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La contrebande d’armes destinées à Boko Haram menace le Cameroun

D 28 février 2014     H 14:48     A IRIN     C 0 messages


YAOUNDÉ - Les récentes saisies d’armes et arrestations de contrebandiers dans la région de l’Extrême-Nord, au Cameroun, ont attiré l’attention sur la hausse de l’insécurité causée par Boko Haram au Nigeria voisin et sur l’impact des troubles en République centrafricaine (RCA) et au Soudan.

En janvier, les forces de sécurité camerounaises ont arrêté un homme qui tentait de faire passer 655 armes à feu au Nigeria. En septembre 2013, selon les autorités et les médias locaux, 5 400 fusils AK-47 ont été saisis à l’arrière d’un pick-up à Maroua, la capitale de l’Extrême-Nord.

« De nombreuses armes à feu transportées par des trafiquants depuis des pays en crise comme le Soudan et la RCA ont été saisies dans la région ces derniers jours. Leur nombre pourrait être plus élevé en raison de l’opération de désarmement qui a lieu actuellement en RCA. La région reste une zone de trafic, car elle est proche du Nigeria », a dit à IRIN un policier de Maroua.

Le Cameroun a renforcé les mesures de sécurité dans l’Extrême-Nord depuis que la répression militaire du Nigeria contre Boko Haram a repoussé les insurgés vers les régions frontalières et forcé des milliers de civils à fuir au Cameroun. [ http://www.irinnews.org/fr/report/99679/boko-haram-r%C3%A9siste-%C3%A0-la-r%C3%A9pression ]

« Avant le déploiement des forces de sécurité spéciales du Groupe d’intervention rapide en 2009 dans l’Extrême-Nord camerounais, la région était en proie à de nombreux coupeurs de route armés de mitrailleuses légères. Mais aujourd’hui, les vols armés ont diminué dans l’Extrême-Nord et ont laissé la place aux trafiquants d’armes qui visent maintenant de nouveaux marchés au Nigeria voisin », a dit un gendarme de la division du renseignement.

« En raison de l’étendue des frontières de la région, les trafiquants peuvent parfois traverser la région sans être repérés. »

Des frontières perméables

Les enlèvements, les déplacements irréguliers d’étrangers et l’afflux de réfugiés de RCA, du Tchad, du Nigeria et du Soudan sont autant de menaces contre la sécurité de l’Extrême-Nord. Les autorités craignent que les camps de réfugiés servent de cachette aux activistes ou deviennent la cible d’attaques. [ http://www.irinnews.org/report/99174/with-cross-border-attacks-boko-haram-threat-widens ] [ http://www.irinnews.org/fr/report/99390/nigerian-overnight-refugees-worry-cameroon ]

Le Cameroun accueille actuellement une centaine de milliers de réfugiés, principalement originaires de RCA. Les attaques incessantes de Boko Haram et les affrontements entre le mouvement et l’armée ont forcé environ 5 000 Nigérians à chercher refuge au Cameroun le mois dernier. Le nombre de réfugiés nigérians est ainsi passé à 12 000, dont 2 185 ont été installés dans un camp du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans l’Extrême-Nord. [ http://www.unhcr.fr/52e27bf5c.html?_ga=1.267587022.1507474154.1370878484 ]

« Maroua est actuellement confronté à de nombreux problèmes de sécurité, auxquels s’ajoutent [l’arrivée] de nombreux réfugiés de différentes nationalités par les frontières est et ouest du Cameroun. Mais plusieurs mesures de sécurité ont été prises », a dit à IRIN Bob-Iga Emmanuel, chef du service de police au bureau du gouverneur de la région de l’Extrême-Nord.

Les troubles qui secouent la région alimentent le commerce des armes

Les observateurs signalent que l’insurrection de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria est l’un des principaux facteurs de la contrebande d’armes.

« Le régime actuel en RCA n’a pas encore évalué ni retrouvé les millions d’armes qui auraient été pillées dans l’arsenal du gouvernement. Où ces armes vont-elles après la guerre ? La guerre de Boko Haram s’intensifie, ce qui explique l’ampleur du trafic d’armes à travers l’Extrême-Nord camerounais, qui relie le Nigeria à d’autres zones de crise comme la RCA, le Soudan, la Libye et la RDC [République démocratique du Congo] », a dit David Mekong, un analyste politique basé à Yaoundé.

« Après les guerres, les armes à feu sont vendues à des prix relativement bas : une véritable opportunité commerciale pour les trafiquants. Le processus de désarmement et démobilisation est en cours en RCA et les armes de ce conflit peuvent facilement parvenir à Boko Haram et atteindre d’autres zones de crise », a dit M. Mekong.

Source : http://www.irinnews.org/