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Congo Brazzaville : DECLARATION DES PLATE-FORMES IDC-FROCAD

D 10 octobre 2015     H 05:59     A     C 0 messages


SUITE A L’ANNONCE PAR LE GOUVERNEMENT DE LA DATE DE LA TENUE D’UN REFERENDUM EN VUE DU CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION DU 20 JANVIER 2002

Peuple congolais, l’heure est grave, ce jour 06 octobre 2015.

Le 22 septembre dernier, le Président de la République, dans un message à la Nation, avait annoncé le principe de la tenue d’un référendum en vue du changement de la Constitution du 20 janvier 2002.

A ce sujet, au cours du méga-meeting historique tenu le dimanche 27 septembre dernier au Boulevard Alfred RAOUL, les plates-formes IDC-FROCAD avaient, dans une légitime symbiose avec le peuple congolais, mis en garde le Président de la République et son gouvernement du danger qu’ils feraient courir au pays en voulant, coûte que coûte, imposer une démarche hors la loi en référence à la Constitution du 20 janvier 2002, tel que voulu par la majorité de notre peuple.

Faut-il le rappeler, l’actuelle Constitution est l’émanation de sa propre initiative depuis son retour au pouvoir en 1997, après une guerre fratricide ayant lourdement endeuillé les familles congolaises et désarticulé le tissu socioéconomique de notre pays.

Après avoir gouverné pendant une transition flexible de cinq ans, le peuple congolais, conformément à la loi fondamentale, lui a accordé deux mandats successifs qui lui ont permis de pourvoir aux destinées du Congo en toute sérénité.

Cependant, au moment où le second et dernier mandat présidentiel arrive à son terme, conformément à l’article 57 de la Constitution de la République du Congo qui objectivement limite à deux le nombre de mandats, le président de la République, dans une sorte de boulimie digne d’un ogre, manifeste sans gêne, ni élégance, sa faim abyssale à vouloir maintenant et pour toujours se cramponner au pouvoir en imposant aux Congolais un pathétique référendum en vue du changement de la Constitution actuelle, lui ouvrant ainsi les portes de l’exercice à vie de la magistrature suprême.

L’annonce, nuitamment ce 05 octobre 2015, par le porte-parole du gouvernement de la date du fameux scrutin référendaire fixé officiellement au 25 octobre prochain est la manifestation devant l’opinion nationale et internationale d’un comportement brutal qui caractérise l’esprit du président de la République dont le seul leitmotiv est de faire de l’exercice du pouvoir présidentiel une propriété exclusive et/ou privée.

Parlons-en de cette Constitution !

Pour votre gouverne, Peuple congolais, deux dispositions cimentent la prochaine Constitution que l’on va vous imposer. A titre de repères, je citerais en exemple deux dispositions de la future Constitution.

Article 10 qui stipule ceci : « Sauf en cas de perte ou de déchéance de la nationalité, aucun citoyen congolais ne peut être ni extradé, ni livré à une puissance ou
organisation étrangère pour quelque motif que ce soit. »

Et pour enfoncer le clou du Roi Soleil, l’article 91 stipule ceci : « Aucune poursuite pour des faits qualifiés crime ou délit ou manquement grave à ses devoirs commis à
l’occasion de l’exercice de sa fonction, ne peut être exercée contre le Président de la République après la cessation de ses fonctions »

Un alinéa prévoit ce qui suit : « La violation des dispositions ci-dessus constitue un crime de forfaiture ou de haute trahison, conformément à la loi. »

Chers compatriotes,

En jetant le pavé dans la mare et en éclaboussant les règles strictes régissant les civilisations modernes, le président de la République plonge volontairement, à
compter de ce jour, le Congo dans une voie pleine d’incertitude et d’obscurantisme.

Pourtant, le dimanche 27 septembre 2015 au Boulevard Alfred RAOUL, dans la paix, la dignité, la responsabilité, le peuple congolais a lancé au Président de la République
un signal patriotique de ressaisissement et de sagesse afin de renoncer à cette démarche hasardeuse qui ne l’honore pas et fait honte à notre pays.
Peuple congolais, ayant épuisé toutes les initiatives susceptibles d’amener le Président de la République à se mettre en conformité avec le droit, l’éthique et la
morale, en respectant scrupuleusement son serment prêté devant l’opinion nationale et internationale, conformément à l’article 69 de la Constitution qui stipule :
« Devant la Nation et le Peuple Congolais seul détenteur de la souveraineté : MOI (nom de l’élu), Président de la République, je jure solennellement : « de respecter et de défendre la Constitution et la forme républicaine del’Etat « (…),

En effet, lui-même n’étant pas au-dessus de la loi et s’exposant, dans sa démarche, au parjure et à la haute trahison vis-à-vis du peuple congolais,
Nous, Forces politiques et sociales engagées résolument dans le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique en 2016, lançons, à
compter de ce jour 06 octobre 2015, à tous les Congolaises et Congolais épris de liberté et d’espoir en la démocratie, un appel à se tenir prêts, sans
peur de qui que ce soit ou de quoi que ce soit, pour déclencher le processus de la désobéissance civile et de braver, en qualité de détenteurs
du pouvoir souverain, les forces du mal qui dressent devant nous le spectre épouvantable de la gouvernance par la terreur et l’arrogance,
méthodes staliniennes d’un autre âge, rejetés et décriés lors de l’Historique Conférence Nationale Souveraine de 1991.

Peuple congolais, n’acceptons pas ce retour en arrière. Le monstre est connu. Avec votre main puissante, neutralisons-le et mettons-le hors d’état de nuire comme ce fut le cas en août 1963.
Faut-il le rappeler, tout changement de Constitution induit une abrogation. Et l’abrogation de la Constitution induit sans appel la déchéance de toutes institutions qui lui sont attenantes. Visiblement, le Président de la République et son gouvernement conduisent notre pays dans une impasse.

En violant ainsi notre Constitution de manière éhontée, le Président de la République devrait en tirer les conséquences et mettre fin, dès ce jour, à ses fonctions.
Nous prenons à témoin la Communauté Internationale de constater le désordre qui s’installe en République du Congo.
Chers compatriotes, Congolaises, Congolais,

Il n’y aura pas de vote référendaire au Congo.

Vive la démocratie,

Vive la liberté,

Vive le Congo.

Fait à Brazzaville, le 06 octobre 2015

Les Plateformes IDC/FROCAD