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Gabon : Mémorandum des ressortissantsn des villages concernés par le projet OLAM au Woleu-­Ntem

D 15 janvier 2013     H 05:01     A     C 0 messages


Mémorandum
des
Ressortissants
des
villages
concernés
par
le
projet
OLAM
au
Woleu-­‐
Ntem
Mesdames
et
messieurs,
depuis
quelques
temps,
une
information
circule
et
est
vigoureusement
amplifiée
sur
les
méga-­‐industries
envisagées
au
Gabon
par
le
groupe
OLAM.
Selon
cette
information,
des
capitaux
singapouriens
à
hauteur
de
91,5
milliards
de
nos
francs
vont
être
investis
dans
la
culture
de
l’hévéa
sur
une
superficie
de
plus
de
38.536
ha
située
dans
le
triangle
que
forme
OYEM-­‐
BITAM-­‐MINVOUL
au
nord
du
Gabon
à
la
frontière
avec
le
Cameroun
et
la
Guinée-­‐Equatoriale,
c’est-­‐à-­‐dire
dans
la
zone
rurale
la
plus
densément
peuplée
du
Woleu-­‐Ntem
et
du
Gabon.
Nous,
Ressortissants
des
villages
concernés
par
ce
projet,
avons
tenu
à
exprimer
à
la
communauté
nationale
et
internationale
notre
point
de
vue
sur
ce
projet,
conscient
du
fait
que
les
formes
et
les
stratégies
de
développement
ne
peuvent
être
imposées
à
une
population
sans
leur
avis.
C’est
cela
aussi
la
participation
de
la
population
à
la
prise
de
décision
et
à
la
production
chère
au
Président
de
la
république.
De
nombreux
exemples
dans
le
monde
notamment
au
Zimbabwe,
en
Côte
d’Ivoire,
en
Indonésie,
etc.
montrent
que
la
négligence
ou
la
non
prise
en
compte
du
point
de
vue
des
populations
peut
déboucher
sur
des
conflits
ou
un
désastre
socio-­‐économique.
Notre
inquiétude
qui
justifie
notre
refus
de
ce
projet
est
fondée
sur
des
arguments
historiques,
économiques,
sociologiques,
environnementaux
et
juridiques.

I
Arguments
historiques

Vers
1942,
le
Gouverneur
Général
Félix
EBOUE
pris
un
texte
qui
interdisait
l’exploitation
des
plantations
intensives
de
cacaoyers,
de
caféiers,
de
palmiers
à
huile
et
d’hévéa
aux
colons
européens.
Il
décida
qu’il
revenait
à
l’indigène
de
cultiver
et
au
colon
d’acheter
les
produits
aux
planteurs.
Cette
décision
courageuse
qui
précéda
l’abolition
des
travaux
forcés
en
1946,
permis
l’émergence
réelle
d’une
classe
de
planteurs
millionnaires
au
Woleu-­‐Ntem.
Très
vite
en
effet,
les
colons
gelèrent
leurs
entreprises
à
ASSOK
NGOMO,
BIYI,
AKAMSI,
MBES,
EWOREMOKOK
et
ANYAN
et
s’orientèrent
vers
la
distribution
des
denrées
et
d’abondantes
marchandises
d’importation.
Ailleurs,
ce
fut
le
début
des
paysannats
encadrés
par
des
agents
d’agriculture
qui
animaient
les
villageois
regroupés
dans
leurs
plantations
de
cacao,
de
café
voire
de
riz
et
de
pomme
de
terre.
Qui
ne
se
rappelle
pas
que
la
SDRM,
la
société
de
développement
rural
de
Medouneu,
approvisionnait
Libreville
en
pomme
de
terre,
ananas,
banane
et
manioc
 ?
l’arachide
de
Lebamba,
le
café
d’Okondja
et
les
produits
horticoles
de
Port-­‐Gentil
étaient
présents
sur
les
marchés
de
la
capitale.
La
leçon
que
nous
tirons
de
ce
rappel
historique
est
que
le
peuple
gabonais,
notamment
les
ruraux
avaient
trouvé

