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Cameroun : Les UPC et la problématique de rassemblement

D 7 août 2013     H 05:30     A WASNYO Samuel     C 0 messages


Depuis 1991, il se passe au Cameroun à propos des UPC, ce qui se passe généralement dans nos salles de classe et centres d’examens. En effet, il est courant qu’en milieu scolaire et en particulier pendant les examens de fin d’année, deux élèves (ou candidats c’est selon), portent les mêmes nom et prénoms. Pour les distinguer, on recourt généralement à leurs dates et lieux de naissance. Si jusque-là l’identité persiste, on remonte à leur filiation. Ce petit détail a échappé jusqu’à présent à tous ceux qui ont parlé des UPC, créant l’illusion qu’il y aurait sur la scène politique de notre pays, un même parti qui offrirait en spectacle ses divisions, s’éloignant ainsi chaque jour un peu plus de son « unité ». La réalité est pourtant aussi simple que l’existence à l’école de deux homonymes. Partant de ce fait banal, nous voulons jeter un regard nouveau sur la problématique globale de l’UPC dans sa formulation et son ébauche de solution.

L’UPC DES ORIGINES AU RETOUR AU MULTIPARTISME

Il existe donc au Cameroun, un parti politique dénommé Union des Populations du Cameroun (UPC). L’histoire de ce parti est du reste assez mal connue, bien que tout le monde se targue de la connaître. Nous nous bornerons juste à en évoquer quelques dates importantes.

10 avril 1948 : naissance à Douala .Son premier Secrétaire Général s’appelle Bouli Léonard. Mais celui-ci sera brusquement affecté à l’Est. Il sera suppléé par Libaï Etienne.

Novembre 1948, Ruben UM NYOBE est plébiscité comme Secrétaire Général au cours d’une session élargie du Comité Directeur.

Septembre 1952, UM NYOBE est réélu Secrétaire Général du parti au deuxième Congrès à Eseka (Il avait déjà été élu à ce poste au 1er Congrès à Dschang en 1951). Félix Roland MOUMIE, Ernest OUANDIE, Abel KINGUE rejoignent la Direction du parti, élus respectivement président, premier et deuxième vice-président de l’UPC.

13 juillet 1955 : l’UPC est dissoute par un décret illégal du Gouvernement français ; début de la clandestinité.

25 février 1960 : AHMADOU AHIDJO pour des raisons de politique politicienne sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici, signe un décret portant abrogation du décret du 13 juillet1955. Ce décret « réhabilite » donc l’UPC pour la forme. Précisons que jusqu’en 1991, aucun autre décret n’a été signé modifiant ou abrogeant le décret du 25 février ci-dessus évoqué ; ceci veut dire que l’UPC au moment où le Cameroun revient au multipartisme, est un parti légal.

21 juillet 1961, Ernest OUANDIE en exil depuis 1957 avec MOUMIE et KINGUE, rentre au pays par le maquis du Moungo. Il est chargé de réorganiser le parti et l’Armée de Libération Nationale du Kamerun (ALNK). Dans cette perspective, il convoque le 13 septembre 1962, la première Assemblée populaire sous maquis. Le 10avril 1963, il convoque la deuxième Assemblée populaire à l’issue de laquelle une Direction provisoire du parti est mise sur pied. Cette Direction provisoire est le Comité Révolutionnaire de l’UPC. Elle comprend 7 membres. :

 1- OUANDIE Ernest Président ;
 2 –KINGUE Abel vice-président ;
 5 membres : NDOH Michel, OSSENDE AFANA, NDONGO DIYE, NJIAWE Nicanor et WOUNGLY MASSAGA.

Notons en passant, qu’OSSENDE AFANA et Abel KINGUE refusèrent leur élection au Comité Révolutionnaire. Cette dissidence qui n’eut que peu d’échos auprès des militants échoua.

Après l’abandon de NDONGO DIYE et NDJIAWE Nicanor, NDOH Michel et WOUNGLY MASSAGA dirigeront le parti dans la clandestinité après l’assassinat du Président du C R OUANDIE Ernest le 15 janvier 1971à Bafoussam.

Août 1982 : convocation du troisième Congrès de l’UPC par le Comité Révolutionnaire sous la double signature de NDOH Michel et WOUNGLY MASSAGA. Ce Congrès se tiendra dans la clandestinité.

