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Cameroun. Nécrologie : Abanda Kpama quitte la scène

D 5 février 2014     H 12:52     A Joseph OLINGA N.     C 0 messages


« Allô ! Oui, c’est vrai. Il y a environ trente minutes. Merci de votre soutien » Assis à un coin de table, Anicet Ekanè, membre du bureau politique chargé de la stratégie et des relations extérieures ne quitte pas son téléphone. L’ancien président du Mouvement africain pour la démocratie et la nouvelle indépendance (Manidem) répond aux nombreuses sollicitations dont il fait l’objet depuis l’annonce du décès du président du Manidem. C’est que, aux environs de 12 heures et 30 minutes ce 30 janvier 2013, Abanda Kpama à rendu l’âme dans la localité de Charleville-Mézières, en France.

De sources médicales, le défunt président du Manidem souffrait d’une « Cholangite sclérosante primitive intra-hépatique ». En fait, une maladie orpheline dont l’une des principales manifestations est la destruction des voies biliaires et l’accentuation des problèmes de foie. Une affection à l’origine de son évacuation sanitaire au début du mois de décembre 2013. « Il avait perdu près de 15 kilogrammes et était très affaibli. » Le président du Manidem passe ainsi l’arme à gauche au terme d’un troisième séjour médical en France. Des séjours au cours desquelles il a subi une ablation de la vésicule biliaire.

Les proches du défunt indiquent que M. Abanda Kpama devait faire l’objet d’une transplantation de foie. « Cette opération a été retardée à cause de son état de santé physique qui était devenu assez sommaire. » Un état de santé qui avait considérablement affecté ce militant de la première heure. « Il avait de la peine à travailler mais il était toujours présent malgré le mal qui l’étreignait » Du reste, la réunion « partielle » du bureau politique du Manidem qui s’est tenue hier à Douala permettra de voir plus clair sur le programme des obsèques de cet acteur politique qui se définissait en dernier ressort comme un « progressiste-panafricaniste ». Dans la douleur, nombreux parmi ses camarades que l’Etat n’ai pas pris la mesure du mal « malgré toutes les demandes qui ont été faites au gouvernement ».

Décédé à l’âge de 61 ans, le parcours d’Abanda Kpama témoigne de riches expériences professionnelle et politique. Bachelier en 1972, il entre à l’Université de Yaoundé avant de passer à l’Université Salonique en Grèce un an plus tard. C’est le domaine technique qui prendra le dessus sur l’adolescent. Il intègre l’Ecole polytechnique d’Athènes en 1974. Des études qui seront sanctionnées par un Master en turbomachines thermiques. Une époque qui marque l’entrée en politique (En 1977 dans l’Upc combattante, Ndlr) de celui qui devient le président du Manidem en 2011.

« Appartenance à organisation dissoute »

« Nous rencontrons Abanda Kpama à l’école des cadres de l’Upc au début des années 80. » A ce sujet, Henriette Ekwe, (ancienne camarade du défunt) raconte que « Abanda Kpama avait dès le départ l’étoffe d’un formateur politique doublé d’un économiste des organisations. » C’est donc sans surprise que l’homme fait partie du pool des rédacteurs de la commission économique et financière de l’Upc lors de sa sortie de clandestinité en 1990. Mais avant, ce n’est pas un parcours de tout repos qui caractérise la carrière politique d’Abanda Kpama. Rentré au Cameroun en 1982, il est recruté comme cadre à la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec). En juin 1983, il est arrêté et détenu à la Bmm (ancêtre de la Dgre, Ndlr) de Yaoundé pendant 6 mois. Un scénario qui se répète en décembre 1985. Le jeune cadre paye ainsi son appartenance à « une association dissoute ».

A la clé, 11 mois d’incarcération et la perte de son poste. Peu de choses pour ce militant engagé qui est d’ailleurs élu secrétaire national aux finances de l’Upc au congrès de Bamougoum en 1991. Mais le divorce avec cette formation politique est consommé en 1995. Aux côtés des Anicet Ekanè, Henriette Ekwè et autres Ndema Alexis, l’Upc-Manidem voit le jour. Vice-présent en 2003, secrétaire à la formation en 2009 et président national en mai 2010 témoigne de la vitalité de cet homme qui compte à son actif la création d’une Ong consacrée aux questions de citoyenneté. Féru d’analyse économique et souvent présent dans les médias audiovisuels nationaux et internationaux, Abanda Kpama marque les esprits. « C’était une grande gueule. Quelqu’un qui disait ce qu’il pense. » Un espiègle et taquin aussi, souligne Henriette Ekwè. Au final, iconoclaste sur les bords.

Joseph OLINGA N.

Source : http://cameroonvoice.com