des
projets
économiques
qui
contribuaient
à
son
épanouissement.
Le
développement
communautaire
a
permis
un
temps
soit
peu
au
Gabon
d’atteindre
l’autosuffisance
alimentaire,
parce
que
les
populations
rurales
ont
été
mises
au
centre
de
la
chaine
de
production
qui
permettait
d’alimenter
les
populations
urbaines.
La
deuxième
leçon
que
nous
tirons
de
ce
rappel
historique
est
que
la
concurrence
entre
des
plantations
intensives
réalisées
par
les
colons
à
l’époque,
(les
multinationales
aujourd’hui)
et
les
plantations
villageoises
est
imparfaite,
déstructurante
et
déstabilisante.
Elle
tue
tout
embryon
d’agriculture
paysanne,
et
accroit
la
dépendance.
Pour
rappel,
le
Gabon
importe
déjà
plus
de
300
milliards
de
francs
cfa
de
nourriture.
Donner
les
terres
les
plus
fertiles
à
OLAM
dans
une
zone

l’agriculture
paysanne
ne
demande
qu’un
meilleur
encadrement
ne
peut
être
alors
assimilé
qu’à
un
suicide
alimentaire
et
à
terme
à
un
génocide
comme
vont
nous
le
montrer
les
arguments
économiques
et
environnementaux.
La
troisième
leçon
que
nous
tirons
de
ce
rappel,
c’est
l’abolition
du
travail
forcé
ou
du
travail
sous
payé.
Les
nombreux
témoignages
que
nous
recevons
des
compatriotes
travaillant
à
OLAM
à
Kango
dans
la
province
de
l’Estuaire
permettent
d’affirmer
que
cela
ressemble
déjà
à
des
travaux
forcés.

II
Arguments
économiques

Tous
ceux
qui
connaissent
l’analyse
des
projets
savent
qu’un
Etat
décide
de
réaliser
un
projet
que
si
et
seulement
si
ce
projet
est
rentable
socio-­‐
économiquement
ou
en
termes
simples,
est
rentable
pour
la
collectivité.
Cette
rentabilité
est
bien
différente
de
la
rentabilité
financière,
seul
objectif
d’un
entreprise
privée.
OLAM
veut
la
transparence,
qu’elle
nous
donne
cette
étude
de
la
rentabilité
socioéconomique
de
son
projet
 !
Que
ceux
qui
défendent
le
projet
nous
fournissent
cette
étude
de
la
rentabilité
socioéconomique.
A
moins
que
l’on
confonde
rentabilité
financière
et
rentabilité
socioéconomique.
Ce
serait
le
comble
pour
des
gens
sensés
décider
pour
l’Etat.
Les
études
d’impacts
représentent
une
source
d’information
pour
cette
analyse
de
la
rentabilité
socio-­‐économique,
que
tout
gouvernement
soucieux
du
devenir
de
son
peuple
et
visant
le
développement
durable,
doit
demander
à
un
promoteur
ou
réaliser
lui-­‐même.
Pour
rappel,
c’est
cette
analyse
de
la
rentabilité
socioéconomique
qui
est
l’un
des
critères
à
remplir
pour
bénéficier
du
financement
de
projet
de
la
part
de
la
banque
mondiale,
de
l’Agence
Française
de
développement
ou
de
la
BAD.
Cette
analyse
prend
en
compte
toutes
les
externalités
négatives
et
positives
engendrées
par
le
projet,
y
compris
sur
l’environnement,
le
mode
de
vie,
la
culture,
les
finances
publiques,
la
balance
des
paiements,
l’emploi…
Ces
impacts
permettent
d’ajouter
d’autres
critères
pour
décider
de
la
réalisation
ou
pas
d’un
projet.
Du
point
de
vue
de
l’emploi,
OLAM
compte
créer
7000
emplois.
C’est
l’argument
que
les
fameux
défenseurs
du
projet
mettent
en
avant.
On
voit
bien
qu’ils
ne
sont
pas
des
spécialistes
du
domaine.
L’impact
d’un
projet
sur
l’emploi
se
fait
par
comparaison
entre
les
emplois
que
l’on
va
détruire
et
les
emplois
que
l’on
va
créer.
Au
fur
et
à
mesure
qu’OLAM
va
s’installer,
elle
détruit
systématiquement
les
emplois
ruraux
notamment
en
agriculture.
Etre
agriculteur
est
aussi
un
métier,
un
emploi.
Les
fameux
experts
de
la
DGE
(Direction
Générale
de
l’Economie)
qui
s’apprêtent
selon
certaines
indiscrétions
à
donner
leur
accord
à
OLAM,
ont–ils
évalué
le
coût
d’opportunité
de
cette
perte
d’emploi
 ?
Nous
évaluons
en
effet
à
10000
le
nombre
d’emplois
que
va
détruire
ce
projet
en
cinq
ans.
OLAM
ne
pourra
embaucher
des
villageois
de
plus
de
50
ans,
ni
beaucoup
de
jeunes
n’ayant
aucun
diplôme.
A
la
limite
dans
les
premières
phases
du
projet
ils
seront
temporairement
utilisés,
mais
à
la
phase
d’exploitation
beaucoup
d’entre
eux
seront
licenciés.
L’exemple
d’Hevégab
est