La Direction du parti qui s’appelle désormais Comité Central dirigé par WOUNGLY MASSAGA, intègre en son sein de jeunes cadres dont ALBERT KONDI, AFO AKOM et ELENGA MBUYINGA. Deux ans plus tard (1984), le deuxième Congrès se tient en clandestinité et élit outre des membres de la Direction de 1982, deux nouvelles figures à savoir KAMGAING Alexandre et MANGA Edouard.
(pour plus de détails, lire Samuel MACK-KIT MOUKOKO PRISO in L’Unité de l’UPC est un combat 2011 pp120-121).

Le 03 octobre 1990, WOUNGLY MASSAGA pour des raisons non encore élucidées, annonce sa démission de tous les postes de responsabilité et déclare qu’il se met à la disposition de M. BIYA Président de la République.

Le 14 octobre de la même année, le Comité Central Direction du parti entre deux Congrès, désigne Me NDOH Michel, membre du Bureau Politique, Secrétaire Général par intérim à la place de WOUNGLY MASSAGA démissionnaire.

Avril 1991, une loi d’amnistie générale concernant tous les délits politiques est adoptée par l’Assemblée Nationale. C’est ce qui permet à des exilés politiques dont beaucoup de membres de la Direction clandestine de l’UPC, d’effectuer leur retour au pays.

C’est notamment le cas de : Me NDOH Michel Secrétaire Général par intérim, du Professeur MOUKOKO PRISO alias ELENGA MBUYINGA Secrétaire National chargé de la presse, de la propagande et de la formation des cadres, du Dr Samuel MACK-KIT alias MANGA Edouard Secrétaire National aux finances - Trésorier Général, du Dr KUISSU Siméon alias AFO AKOM Secrétaire Général adjoint, ABBO A BEYECK alias KAMGAING Alexandre Secrétaire National à l’organisation, du Dr OYONO Samuel membre du Bureau Politique.
Ils rejoignent ainsi dans le pays d’autres membres de la Direction et cadres du parti qui s’y trouvent déjà. parmi eux on peut citer : NDEMA SAME Alexis alias Albert KONDI, EKANE Anicet , ABANDA KPAMA ,EKWE Henriette alias NYANGON, NONO Théophile alias NJAMI, MENDOMO Elisabeth ,BOUM Jean-Pierre, LOUKA Basile , MBANGA Paul et j’en oublie certainement.

C’est l’ensemble de ces hauts Responsables et cadres de l’UPC auxquels se sont ajoutés d’anciens et jeunes militants sincères ,qui s’engageront corps et âme dans l’organisation du premier Congrès unitaire qui se tiendra les 19, 20, 21 et 22 décembre 1991 à Bafoussam-Bamougoum , dans la concession du camarade NKWETCHE Jean Bosco de regrettée mémoire. Voilà pour l’essentiel, quelques grandes dates de l’histoire de l’UPC, des origines à 1991. Qu’en est-il de l’homonyme de l’UPC ?

LE POUVOIR CREE UN HOMONYME A L’UPC.

Le 12 février 1991, le même jour que la DIC (Démocratie Intégrale du Cameroun) de feu Gustave ESSAKA , le Gouvernement de M. BIYA à travers le MINAT (Ministère de l’Administration Territoriale) où pontifie M. Gilbert ANDZE TSOUNGUI , en violation flagrante de la loi ,légalise un parti politique dénommé ( oui vous avez bien lu ),Union des Populations du Cameroun (UPC) avec comme Président le prince DIKA AKWA NYA BONAMBELA et comme Secrétaire Général M. Augustin Frédéric KODOCK.

Aux élections législatives de 1992 boycottées par l’UPC, ce pari s’en sort avec 18 députés. Avec l’UNDP (Union Pour la Démocratie et le Progrès) de M. BELLO BOUBA MAÏGARI et le MDR (Mouvement pour la Défense de la République) de M. DAKOLE DAÏSSALA, « L’opposition parlementaire » a la majorité et peut donc renverser le Gouvernement et changer le pays si telle avait été sa préoccupation. Mais manifestement, telle n’était pas sa préoccupation.

