours parmi les meilleurs, j’avais un accès facile aux ouvrages parce qu’inscrite au centre culturel français qui à l’époque fournissait le plus gros des livres et dans la famille on lisait beaucoup, mon père achetait beaucoup de journaux, il n’y avait pas de télé, la radio mon père la tolérait de temps en temps pour suivre les informations. Souvent aussi on se mettait 1 ou 2 disques yéyé, je sortais beaucoup, j’aimais bien aller danser, je faisais aussi le mur comme toutes les jeunes de ma génération, parfois il m’arrivait d’aller en boîte de nuit avec des copains, je n’étais pas seulement cloitrée dans mes bouquins je m’amusais aussi beaucoup ».

Etudiante ou combattante ?

Tata Henriette commence sa 1ere année académique en France « je vais dans la ville de Tours car mon frère aîné y était étudiant. Je vais y effectuer des études en langue anglaise ». Elle est sous la charge financière de ses parents, une situation qui va se décanter lorsqu’elle obtient son DUEL –Diplôme Universitaire d’Etudes Littéraire- l’équivalent du DEUG -diplôme universitaire de 1er cycle-, en année licence elle bénéficie d’une bourse. Avec sa licence en anglais Henriette Ekwe est insatisfaite « je me suis dit enseigner John is a boy and boy is a man n’est pas passionnant », pour étoffer sa culture elle fait et obtient une licence en histoire, s’était son dernier combat académique même si entre temps elle s’était rendue en Angleterre « à Tours, il existait une branche de l’université de Stamford et j’ai pu séjourner en Angleterre, car les études d’anglais étaient complétées par un séjour en Angleterre, où j’ai eu un poste d’assistant. Donc, j’enseignais le Français pendant que j’apprenais l’Anglais ». Pendant ces années au supérieur Henriette était déjà très engagée dans le syndicat des étudiants notamment l’union nationale des étudiants kamerunais (Unek), proche de l’Upc (Union des populations du Cameroun). « C’est une association dans laquelle je milite, j’étais la présidente de nos activités. C’était d’abord la solidarité entre les étudiants, des cercles d’études parfois marxistes parce qu’on était très marqué à gauche. C’était aussi l’époque de la guerre froide, certaines colonies à l’instar des colonies portugaises n’étaient pas encore libérées. Donc, on était imprégné de ces choses là qui forgent l’esprit et cela donne une culture particulière ». Elle devient syndicaliste en 1970, lorsqu’en 1974 se créé le Manidem - Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie- c’est tout naturellement qu’une fois installée à Paris Henriette Ekwe devient militante « c’était un peu le prolongement naturel de ce que nous pensions. Il fallait plus de démocratie, de liberté, de solidarité, car notre pays était assez riche pour assurer ces éléments là et nous étions contre le néocolonialisme ». Un an seulement après cette étudiante devenue combattante se fait enrôler dès la naissance de l’Upc en 1975 « quand je termine ma maîtrise je vais à Paris pour travailler. Je rencontre alors des amis et des aînés comme Nsamè Mbongo et Moukoko Priso qui sont dans la région parisienne. Pour entrer à l’Upc, il fallait suivre une longue formation politique. Vous étiez testés, il fallait voir si vous êtes ponctuel, c’est une règle de clandestinité élémentaire. Il fallait connaître l’histoire de notre pays, l’histoire des idées politiques à travers le monde, l’histoire africaine. Donc, quand on arrivait à l’Upc, on avait déjà une grande formation. En plus, tout ce que l’on a eu comme formation était tellement vaste que beaucoup d’upécistes sont devenus de très hauts cadres ». Parmi les activités menées, les militants sont engagés dans la rédaction des articles de presse « nous sommes basés à l’extérieur et à l’intérieur, les camarades de l’extérieur ont fait plusieurs formations et rédigent des brochures, on écrit dans les journaux du partis il y en a 3 Mensui – est un mot Bagangté : Bagangté localité située à l’ouest dans le département du Ndé- qui est journal de femme, il y a la voix du Cameroun ».