pour
nous
le
démontrer.
Aujourd’hui
à
Bitam,
l’impact
économique
de
cette
entreprise
est
nul.
OLAM
dans
son
étude
d’impact
estime
que
l’agriculture,
l’élevage
et
la
pêche
vont
se
développer
dans
la
zone
car
il
va
falloir
nourrir
ses
futurs
employés.
Cet
argument
simpliste
ne
tient
pas
debout.
En
effet
les
exemples
de
COMILOG,
MOUNANA,
PORT-­‐GENTIL
montrent
que
l’exploitation
du
pétrole
et
des
mines
dans
ces
régions
a
plutôt
accentué
le
déclin
de
l’agriculture
et
la
dévitalisation
des
villages.
Phénomène
que
les
économistes
appellent
« 
syndrome
hollandais
 ».
En
effet,
la
main
d’oeuvre
visée
par
OLAM
dans
les
villages,
ce
sont
les
jeunes,
qui
réalisent
aujourd’hui
les
¾
de
la
production
agricole.
Nous
faisons
remarquer
à
OLAM
qu’aujourd’hui,
la
production
agricole
a
chuté
à
MITZIC
du
fait
des
chantiers
forestiers.
Tout
fonctionnaire
en
poste
dans
cette
localité
peut
en
témoigner.
OLAM
va
plutôt
encourager
l’importation
de
produits
alimentaires
avec
ce
que
cela
comporte
comme
inconvénient
en
matière
de
santé.
Nous
savons
que
l’absence
de
contrôles
phytosanitaires
véritable,
a
permis
à
beaucoup
de
vendeurs
de
produits
alimentaires
d’écouler
la
vache
folle,
des
produits
avariés,
etc.
dans
les
pays
africains.
La
recrudescence
des
maladies
comme
l’insuffisance
rénale,
les
maladies
cardio-­‐
vasculaires
est
due
en
grande
partie
à
la
mal
bouffe.
Au
Woleu-­‐Ntem,
pour
le
moment
nous
mangeons
bio.
OLAM
dans
son
étude
d’impact
n’a
rien
dit
sur
tous
ces
aspects
se
contentant
seulement
d’évoquer
la
possible
contamination
par
le
sida
du
fait
de
la
promiscuité
dans
ces
sites.
Or,
BITAM
et
MINVOUL
sont
les
greniers
du
Woleu-­‐Ntem.
L’existence
de
ces
deux
villes
est
donc
menacée.
L’Etat
doit
donc
plutôt
s’atteler
à
trouver
une
stratégie
qui
permettra
à
ces
populations
à
accroitre
la
production
de
produits
bio.
OLAM
justifie
son
projet
par
l’accroissement
des
prix
de
caoutchouc
de
90,8%
sur
le
marché
international.
Nous
justifions
cette
stratégie
par
l’accroissement
des
prix
des
produits
bio
sur
les
marchés
internationaux.
Toute
personne
se
rendant
en
Europe
ou
en
Amérique
sait
que
tout
produit
bio
coute
deux
fois
plus
cher
qu’un
produit
obtenu
avec
de
l’angrais
ou
des
pesticides.
Nous
proposons
donc
à
l’Etat
d’aller
plutôt
dans
cette
direction
si
le
développement
du
Woleu-­‐Ntem
était
un
temps
soit
peu
son
souci.
Les
camerounais
se
sont
enrichis
avec
l’agriculture,
nous
pouvons
faire
la
même
chose.
Il
est
également
possible
à
l’Etat
de
continuer
à
encourager
la
cacaoculture,
produit
que
nous
maitrisons
parfaitement
et
qui
a
l’avantage
de
pouvoir
être
associé
à
d’autres
cultures.
Nous
disposons

