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Cameroun : Le cas de la nomination de Mr Marcel Niat Njifendji comme Président du Sénat

D 17 août 2013     H 05:15     A Richard-Martin NTONDO     C 0 messages


On doit retenir qu’à travers les schèmes de la pensée néocoloniale, la tribu n’est qu’un prétexte dans le cadre d’un prétendu partage du gâteau national. Il s’agit en fait de l’exacerbation consciente des particularismes identitaires, de l’archaïsation voulue du débat politique et démocratique, un obstacle au patriotisme et à la construction d’une véritable nation.

Le Manidem et les responsables des institutions républicaines : le cas de la nomination de Mr Marcel Niat Njifendji comme Président du Sénat.

Le fait de poser la problématique de la désignation d’un responsable d’une institution républicaine par rapport à ses origines tribales porte en soi les germes de l’infantilisation, de la perversion et de l’extraversion de nos mentalités par rapport à la perception que certains de nos concitoyens ont de la notion de nation et de patrie. Cela procède de la volonté délibérée de détourner les attentions citoyennes des véritables problèmes de la nation, tels sa souveraineté, la bonne gouvernance et l’endogénéisation de son développement, tout le contraire de l’extraversion actuelle de son économie.

En effet, avons-nous prioritairement besoin de l’étiquette, voire du vernis tribal pour être reconnu et désigné comme responsable dans l’organisation publique de la direction de notre pays ?

Pourquoi voulons-nous ou encore veut-on nous confiner à nos origines tribales ? Faut-il être Musgum, Gbaya, Bakoko, Yebekolo, Metta ou que sais-je encore pour être désigné à la tête d’une institution que l’on souhaite aussi importante que le sénat ? Non, non et non...

A point nommé, l’honnêteté intellectuelle qu’a eue Mr NIAT NJIFENDJI d’adresser en premier lieu des paroles de remerciement à l’égard de celui qui l’a effectivement nommé comme Président de l’auguste institution et non à l’égard de ceux (ses collègues) qui étaient censés l’avoir élu nous présente une fois de plus l’une des facettes hideuses de la démocratie à la camerounaise : la cooptation oligarchique. Pire encore, l’on ne peut omettre de souligner que du haut de son perchoir, ce Mr NIAT n’est devenu sénateur que par la seule et unique grâce du prince. Il n’est donc pas issu de la volonté populaire et ne sera entièrement dévoué et redevable qu’à ce dernier. Il ne servira que les intérêts de Mr BIYA et des mentors de ce dernier.

Enfin, l’on doit retenir qu’à travers les schèmes de la pensée néocoloniale, la tribu n’est qu’un prétexte dans le cadre d’un prétendu partage du gâteau national. Il s’agit en fait de l’exacerbation consciente des particularismes identitaires, de l’archaïsation voulue du débat politique et démocratique, un obstacle au patriotisme et à la construction d’une véritable nation. Dans notre pays, il n’existe sur le plan socio-politique que deux tribus : celle des prédateurs du patrimoine national et des suppôts de l’Etranger d’une part et celle des spoliés et des patriotes d’autre part. Le partage du gâteau national, s’il en est, ne sera équitable qu’à travers un développement souverain, diversifié et équilibré de toutes les régions et collectivités locales.

La nomination de Mr NIAT, ardent militant du RDPC à la tête du Sénat ne relève purement et simplement que des calculs machiavéliques de Mr Paul BIYA, Président du RDPC et Président de la République qui seul sait à qui il règle ses comptes, à qui (individus comme partis politiques) il tient à faire obstacle pour les échéances électorales futures, et la direction qu’il veut imprimer aux institutions, en vue de sa propre perpétuation au pouvoir , et peut-être de sa course vers une immunité post-pouvoir que lui-même sait à jamais perdue, malgré les dispositions constitutionnelles actuelles.

Il est temps que les Camerounais cessent de s’enfermer dans le carcan dévastateur du repli identitaire et acceptent patriotiquement de s’engager dans la lutte pour un devenir national souverain, juste et équitable.

Vous avez dit Bamiléké ou tribu ? Au MANIDEM nous disons Camerounais et nous pensons Africains.

Richard Martin Ntondo
Sécrétaire Général du Manidem

Source : http://www.cameroonvoice.com