Face à la forte répression qui sévissait à l’époque, les militants de l’opposition ne pouvaient mener leurs activités à visage découvert tous avaient donc des noms d’emprunt « quand on est en clandestinité, on se doit d’avoir un pseudonyme, car il ne faut pas que l’on vous repère, mon nom de code était donc Nyangon ; mais croyez moi-même mes camarades ne connaissaient pas mon véritable nom, par exemple, en 1985, certains de nos camarades ont été arrêtés et torturés à l’électricité, on voulait arrêter un haut cadre qui était dans un ministère, on cherchait un certain Assiko. Or personne ne le connaissait sous ce nom là. Moi même j’ai été dénoncé mais ne connaissant pas mon véritable nom, personne ne pouvait remonter jusqu’à moi ». Suite à la négligence de l’un des leurs, la police politique lance une vaste opération de démantèlement du mouvement qui se traduit par des centaines d’arrestation « on arrête les camarades Mouen Gaspard, Ebellè Tobbo, qui sont les 1ers cadres diplômés de l’université camerounaise et employés à la Transpac. Le coup de filet est très vaste ». Hormis l’assassinat des grands leaders cette épisode constitue l’une des plus grandes douleurs ressenties par Nyangon dans sa longue vie de combattante, n’empêche ce fut aussi un gros argument pour la détermination dans les actions et la poursuite du combat « vous savez lorsqu’on entrait au Manidem on prêtait serment : plutôt la mort que la trahison, on ne craint donc pas la mort mais elle fait partie de notre combat ». Le départ du Président Ahmadou Ahidjo du pouvoir en 1982 ouvre les portes à un retour d’Henriette Ekwe au Cameroun « quand Ahidjo part le 1er geste de l’Upc c’est d’écrire à Biya, de lui dire que nous l’encourageons à instaurer le multipartisme et que s’il veut nous lui envoyons une délégation des cadres du partis pour en discuter avec lui. Evidemment Biya ne répond pas mais on amorce le retour de tous les cadres du parti et je suis de ceux qui rentrent entre 1983 et 1985 ». Ce changement de régime suscite de l’espoir chez les anciens clandestins, mais très vite la déception est perceptible « parce que le 1er prisonnier politique de l’ère Biya est l’un des autres, Abanda Kpama qui est arrêté en 1983 et va passer près de 8 mois dans les geôles, il va perdre successivement trois boulots avant d’ouvrir sa propre boîtes ». Malgré le prix à payer ses convictions lui permettent de garder ses positions « on voulait qu’i y ait la démocratie et l’instauration de toutes les libertés qui étaient prévues dans notre constitution ». Une fois rentrée au Cameroun, le parti se réorganise suite aux multiples arrestations de ses membres dans cette nouvelle campagne Henriette Ekwe a son rôle « Je faisais beaucoup de choses. En tant que permanente il m’était arrivé de voyager de nuit pour rencontrer des upécistes dans d’autres localités. Par ailleurs, j’étais rédactrice en chef du journal clandestin -Cameroun Nouveau- et je tenais aussi une imprimerie clandestine », mais un nouveau coup de filet va interrompre ce redéploiement « en 1985 un de nos camarades Zé Zé Samuel s’est vu confier des exemplaires de Cameroun Nouveau, il se rend à Yaoundé, s’asseoit à la gare routière et se met à le lire en mangeant. On reconnaît le symbole du crabe et on le suit. Il se fait arrêter à Sangmélima. Nous apprenons cela, on fait donc une opération nocturne. On se déploie à 2h du matin, on distribue des tracts dans cette ville. Des agents de la police vont arrêter dans un village le vieux Owona Minbo’o âgé de 80 ans qui était en contact avec nous, on le torture et il nous dénonce. Moi j’étais chez lui pendant plusieurs jours mais il ne connaissait pas mon nom, il essayait de me décrire mais n’y parvenait pas. Il faut dire que c’était aussi la 1ere bataille médiatique que nous engagions avec le régime Biya pour qu’il les libère ». Grâce à la pression internationale l’objectif sera atteint « le Cameroun traverse une période difficile et a besoin d’argent, après un refus de la France Paul Biya va en Allemagne, les officiels de ce pays demandent qu’on libère les prisonniers politiques, car il y avait là-bas une forte communauté upéciste qui s’était mobilisée pour les besoins de la cause ». Pendant les troubles politiques notamment le coup d’état de 84 Henriette Ekwe et ses camarades restent passifs mais très attentifs aux éventuels changements « lorsque le push de 1984 éclate, la section pilote qui est celle de Douala ne réagit, Tanko Hassan ne rassemble pas les militants pour condamner ce coup d’état » n’empêche l’Upc est contre le coup d’état surtout si son objectif est de ramener aux affaires l’ancien régime, par contre aux 1eres heures du multipartisme l’activisme refait surface et est à nouveau confronté à des répressions du pouvoir Henriette est arrêtée au début des années 90 avec plusieurs cadres « lorsque l’on attrape Anicet Ekanè, mon nom figurait dans un calepin qu’il possédait. Le matin de mon arrestation, Abanda Kpama vient chez moi à 8h, il m’apprend la capture d’Anicet Ekanè et me suggère de fuir puisque mon nom figure dans ses papiers. Je ne pouvais pas partir, car j’avais une fille de deux ans. Mais il me propose de tout planquer, ce que je fais. Vers 10h, des hommes arrivent chez moi prétextant être des amis qui viennent de Yaoundé, ils viennent et fouillent, ne trouvent rien. Sauf au fond d’une armoire, entre deux planches, ils trouvent un bout de papier. C’était l’article d’un camarade pour « Cameroun Nouveau », ils me conduisent à Mboppi au Cener (la police politique ndlr). Le commissaire Batchandji est là, un certain Ndoumou est aussi là. Alors l’interrogatoire commence. Je ne dévoile rien. Au bout d’un moment, un policier s’énerve me jette à terre et saute sur moi, me marche dessus puis me cogne sur les reins. Après on va chercher Anicet il avait du sang partout, quand je le vois je suis traumatisée. On l’interroge et lui aussi ne lâche rien. On m’entraîne dans une cellule disciplinaire insalubre avec des souris et on m’y laisse toute la journée ». La bataille pour la liberté s’amorce, malgré tous les efforts Henriette et ses camarades dont Me Yondo Black restent détenus et seront traduits devant un tribunal militaire, Nyangon est libérée mais Anicet Ekanè et Me Yondo sont condamnés respectivement à 4 ans et 3 ans d’emprisonnement ferme. Ce procès et bien d’autres contribuent à instaurer le multipartisme, une nouvelle ère qui suscite un changement de stratégie chez les anciens clandestins. Mais pour poursuivre la lutte dans un cadre légal les opposants mettent sur pied un vaste mouvement de rassemblement dénommé la coordination, structure au sein de laquelle Henriette joue une partition « Après la libération de Yondo Black et Anicet Ekanè le 14 août 1990, ils décident de mettre sur pied une coordination des partis, on rédige donc la plateforme de la coordination et on va la remettre à la présidence de la République, mais on n’est pas reçus. Le directeur de la sécurité présidentielle Minlo Medjo est embarrassé. Alors, on s’en va voir les ambassades. L’ambassadeur de France arrête tout pour nous recevoir et celui d’Allemagne aussi et donc on rentre à Douala, on met sur pied la coordination le 24 Octobre 1990. On commence à fonctionner, puis d’autres partis nous rejoignent ».