C’est ce qui explique que ces trois partis, l’homonyme de l’UPC en tête, iront se prosterner devant le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) au pouvoir, pour signer des alliances alimentaires avec lui. M. KODOCK entrera quelques temps après au Gouvernement avec 4 Ministres, tous Bassa comme lui. Le caractère tribaliste de cet homonyme sera ainsi mis en exergue.

Un autre haut fait de ce parti survint au cours de l’adoption de la constitution du 18 janvier 1996. Alors que la tendance majoritaire des Députés de « l’opposition » penchait pour un scrutin à deux tours pour l’élection présidentielle, M. KODOCK et son parti votèrent contre, privant ainsi le Cameroun d’une avancée démocratique considérable.

On voit donc que ni la date de naissance, ni l’histoire de ces deux partis, ni leurs dirigeants ne s’identifient de quelque façon ni sous quelque forme que ce soit. C’est pourquoi nous les appelons : l’UPC pour l’un, et l’homonyme de l’UPC pour l’autre.

Cette précision faite, la problématique de l’existence de ces deux UPC sur la scène politique camerounaise n’est cependant pas encore explicitée. Pourquoi le pouvoir néocolonial de M.BIYA et ses conseillers français éprouvent- ils le besoin au moment où le Cameroun renoue avec le multipartisme, de créer un homonyme à l’UPC alors même qu’une telle confusion est interdite par la loi ? C’est pour une raison simple : la stratégie de bannissement de l’UPC inaugurée par le Décret illégal du 13 /7/ 1955, doit se poursuivre tout en s’adaptant au nouveau contexte international. Il faut donc maintenir l’UPC dissoute, en faisant croire à l’opinion Nationale et Internationale que le parti d’UM NYOBE est réhabilité. De plus, la méthode brutale faite d’assassinats, d’emprisonnements, de tortures a montré ses limites. En tout cas, elle n’a pas pu effacer l’UPC du souvenir des Camerounais. Si bien qu’au moment où le Cameroun revient au multipartisme , l’UPC demeure le parti le plus aimé des Camerounais, celui qui symbolise la légitimité politique du peuple Camerounais, en même temps qu’il incarne le souvenir de sa lutte héroïque pour son unité et son émancipation. Mais en même temps, et précisément pour cette raison, l’UPC reste le parti le plus redouté du régime néocolonial. L’enjeu consiste donc pour ce pouvoir à essayer d’extirper ce parti des cœurs des Camerounais. Pour ce faire, Il faut en contrôler le cigle et le salir au maximum. Le pouvoir n’hésitera donc pas à fouler aux pieds sa propre loi comme on ferait d’un chiffon de papier, en créant une UPC bis pour créer la confusion et atteindre son objectif à savoir, détourner le peuple camerounais de son parti et par conséquent, de la politique. Treize ans après, quel est le bilan de cette stratégie ?

Il faut tout de même reconnaître que la stratégie du pouvoir pour l’essentiel a fait mouche. Le « retour » annoncé de l’UPC sur la scène et la perspective d’une possible prise du pouvoir par elle, a poussé des centaines de milliers de militants et de sympathisants de l’UPC dont beaucoup étaient sincères ,à se jeter tête baissée dans la nébuleuse créée, sans s’apercevoir de la supercherie qui était à l’œuvre, malgré de nombreux avertissements de la direction du parti, bien au fait de ce qui se tramait. Tous les témoins de la période 91-92 se souviennent des meetings de l’UPC à Douala, à Yaoundé, à Bafoussam, à Nkongsamba, Edéa, Eséka ou ailleurs dans le pays, où le crabe noir sur fond rouge vous en donnait plein la vue. Mais le gros de ces troupes enthousiastes se réclamant de l’UPC était en réalité embrigadé par l’homonyme qu’elle prenait pour l’UPC. L’effet escompté par le pouvoir ne tardera pas à se produire.

En effet le peuple camerounais commence à observer de nombreux paradoxes entre ce parti qui a toutes les apparences du parti de leurs amours , et les propos et prises de position de ses principaux dirigeants, en particulier de M. Augustin Frédéric KODOCK son Secrétaire Général . Ces propos et attitudes rapprochent l’homonyme du RDPC et finissent par le confondre avec le parti des flemmes. La similitude entre l’homonyme et le RDPC sera scellée, avec la signature de l’alliance entre les deux partis survenue le 28/9/92 à Yaoundé.

