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RDC : Le renouvellement du mandat de la MONUSCO doit répondre à la répression contre la société civile avant les élections clés

D 22 mars 2016     H 05:59     A FIDH     C 0 messages


En amont des élections prévues en Novembre 2016, la FIDH reste extrêmement préoccupée par la répression croissante à l’encontre de la société civile et des défenseurs des droits de l’Homme par les forces de sécurité gouvernementale en République démocratique du Congo (RDC). La FIDH et ses organisations membres congolaises appellent le gouvernement de la RDC à mettre un terme à la répression politique et à garantir le respect du droit à la liberté d’expression et à la liberté de rassemblement pacifique dans le contexte pré-electoral. La crise actuelle qui sévit au Burundi voisin devrait mettre en garde la communauté internationale sur les risques de violences auxquels la RDC pourrait faire face si le Président Kabila s’obstinait à suivre le même chemin que le Président Nkurunziza en défiant les limites de durée constitutionnelles et en se maintenant au pouvoir.

Le 30 Mars 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU sera appelé à renouveler le mandat de la Mission de stabilisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO). La semaine dernière, la FIDH a organisé une interface à New York entre une délégation de défenseurs congolais des droits de l’Homme et les États-membres du Conseil de sécurité venus exprimer leur inquiétude à propos de la situation de plus en plus alarmante en RDC et formuler des recommandations quant au renouvellement du mandat de la MONUSCO, rendues publiques dans une note de plaidoyer.

La délégation était composée de Paul Nsapu Mukulu, Secrétaire général de la FIDH et président de la Ligue des électeurs ; Dismas Kitenge, Vice-Président de la FIDH et président du Groupe Lotus ; et Floribert Anzuluni, responsable du mouvement pro-démocratique Filimbi.

« Il est clair que le Président Kabila est en train de faire tout ce qu’il peut pour retarder les élections et rester au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel. Les forces de sécurité gouvernementales sont responsables d’exécutions extrajudiciaires, de torture et d’arrestations arbitraires de centaines de manifestants pacifiques et de militants politiques opposés à son troisième mandat. J’ai moi-même été récemment forcé de fuir le Congo en raison de menaces pesant sur ma vie », a déclaré Floribert Anzulini.

Nos organisations demandent au Conseil de sécurité des Nations Unies de renforcer le mandat de la MONUSCO pour protéger de manière effective les civils, en particulier les groupes particulièrement ciblés tels que les défenseurs des droits humains, les journalistes et les opposants politiques.

En Janvier 2015, les membres des forces de sécurité congolaises ont tué au moins 42 civils au cours de manifestations pacifiques organisées par les opposants à une loi électorale qui permettrait au président Kabila de rester au pouvoir. Depuis, de nombreux autres militants ont été arbitrairement arrêtés et illégalement détenus simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique. En mars 2015, l’ANR a également arrêté quarante militants de la société civile et des journalistes qui s’étaient rassemblés à Kinshasa pour le lancement de la plate-forme Filimbi destinée à encourager la participation des jeunes aux processus démocratique et éléctoral en RDC. Fred Bahuma (Lutte pour le changement) et Yves Mkawanbala (Filimbi), arrêtés au cours de cet événement, sont toujours en détention. Le 16 Février 2016, au moins 45 personnes ont été arrêtées au cours de la journée "ville morte" organisée en opposition aux tentatives du gouvernement de retarder les élections et en commémoration des meurtres de civils par les forces de sécurité congolaises en 1992 au cours d’une période d’agitation électorale similaire à celle que traverse la RDC aujourd’hui. Six militants de Lucha ont été arrêtés lors de la journée « ville morte » et condamnés à six mois de prison sur de fausses accusations d’incitation à la révolte contre les autorités.

« La communauté internationale a investi plus de 15 ans de présence onusienne en RDC, elle ne peut pas prendre le risque de mettre à mal les avancées qui ont été réalisées. La MONUSCO devrait surveiller le processus électoral et renforcer sa présence dans l’ouest, en particulier en déployant des unités de police vers les villes occidentales les plus importantes, telles que Kinshasa et Lubumbashi afin de protéger efficacement les civils pendant les élections. Le Conseil de sécurité devrait également insister pour que le gouvernement congolais permette aux observateurs des droits de l’Homme de l’ONU d’accéder aux prisons puisque tel n’est pas le cas actuellement », a déclaré Dismas Kitenge.

Enfin, la FIDH exhorte le Conseil de sécurité à imposer des sanctions ciblées contre les individus responsables de violations graves des droits humains dans le contexte pré-électoral. A cet égard, la délégation de la FIDH s’est entretenue avec l’Egypte, qui préside le Comité des sanctions sur la RDC, et a exhorté les États-membres du Conseil de sécurité à étendre les sanctions aux dirigeants politiques et militaires qui sont impliqués dans l’oppression systématique de toutes les voix dissidentes.

"Il est grand temps que la communauté internationale envoie un message clair au président Kabila pour qu’il respecte la constitution et la tenue d’élections libres, justes et crédibles en Novembre 2016. Si nous voulons éviter la même situation qu’au Burundi, le Conseil de sécurité de l’ONU doit envisager d’imposer des sanctions contre les dirigeants des forces de sécurité congolaises qui sont responsables d’exécutions extra-judiciaires, de torture et d’arrestations arbitraires de défenseurs des droits humains, de journalistes et d’opposants politiques dans ce contexte pré-électoral en RDC », a déclaré Paul Nsapu Mukulu.

FIDH
et ses organisations membres en RDC
 ASADHO – Association africaine des droits de l’Homme
 LE – Ligue des Électeurs
 GL – Groupe Lotus