Présidente démissionnaire de Transparency international

Alors qu’elle était journaliste à la Nouvelle expression Henriette rédige un article à la suite d’un accident de la circulation qui l’a profondément choqué ce d’autant que la 1ere dame avait choisi d’offrir des couvertures et des cercueils « j’ai fait un papier où je disais des cercueils comme des bonbons, lorsque ce papier parait il est lu à la direction de transparency à Berlin et j’y suis invitée pour rédiger les règles pour contrôler l’indice de perception de la corruption en Ile Maurice ». C’est à travers ce canal que tata Henriette conforte ses relations avec d’autres membres fondateurs de Transparency international. Seulement certains faits l’obligent à raviser sa lecture « Transparency international a été créée sous la houlette de Me Akéré Muna qui a invité au Cameroun le Président de cette structure, lorsqu’il arrive ici on a déjà eu 2 classements désastreux pour nous 98 et 99. Peter Eigen est reçu par le 1er Ministre Peter Mafany Musonge, à sa sortie d’audience il relativise le classement du Cameroun… Le fonctionnement de transparency va être extrêmement suspect, d’abord ils ne font pas de rapport sur la corruption au Cameroun lors des assemblées générales des sections africaines, pire encore en 2002 à Accra l’assemblée générale avait pour thème principale le rapatriement de l’argent détourner, les personnes ressources étaient les avocats du Nigéria qui avaient obtenus le rapatriement de l’argent du Président Sani Abacha. Lors des débats le Président de la section du Cameroun Me Akéré Muna s’insurge car il était l’avocat de la famille Abacha, ce qui a laissé une très mauvaise image. En octobre 2003 lors de l’assemblée générale qui se tient au Cameroun tout le gouvernement assiste à la cérémonie d’ouverture et toutes les personnes ressources sont les juristes des ministères, tous nos camarades des autres sections étaient choqués, d’ailleurs certains camarades de transparency ont boycotté la cérémonie d’ouverture à cause de la présence du gouvernement ; je pense que transparency sous ma présidence était sous la bote de l’ex-ministre des finances Abah Abah ». Des faits qui ont aboutis à l’inévitable, le départ de tata Henriette de transparency international.