La deuxième chose qu’observent les Camerounais vis-à-vis de l’homonyme de l’UPC, c’est son refus catégorique, en particulier de son Secrétaire Général, à rejoindre la dynamique unitaire que les dirigeants de l’UPC mettent en place sitôt rentrés d’exil en 91, et plus tard en 96, quand , en perte de vitesse, l’écrasante majorité de la bande à KODOCK suivra certains de ses dirigeants en rupture de ban avec leur leader, obligés de jouer en apparence la carte de l’unité, avec le secret espoir que la manœuvre leur sera bénéfique. C’était d’ailleurs la condition de la tenue de ce Congrès. La suite, on la connaît. Plus de 90% de la Direction élue composée par les dirigeants de l’UPC avec au poste de Secrétaire Général, NDOOH MICHEL, au Secrétariat National à l’organisation MOUKOKO PRISO, au Secrétariat National à la Formation LOUKA BASILE, à la Trésorerie Nationale SAMUEL MACK-KIT pour ne citer que ceux –là. Tout sera mis en œuvre pour casser cette Direction par NTUMAZAH, KODOCK et d’autres membres de l’homonyme déçus, dont l’ancien Ministre ESAÏ TOKOMANGAN et compagnie, en complicité évidente avec le pouvoir RDPC. Le coup sera perpétré au cours d’un pseudo Comité Directeur, les 5 et6 juillet 1997 au foyer Njo Njo à Douala. Après ce forfait, personne du côté de l’homonyme ni du pouvoir, ne fera plus allusion à ce méga Congrès qui réunit au Palais des Congrès à Yaoundé les 13, 14, 15, et 16 septembre 1996, plus de 10 mille délégués (selon les estimations de la presse), venus de tous les coins du pays et de l’étranger. Il faut faire comme si ce Congrès n’avait jamais existé.

La troisième chose qui caractérise l’homonyme de l’UPC et que le peuple camerounais constate, c’est son fractionnement. Les premiers signes de ce fractionnement apparaissent au cours des élections présidentielles de 1992, lorsque le PR Henri HOGBE NLEND, pourtant toujours membre du RDPC, se déclare candidat de l’homonyme à la présidentielle. Il sera investi par les militants au détriment de M.KODOCK. Son dossier sera cependant rejeté pour défaut de preuve de résidence permanente au Cameroun. Il va alors négocier un accord avec BELLO BOUBA MÏGARI de l’UNDP qui lui promettra le poste de Premier Ministre en cas de victoire. Après les élections, le Professeur reprendra l’avion et rentrera tranquillement à Bordeaux. Il y restera un temps dans un mutisme complet.

Le fossé se creuse davantage entre KODOCK et HOGBE quand ce dernier réapparaît en 1997 et se fait de nouveau candidat à la présidentielle. Il obtiendra un score ridicule de 02,5% de suffrages. Il entrera ensuite au Gouvernement de M. BIYA « à titre personnel » dira-t-il et se fera « élire » un an plus tard lui aussi, Secrétaire Général de l’homonyme.

Cette « élection » scelle la division de l’homonyme de l’UPC en deux principales factions dont chacune a son Secrétaire Général : la faction HOGBE NLEND et la faction KODOCK. Depuis le décès de M. KODOCK, l’homonyme de l’UPC s’est encore fractionné en plusieurs ramifications : il ya pour le moment le groupe LOUKA-PAPI NDOUMBE, le groupe BAPOO LIPOT, et le groupe WANDJI. On ignore encore ce que mijote le Dr SENDE un fidèle de KODOCK qui n’est pas prêt à accepter de jouer les dindons de la farce.

C’en était trop. Les Camerounais déçus par l’effet conjugué des fraudes électorales de plus en plus sophistiquées du régime RDPC et le comportement équivoque auquel s’ajoutent les divisions du parti qu’ils prennent pour l’UPC et que le régime s’évertue à présenter comme tel, se désintéressent de plus en plus de la politique. Le régime se frotte les mains. Son coup a porté. Il a réussi à détourner le peuple du parti qu’il croyait être son « âme immortelle » mais qui l’a trahi. Son désintérêt de plus en plus affirmé vis-à-vis de la politique trouve là son origine. Le pouvoir a le temps de tout verrouiller pour s’assurer un séjour perpétuel aux affaires. C’est là que nous en sommes aujourd’hui. Mais avant de continuer dans la ligne de notre analyse, disons un mot non pas sur les divisions, mais sur les désertions dans l’UPC.