d’un
avantage
comparatif
indéniable.
Pour
ceux
qui
ne
le
savent
pas
le
cacao
de
BITAM
était
considéré
comme
le
meilleur
cacao
par
la
qualité
de
l’Afrique
 !
Voilà
des
pistes
pour
la
diversification
de
l’économie
et
l’après
pétrole.
Quand
le
pétrole
finira,
mangeons
au
moins
ce
que
nous
produisons
 !
Du
point
de
vue
de
l’impact
sur
les
finances
publiques,
OLAM
bénéficierait
de
l’exonération
d’impôts
et
de
droits
de
douane
pendant
plus
de
25
ans !
L’Etat
ne
gagnera
donc
rien
sur
ce
projet.
L’impact
sur
les
finances
publiques
est
négatif.
Pour
masquer
cet
impact
négatif,
OLAM
se
propose
de
donner
un
appui
aux
conseils
départementaux
de
BITAM
et
MINVOUL
par
la
collaboration
aux
projets
d’infrastructures
communautaires.
Quelle
forme
prendra
cette
collaboration
 ?
Quelle
somme
compte
t-­‐elle
mobiliser
 ?
Point
n’est
besoin
d’être
économiste
pour
remarquer
qu’il
s’agit
ni
plus
ni
moins
que
d’arguments
fallacieux
pour
masquer
la
vue
des
décideurs.
Nous
ne
sommes
pas
myopes
 !
Seul
peut-­‐être
l’impact
sur
la
balance
des
paiements
sera
positive
de
par
l’accroissement
des
exportations
de
caoutchouc
et
d’huile
de
palme.
Toutefois
cet
impact
mis
en
avant
par
OLAM
est
à
relativiser
du
fait
de
l’accroissement
des
produits
importés
qu’engendrera
le
projet
notamment
les
produits
alimentaires
et
pharmaceutiques.
Seule
OLAM
profitera
vraisemblablement
de
ce
projet,
et
ce
pendant
150
ans.

III
Argument
socioculturel

Le
projet
OLAM
par
l’exode
rural
et
la
dévitalisation
qu’il
va
provoquer
aura
un
impact
négatif
sur
la
culture
fang.
Rappelons
à
tous
que
cette
forêt
est
un
temple
pour
tous
les
villages
limitrophes.
C’est
le
lieu
de
prédilection
de
nos
rites
et
coutumes.
Ce
serait
un
sacrilège
que
de
donner
ce
site
à
des
étrangers
pour
la
monoculture
de
l’hévéaculture.
A
Libreville,
dans
l’Estuaire,
quand
les
Myénés
font
leur
rite
dans
la
mer,
ils
interdisent
l’accès
à
tout
le
monde,
même
la
pêche
est
interdite.
Tout
le
monde
y
compris
l’Etat
respecte
cette
consigne.
A
Mouila,
dans
la
Ngounié,
il
y
a
bien
des
forêts
interdites.
OLAM
a
pris
un
malin
plaisir
à
éviter
les
originaires
des
villages
concernés
qui
vivent
à
Libreville,
sans
doute
pour
ne
pas
avoir
affaire
à
des
intellectuels.
Elle
a
préféré
avoir
comme
interlocuteur,
des
villageois
en
partie
illettrés,
à
qui
on
pouvait
faire
miroiter
n’importe
quoi,
en
pensant
corrompre
quelques
uns,
c’est
une
insulte
à
l’encontre
de
nos
parents.
Nous
nous
réservons
le
droit
de
porter
plainte
à
cet
effet
contre
OLAM.
Elle
n’a
pas
su
que
la
société
fang
n’est
pas
hiérarchisée
comme
les
autres.
Ce
que
nous
appelons
NTEBE
OSSOU
ou
KIE