Henriette Ekwe est aussi journaliste

En 1993 quelques anciens upécistes tentent de relancer « Cameroun nouveau », un mauvais concours de circonstance vient définitivement tuer ce projet « en 1993 nous pensons qu’il faut tourner la page de la victoire volée et passer à la préparation d’autres combats électoraux. Le Sdf maintient que la priorité des priorités c’est de récupérer la victoire volée de l’élection présidentielle de 1992, nous l’avons écris et une guerre contre Cameroun nouveau est lancée, nous sommes taxés de vendus, corrompus etc. Le journal chute et je commence à travailler dans des journaux privés : Ponda, le Front indépendant puis le Nouvel indépendant où j’étais éditorialiste en Novembre 1996, comme je n’avais pas de salaire je me sauve. En réalité je voulais aller au Messager mais feu Pius Njawé était absent du pays et je me retrouve à la Nouvelle expression en qualité d’éditorialiste et plus tard secrétaire générale au moment où je quitte ce journal. Je reviens au Front ». Pour user à fond de sa liberté d’expression Henriette Ekwe a créé son propre journal « bebela »

Un prix pour la reconnaissance

Henriette Ekwe fait partie des dix femmes à travers le monde qui ont été sélectionnées par le Département d’état américain pour recevoir le prix 2011 du Courage féminin, sa candidature a été proposée par l’Ambassade des Etats unis au Cameroun, une distinction qu’elle a reçu au cours d’une cérémonie de grande envergure offerte par le Secrétaire d’état américain Hillary Clinton et la Première Dame des Etats Unis Michelle Obama à Washington DC, le 08 Mars à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme « je crois que ce qui a frappé les Etats unis ce sont mes récentes batailles, d’abord il y a eu celle contre les détourneurs de fonds, les tribunaux auxquels j’ai été trainés, les condamnations qui sont toujours pendantes sur ma tête, plus récemment peut être l’histoire de nos confrères qui ont été torturés, le scandale que je suis allée faire à la Dgre (Direction générale de la recherche extérieure ndlr), la déclaration que j’ai publiée sur la torture, les menaces qui me sont tombées déçues… ». Des prises de position qui ont emmené Janet Garvey l’ancienne ambassadrice des Etats unis au Cameroun à proposer sa candidature à ce prix, au-delà de cette reconnaissance Henriette Ekwe est aussi à la demande d’Hillary Clinton l’auteur du discours d’acceptation des lauréates.

Un combat pour la postérité

Dans sa lutte Henriette Ebongo Ekwe a longtemps rêvé de la libération définitive du Cameroun, au regard de son parcours et du travail qu’il faut encore mener elle a quelques regrets et des raisons d’y croire « l’Upc véritable n’est pas arrivée au pouvoir, elle avait un projet de société pour les camerounais, qui auraient été mettre nos richesses à la disposition de notre peuple pour le développement physique et humain et avoir une meilleure répartition des richesses. Si nous sommes pauvres au moment où nous célébrons notre cinquantenaire c’est parce que nos ressources ont été spoliées, donc ce combat continuera tant que nous vivrons. Lorsqu’on a essaimé, on n’a pas peur de mourir, notre serment était plutôt la mort que la trahison ». En dépit de toutes ces batailles, Henriette Ekwe a eu la force de faire une maternité, elle est la maman d’une fille.

Par Dipita Tongo

Source : http://journalducameroun.com