Il ya à distinguer dans ce qui se passe dans le magma confus de la nébuleuse des UPC, deux phénomènes d’importance inégale : les désertions et les divisions. Comme nous avons essayé de le montrer plus haut, les divisions sont le fait de l’homonyme de l’UPC, pour une raison simple : qui doit légitimement continuer à gérer le pactole que selon certaines sources, le pouvoir aurait mis à la disposition de M. KODOCK pour perpétuer l’alliance ? Les désertions quant à elles, concernent l’UPC pour une raison simple elle aussi. Le blocage causé à l’UPC par la création de l’homonyme et la reconnaissance de celui-ci comme la seule UPC légale, mettait à rude épreuve, la fidélité de certains camarades au parti. En effet, cette position délicate ne permet pas à l’UPC de participer aux élections. Quand en plus M.KODOCK par on ne sait quels tours de passe-passe fit protéger le sigle UPC à l’OAPI

(Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) et traîna les dirigeants de l’UPC devant les Tribunaux pour usage non autorisé du sigle (dans une série de procès qui se poursuit encore) , il fallait être taillé dans un bloc de granit pour rester fidèle à l’UPC et à son combat. Telle est la raison majeure pour laquelle beaucoup de camarades ont déserté le parti et se sont positionnés soit dans une des principales factions de l’homonyme, soit dans d’autres partis politiques de leur création ou de leur choix. D’autres ne se sont retrouvés nulle part et d’autres encore, renonçant à un militantisme ouvert, s’occupent tout simplement de leurs propres affaires. L’hémorragie commence dès la fin du premier Congrès unitaire avec la démission du Dr. KUISSU Siméon, Secrétaire Général élu au Congrès. Elle se poursuivra un an plus tard, lors de la démarcation du parti en UPC- MANIDEM (MANIDEM ici veut dire : Manifeste National pour l’Instauration de la Démocratie) .Mais le MINAT de M. ANDZE TSOUNGUI ayant refusé de reconnaître le parti malgré deux ordonnances de la cour suprême reconnaissant la légalité de l’UPC-MANIDEM, a fait persister le blocage.

C’est alors qu’éclate au sein du parti, un débat sur le (re)changement du nom. Nous sommes en 1995, quelques jours seulement après le premier et unique Congrès de l’UPC-MANIDEM. Malgré le rejet de l’idée par l’écrasante majorité des délégués venus de toute la base du parti au cours d’un Comité Directeur élargi organisé à Yaoundé , un groupe de camarades dont Anicet EKANE et ABANDA KPAMA par un acte d’indiscipline notoire, décidèrent de quitter le parti en créant le MANIDEM (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie). L’UPC-MANIDEM fut dissoute au cours du processus qui devait conduire à la tenue du deuxième Congrès unitaire. Ce fut l’une des exigences majeures que posa le pouvoir pour libérer le récépissé. Après que la Direction issue du Congrès fut sabordée par le pouvoir et ses suppôts de l’homonyme, l’UPC a continué son combat, fidèle à la ligne de ses fondateurs et aux résolutions du deuxième Congrès unitaire.

Les désertions de certains camarades du parti peuvent humainement se comprendre. Après tant d’années de lutte, il peut être compréhensible que certains camarades parfois au soir de leur vie croient venu le temps de penser aussi à eux-mêmes, en devenant qui député, qui maire, qui sénateur, et demain peut-être, Conseiller Régional, ou en faisant autre chose. Donc à priori, nous ne les condamnons pas pour ça à condition bien sûr qu’ils ne dénigrent ni le parti, ni ses dirigeants. Par contre, la seule chose qui pourrait objectivement être reprochée à ceux qui ont choisi de continuer le combat upéciste sous d’autres chapelles Politiques, c’est la naïveté dont ils ont fait preuve en pensant que le problème de l’UPC se réduit à un simple bout de papier délivré par le MINAT. Or depuis 1995, la situation n’a fondamentalement changé ni pour le parti, ni pour les déserteurs, bien que certains aient obtenu le bout de papier du MINAT. Ce qui est arrivé à nos amis des homonymes pendant les sénatoriales en cours doit amener nos déserteurs qui se trouvent de ce côté- là, à bien y réfléchir. A moins de se renier publiquement en ralliant officiellement le RDPC, leur camouflage derrière l’homonyme ne trompera pas le pouvoirs qui sait qui ils sont et d’où ils viennent. Nous pensons quant à nous, que le problème de l’UPC est un problème de lutte contre le pouvoir néocolonial du RDPC, en vue d’un retour effectif et définitif de l’UPC sur la scène politique camerounaise. Seul ce retour créera les conditions objectives d’un changement profond et durable au Cameroun.