SO’O,
le
porte
parole
d’une
tribu
n’est
pas
forcément
quelqu’un
qui
vit
au
village.
Il
peut
être
un
citadin
qui
repart
d’ailleurs
toujours
au
village.
C’est
ce
dernier
qui
prend
la
parole
pour
la
communauté
en
cas
de
deuil,
de
mariage,
de
rite
ancestral
ou
pour
toute
décision
ayant
un
impact
sur
la
vie
de
sa
tribu.
Beaucoup
de
ces
portes-­‐paroles
sont
fonctionnaires,
cadres
dans
le
privé
ou
même
simple
agent
dans
une
administration.
Dans
son
étude
d’impact,
OLAM
compte
améliorer
les
conditions
de
vie
des
femmes
et
des
groupes
vulnérables
par
la
facilitation
du
transport
des
biens
et
des
personnes
et
l’allègement
de
leurs
tâches
(faut
pas
rire).
C’est
de
l’humour
de
mauvais
goût.
OLAM
se
transformera
donc
également
en
société
de
transport
 ?
Nous
pensions
qu’elle
était

pour
l’hévéa
 ?
Dans
le
même
ordre
d’idées,
OLAM
se
propose
de
donner
des
groupes
électrogènes
aux
populations.
Nous
rappelons
à
ces
Singapouriens
que
l’électricité
qu’on
trouve
dans
nos
villages
du
Woleu
Ntem
n’est
pas
le
fait
de
l’Etat,
mais
des
ressortissants
de
ces
villages
eux-­‐mêmes.
Ils
peuvent
utiliser
cet
appât
dans
d’autres
régions
peut-­‐etre,
mais
pas
au
Woleu-­‐Ntem.

IV
Arguments
environnementaux

Les
risques
environnementaux
liés
aux
investissements
d’OLAM
sont
énormes.
C’est
pourquoi,
nous
saluons
l’effort
du
Gouvernement
à
travers
l’étude
MCKinsey
(union
du
23
avril
2012).
Les
impacts
environnementaux
découlent
de
la
déforestation,
la
pollution
des
eaux
et
des
sols,
en
raison
de
la
mauvaise
gestion
des
engrais
et
des
déchets,
de
la
pollution
de
l’eau
autour
de
l’usine
d’engrais,
l’érosion
des
sols.
Nous
savons
que
ces
monocultures
sont
hautement
destructrices
des
écosystèmes
forestiers
et
source
d’un
déséquilibre
éco
systémique
grave.
S’agissant
des
pesticides,
OLAM
s’apprête
à
réaliser
à
Port-­‐Gentil
une
usine
de
fabrication
de
pesticides
pour
ses
futures
plantations.
Les
exemples
à
travers
le
monde
notamment
en
Indonésie,
en
Cote
d’Ivoire
et
au
Libéria
montrent
que
l’utilisation
de
ces
produits
a
augmenté
le
nombre
de
personnes
atteintes
des
cancers
et
autres
pathologies
graves.
Les
pesticides
et
autres
angrais
chimiques
contaminent
les
nappes
phréatiques
avant
de
finir
dans
les
rivières
et
les
fleuves.
Or
les
populations
de
ces
villages
boivent
l’eau
et
se
nourrissent
des
poissons
des
fleuves
NTEM,
BOLO,
NYE.
Le
manioc
qui
est
le
principal
élément
de
l’alimentation
des
populations
est
d’abord
trempé
dans
l’eau
avant
d’être
préparé.
OLAM
va-­‐t-­‐elle
créer
un
réseau
d’adduction
et
de
distribution
d’eau
potable
dans
tous
les
villages.
Cette
eau
à
rendre
potable
viendra
alors
de
quelle
rivière
ou
fleuve,
puisqu’ils
seront
tous
contaminés
 ?
La
plupart
de
ces
fleuves
se
jettent
dans
la
mer
au
Cameroun
ou
en
Guinée
Equatoriale,
les
populations
de
ces
pays
limitrophes
seront
également
exposées.
Nous
ne
sommes
pas
sur
que
ces
pays
accepteront
pendant
longtemps
la
contamination
de
leur
population
sans
réagir.
Après
MOUNANA
veux
t-­‐on
également
décimer
les
populations
du
WOLEU-­‐NTEM
 ?
S’agissant
de
la
faune
et
de
la
flore,
en
dehors
de
la
forêt
de
MINKEBE,
cette
zone
visée
par
OLAM
est
la
seule
forêt
de
BITAM

