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RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : La démobilisation des groupes rebelles contribue à la paix

D 11 novembre 2012     H 05:58     A IRIN     C 0 messages


BANGUI - Les préparatifs du rapatriement de 3 000 partisans de l’ancien chef rebelle tchadien ont débuté à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA). En cas de succès, cette opération d’une durée d’un mois constituera une étape importante pour le retour de la paix et de la sécurité dans le nord et dans le centre-nord de la RCA.

Abdel Kader Baba-Laddé, le chef du Front populaire pour le redressement (FPR), s’est rendu le 3 septembre et est arrivé au Tchad deux jours plus tard pour négocier la paix avec le gouvernement. Un comité - présidé par le Médiateur de la République centrafricaine, Paulin Pomodimo, et soutenu par les Nations Unies et la force multinationale déployée en RCA - a été formé pour superviser le rapatriement de ses partisans de nationalité tchadienne - une minorité d’entre eux a été recrutée en RCA.

Ces partisans abandonnent la ville d’Ippy, située au centre de la RCA, où le FPR s’est retranché après l’attaque lancée conjointement par les forces armées de la RCA et du Tchad en janvier 2012. « Les femmes et les enfants feront partie du premier convoi, et les hommes suivront », a dit Ferreira Firmhino, directeur de cabinet du médiateur de la République et président du comité de rapatriement. Ils se rendront d’abord à Bangui.

Après plusieurs tentatives de négociations et de dialogue infructueuses, le « général » Baba-Laddé s’est rendu, déclarant qu’il allait « faire la paix avec les habitants de la République centrafricaine ».

Les militants des droits de l’homme sont cependant opposés à son rapatriement sans condition, même s’il est salué par les civils déplacés par les opérations du FPR.

Plus de 20 000 déplacés

M. Baba-Laddé, un ancien membre des forces de police tchadiennes, est arrivé en RCA en 2008, profitant de l’absence quasi-totale de forces de sécurité dans le nord-ouest du pays.

Principalement basé dans la commune d’Ouandago, son groupe, qui incluait de jeunes chômeurs originaires de la région, a été accusé d’avoir commis des atrocités contre des civils. Selon un rapport du 29 mai 2012 présenté par le Bureau Intégré de l’Organisation des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA) [ http://binuca.unmissions.org/Default.aspx?alias=binuca.unmissions.org&language=fr-FR ], 22 000 personnes ont été déplacées par le FPR.

Les pasteurs Fulani ont également été pris pour cible : ils ont dû faire face à des attaques à mains armées et à des demandes de rançon. « Parfois, M. Baba-Laddé s’emparait de notre bétail. Lorsqu’il en avait envie, il l’achetait au prix qu’il souhaitait payer. Il nous a également fait escorter par ses hommes jusqu’au marché au bétail de Bangui : nous y vendions nos animaux et lui donnions l’argent pour qu’il nous laisse repartir », a dit Diodi, un négociant en bestiaux de Bangui.

La présence de M. Baba-Laddé a également eu des répercussions sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) d’autres combattants en République centrafricaine.

Un expert du BINUCA associé au programme de DDR a dit à IRIN que l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), un groupe armé basé dans le centre-nord de la RCA, avait conditionné son désarmement au désarmement ou au rapatriement des forces de M. Baba-Laddé. Cette décision a entraîné la suspension des opérations de DDR en septembre 2011. Il a fallu attendre que les forces de M. Baba-Laddé soient « neutralisées » en janvier pour que l’APRD soit complètement désarmée et démobilisée.

Revendications de justice

Après la reddition de M. Baba-Laddé, le Réseau des organisations de promotion et de défense des droits de l’homme (ROPDDH), une organisation non gouvernementale (ONG) locale, a indiqué que les crimes qu’ils avait commis « pourraient relever de la compétence de la Cour pénale internationale ».

Le 4 septembre, le ROPDDH a publié un communiqué de presse demandant que justice soit faite pour « les nombreuses victimes du banditisme » de M. Baba-Laddé.

Le Conseil national de médiation pense que cette revendication est « juste et normale », mais pas urgente. « Il ne s’agit pas d’une priorité. Il n’est pas question de lancer des poursuites contre cet homme alors que ses partisans sont toujours armés et se trouvent en RCA », a dit le médiateur Paulin Pomodimo.

Le médiateur a également indiqué qu’il n’y aurait pas de programme de DDR pour les partisans centrafricains de M. Baba-Laddé. Ils seront simplement regroupés à Bangui avant d’être renvoyés au sein de leur communauté respective, à l’exception de ceux qui ont accepté l’offre du Tchad de s’installer sur son territoire.

Source : http://www.irinnews.org