LE NECESSAIRE RASSEMBLEMENT.

Il est donc inutile de s’enfermer dans son amour propre et de refuser de regarder la vérité en face. La stratégie des désertions a échoué. Elle a affaibli le parti sans pouvoir créer une force alternative tout en accentuant de plus de 20 ans, les souffrances de notre peuple. Il est temps de reposer la problématique de rassemblement sous une approche nouvelle. Jusqu’ici, la problématique de rassemblement des upécistes a été posée en termes d’unité, visant à regrouper sous une même orientation et une même Direction, l’UPC et son homonyme. Comme on le sait, cette approche a échoué à deux reprises : en 1991 et en 1996. D’ailleurs, ces tentatives étaient programmées pour échouer car l’UPC et son homonyme sont comme l’eau et l’huile, deux corps incapables de constituer un mélange homogène.

Aujourd’hui, la problématique de rassemblement des upécistes doit changer aussi bien dans sa conception que dans sa mise en œuvre. Elle doit d’abord être considérée comme incontournable contrairement à ce que pensent certains camarades qui, à force de courir derrière une unité introuvable, en sont venus à se convaincre de ce que le problème du rassemblement est un faux problème à propos duquel il ne faut plus perdre du temps.

Toutefois, cette problématique doit cesser d’être perçue comme une fusion de deux entités que tout sépare, à l’exception des symboles apparents du parti. Elle doit plutôt être conçue comme la remise en cause du principe même de désertion qui a longtemps sévi dans le parti et l’a considérablement affaibli.

Dans cette perspective, tout doit repartir de Bamougoum 91, premier Congrès du parti après 36ans de clandestinité. Tous ceux qui avaient pris part au Congrès dit unitaire de Bamougoum en décembre 91, qui sont encore vivants, et où qu’ils se trouvent en ce moment, doivent se sentir concernés au premier chef par l’idée de rassemblement, à condition qu’ils croient encore à l’UPC et à son combat, et qu’ils acceptent de cheminer avec ceux qui sont resté dans le Parti. Pour cela, une amnistie générale et inconditionnelle doit être prononcée dans le parti, vis-à-vis de tous ceux qui, pour quelque raison que ce soit, l’avaient déserté. De leur côté, les camarades ayant déserté le parti, doivent eux-mêmes pardonner à tous ceux des camarades qu’ils estiment à tort ou à raison, avoir été à l’origine de leur départ. E n somme, une mini Conférence Nationale Souveraine interne au parti est absolument nécessaire.

Le deuxième groupe concerné par cette idée de rassemblement, c’est celui composé de tous ceux qui, ayant participé au deuxième Congrès de septembre 96 à YAOUNDE, sont restés dans le Parti après le coup de force des 5 et 6 juillet 1997, même s’ils l’ont déserté par la suite. Tous ces camarades doivent se retrouver et après le pardon mutuel, définir ensemble les conditions d’intégration dans le parti, de tous les patriotes qui le désirent, et dont certains se trouvent dans d’autres partis politiques et même dans les rangs de l’homonyme. Cette intégration se ferait au cas par cas. Suivra alors la phase de l’organisation matérielle du Congrès destiné à sceller définitivement le retour du parti historique sur la scène politique de notre pays, pour y jouer un rôle central dans l’opposition d’abord, le temps de réapprendre aux Camerounais à lutter, en vue d’une prise et d’une bonne gestion du pouvoir ensuite.

Bafoussam le 19 juillet 2013

WASNYO Samuel,Membre du CD de l’UPC.

Source : http://www.camer.be