on
peut
trouver
encore
les
grands
primates
gorilles
et
chimpanzés
et
d’autres
espèces
protégées,
comme
la
panthère,
le
pangolin
géant,
le
chevrotain,
le
buffle
et
l’éléphant,
etc.
Transformer
la
zone
en
une
vaste
plantation
d’hévéa
signifie
l’extermination
de
ces
espèces
comme
en
Indonésie
pour
l’orang-­‐outang.
Il
se
peut
qu’OLAM
envisage
recenser
ces
primates
 !
Enfin,
OLAM
compte
réduire
les
émissions
de
CO2
en
valorisant
les
bois
commerciaux
et
les
bois
divers.
Cette
solution
reste
vague
car
elle
ne
précise
pas
ce
qu’elle
entend
par
valorisation
des
bois.
A-­‐t-­‐elle
également
un
permis
d’exploitation
du
bois
dans
la
zone
 ?
Nul
ne
le
sait.
OLAM
et
l’Etat
restent
muets
sur
la
question.
Et
pourtant
elle
veut
s’inscrire
dans
l’initiative
RSPO
(roundtable
on
sustainable
palm
oil)
dont
le
premier
principe
est
l’engagement
de
transparence
et
le
sixième,
le
respect
des
communautés.
Jusqu’à
présent
la
convention
signée
par
le
Gabon
et
OLAM
reste
inaccessible.
Nul
ne
sait
son
contenu.
Cette
asymétrie
d’informations
volontaire
donne
lieu
à
des
rumeurs
aussi
vraisemblables
que
les
autres.

V
Arguments
juridiques
et
fonciers

Du
point
de
vue
foncier,
OLAM
se
propose
de
laisser
aux
villageois
5
kms
à
la
ronde
de
leur
village
pour
qu’ils
puissent
continuer
à
faire
de
l’agriculture.
A
partir
de
quel
point
va-­‐t-­‐on
compter
les
5
kms
 ?
Un
rappel
sémantique
est
nécessaire
pour
comprendre
le
coté
pervers
de
cette
proposition.
Le
fang
désigne
par
« 
DZAA
 »,
le
village
dans
son
entièreté.
« 
DZAA
 »
signifie
éthymologiquement
« 
un
 ».
ADZA
signifie
remplir,
combler.
DZAA
prend
la
forme
d’un
espace
géographique
et
sociologique
présentant
les
contours
intégrant
de
manière
progressive
Nda,
Abaa,
Mvok
Nseng,
Akun,
Faa,
Ekoro
,
Elik,
Afane.
Cet
univers
physique
qui
constitue
l’espace
vital
et
entier
de
l’homme
fang
le
comble,
car
DZAA
est
le
tout
en
« 
un
 ».
La
solidarité
des
habitants
de
DZAA
les
unit
comme
un
seul
homme.
Un
village,
c’est
aussi
son
économie
basée
sur
l’exploitation
de
l’Ekorok
de
l’Afane
ou
de
l’Elik.
Les
deux
premières
composantes
du
village
représentent
les
lieux
par
excellence
du
droit
d’usage
coutumier,
un
droit
protégé
par
la
loi
16
/01
du
31
décembre
2001,
portant
code
forestier
en
république
gabonaise.
Ce
droit
est
menacé
et
violé
aujourd’hui.
Que
fait-­‐on
du
droit
des
peuples
à
jouir
de
leur
terre
 ?
Sommes-­‐nous
des
squatters
sur
nos
propres
terres
 ?
Nous
rappelons
également
à
OLAM
que
les
forêts
du
point
de
vue
coutumier
sont
la
propriété
des
tribus
et
des
familles.
Chaque
famille
sait
exactement
les
9
limites
de
sa
propriété.
Un
individu
seul
ne
peut
décider
de
la
cession
d’une
forêt
sans
l’accord
des
autres.
Dans
certains
villages
notamment
à
BIKONDOM,
BOLOSSOVILLE,
cohabitent
différentes
tribus
 ?
Chaque
tribu
sait
exactement

