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Augmentation des cas de paludisme dans l’ancien bastion rebelle en RDC

D 15 décembre 2013     H 05:11     A IRIN     C 0 messages


KINSHASA - Le nombre de cas de paludisme enregistrés à Rutshuru, l’ancien bastion des rebelles du M23 au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), a triplé par rapport aux années précédentes. Selon les responsables de la santé, l’insécurité favorise la transmission de la maladie. [ http://www.irinnews.org/fr/report/95733/rdc-comprendre-le-groupe-armé-m23 ]

« Entre 2009 et 2012, le nombre total de cas de paludisme n’a pas dépassé 25 000 par année. En date du 20 novembre, nous avions déjà enregistré 76 343 cas pour 2013 seulement, dont 27 340 chez des enfants de moins de cinq ans. C’est ce qui nous a poussés à déclarer une épidémie au début du mois de novembre », a dit à IRIN Félix Kabange Numbi, ministre de la Santé de la RDC.

Des 76 343 personnes atteintes, 19 639 souffrent de paludisme sévère. Jusqu’à maintenant, une quarantaine de personnes sont décédées, dont 33 enfants de moins de cinq ans.

Rutshuru enregistre généralement un certain nombre de cas de paludisme pendant la saison des pluies, qui s’étend d’août à avril, mais l’insécurité a entraîné, cette année, une recrudescence encore plus marquée de la maladie. Rutshuru a été un bastion du M23 pendant environ 18 mois avant la reddition du groupe rebelle le 5 novembre dernier.

« En raison de l’insécurité et de la peur des pillages et des attaques, les gens passaient la nuit dans la forêt ou dans les champs, où le risque d’exposition au paludisme est très élevé », a expliqué Francesca Mangia, chef de mission pour MSF à Goma.

« Les habitants se réfugiaient dans les marais où ils cultivent le riz », a ajouté le ministre Numbi, ajoutant que de ces environnements sont des aires de reproductions idéales pour les moustiques. Le paludisme est causé par le plasmodium, un parasite transmis par les piqûres de moustiques.

Réponse

Selon M. Numbi, la situation est « sous contrôle » et des activités d’intervention sont en cours. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a financé la distribution de fournitures, des médicaments et des kits de diagnostic rapide, entre autres, dans les établissements de santé de Rutshuru. Une campagne de collecte de sang est également prévue.

Les premiers bénéficiaires des transfusions sanguines gratuites seront les enfants de moins de cinq ans qui sont particulièrement à risque en cas de paludisme sévère, a dit M. Numbi. Le paludisme peut entraîner l’anémie, car l’infection est associée à une réduction du taux d’hémoglobine dans le sang.

Depuis le mois d’août, quelque 24 000 cas de paludisme ont été enregistrés à Rutshuru. Selon un communiqué de Médecins Sans Frontière France (MSF) publié le 18 novembre, le nombre de cas a atteint un pic au début du mois d’octobre avec environ 3 000 cas par semaine. Ce chiffre est plus de deux fois plus élevé que le seuil d’alerte épidémique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), indique MSF, qui gère l’hôpital général de référence de Rutshuru, situé à 80 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

À l’heure actuelle, l’hôpital de Rutshuru reçoit entre 1 500 et 1 600 patients par semaine, dont 70 pour cent sont des enfants. La charge de travail est énorme. « Le nombre de patients atteints du paludisme est cinq fois plus élevé que l’an dernier à la même date », a noté MSF.

Pour désengorger l’hôpital de Rutshuru, MSF recommande que les patients souffrant de paludisme sévère soient traités et gardés en observation dans deux de ses structures mobiles, a dit Christophe Biteau, coordinateur de projet pour MSF à Rutshuru. Les autorités de santé de la RDC ont également renforcé les personnels de santé pour réagir à l’épidémie. Dans la région de Kiwandja, à 5 km de Rutshuru, les centres de santé de Mapendo et de Buturande ont également renforcé leurs capacités afin de mieux soigner les patients atteints de paludisme.

Malnutrition

La malnutrition sévère et chronique, dont les taux sont actuellement de 1,6 et 60,6 pour cent respectivement chez les enfants de moins de cinq ans, pourrait avoir aggravé l’épidémie de paludisme.

« Avec les combats, les gens qui vivaient de l’agriculture. n’ont pas cultivé leurs terres, et encore moins récolté [et ils] ne pouvaient soudain plus se nourrir », a dit Jean-Claude Bambanze, président de la société civile de Rutshuru.

Source : http://www.irinnews.org