sont
ses
forêts
et
ne
peut
donc
en
conséquence
décider
pour
les
autres.
OLAM
en
n’allant
voir
les
chefs
de
village
ignore
que
ces
chefs
ne
peuvent
décider
en
lieu
et
place
des
fils
de
ces
tribus.
Ce
rappel
anthropologique
permet
de
comprendre
notre
argumentation
juridique
sur
la
question
foncière
soulevée
partout
au
Gabon
concernant
les
projets
d’OLAM
que
ce
soit
à
ESSASSA,
dans
la
NGOUNIE
ou
au
WOLEU
NTEM.
Elle
implique
d’une
part
les
groupes
segmentaires
dont
la
propriété
foncière
repose
sur
le
principe
de
la
primo
implantation
et
de
la
mise
en
valeur,
et
d’autre
part
l’Etat
qui
est
l’actuel
gestionnaire
et
propriétaire
des
terres.
La
loi
16/01
01
du
31
décembre
2001,
portant
code
forestier
en
république
gabonaise
est
celle
qui
protège
les
intérêts
de
uns
et
des
autres
en
matière
de
propriété
foncière.
Elle
divise
le
domaine
forestier
national
dans
son
article
5
en
un
domaine
forestier
permanent
de
l’Etat,
et
un
domaine
forestier
rural.
La
dite
loi
précise
(art
6)
que
le
domaine
forestier
permanent
de
l’Etat
est
constitué
des
forets
domaniales
classées
et
des
forets
domaniales
productives
enregistrées.
Il
est
précisé
que
ces
forets
sont
affectés
à
la
production
forestière,
à
la
protection
et
constituent
l’habitat
de
la
faune
sauvage.
On
comprend
bien
que
le
seul
domaine
forestier
qui
reste
exploitable
pour
l’Etat,
c’est
le
domaine
forestier
rural.
Or
le
code
forestier
stipule
en
son
article
12
que
le
domaine
forestier
rural
est
constitué
des
terres
et
forets
dont
la
jouissance
est
réservée
aux
communautés
villageoises,
selon
les
modalités
déterminées
par
voie
réglementaires.
En
d’autres
termes,
qu’elles
y
exercent
un
droit
d’usage
coutumier
(loi
16/01
 ;
chap
VI,
art
252-­‐261).
D’après
les
données
que
nous
avons
actuellement,
il
s’avère
que
le
domaine
forestier
sur
lequel
nous,
populations
du
Woleu-­‐Ntem
exerçons
nos
usages
coutumiers,
fait
l’objet
de
convoitise
et
d’expropriation.
Et
tout
usage
de
ce
domaine
forestier
sans
l’accord
et
la
participation
des
ressortissants
de
cette
province
est
considéré
comme
une
violation
de
la
loi
16/01
portant
code
forestier
en
République
Gabonaise,
causes
d’éventuels
conflits
entre
populations
et
opérateurs
économiques.
Il
existe
bien
une
carte
minière
délimitant
les
permis
miniers,
une
carte
forestière
délimitant
les
permis
forestiers
et
une
carte
délimitant
les
13
parcs
nationaux.
On
constate
malheureusement
qu’il
n
ya
aucune
carte
pour
les
permis
agricoles.
Ce
déficit
juridique
ne
peut
permettre
à
OLAM
d’exploiter
d’énormes
superficies
de
terre
surtout
dans
des
zones
à
densité
de
population
élevée.
Si
l’Etat
tient
à
son
projet
malgré
la
rentabilité
socio
économique
incertaine
comme
nous
l’avons
démontré,
qu’il
trouve
à
OLAM
des
zones
vides
à
l’intérieur
du
Gabon,
par
exemple
la
foret
des
abeilles,
la
forêt
de
Ndjolé,
la
zone
déserte
entre
MEKAMBO
et
OKONDJA
etc.
Fort
de
ces
arguments,
nous,
populations
de
BITAM,
MINVOUL
et
OYEM
disons
à
l’Etat
et
à
OLAM,

« 
nous
sommes
des
agriculteurs,
nous
ne
voulons
pas
devenir
des
ouvriers
agricoles,
ni
des
étrangers
sur
nos
terres
 ».

Collectif
des
ressortissants
des
villages
concernés
par
le
projet
OLAM
au
Woleu-­‐Ntem,
Gabon.

Porte
Parole
 :
Jean
Marc
Ekoh,
ancien
Haut-­‐Commissaire
du
gouvernement,
ancien
Ministre
de
Léon
Mba