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Les gabonais de France membres de « ça suffit comme ça » écrivent aux candidats à l’élection présidentielle française

D 25 décembre 2011     H 04:24     A Ça suffit comme ça !     C 0 messages


Mesdames, Messieurs,

A quelques mois des élections présidentielles françaises, nous, Gabonaises et Gabonais vivants en France, voulons saisir cette occasion historique pour vous inviter à relire le vent qui souffle dans le monde et mettre enfin la politique française en Afrique en harmonie avec les valeurs internationalement reconnues.

Depuis de nombreuses années déjà, des promesses démagogiques de bon nombre de politiques français ont allégué publiquement de rompre avec la Françafrique, sans jamais tenir leurs engagements. Au contraire, une fois élues, ces personnalités ont persisté dans la ligne de la françafrique, entre autres à travers la promotion incompréhensible d’une coopération fondée sur la République des mallettes, selon le titre du sociologue politique Pierre PEAN, usant et soutenant de manière consternante des mascarades électorales, validant ces votes antidémocratiques et concédant des dictatures en Afrique, écartant les candidats progressistes véritablement élus, et entretenant le silence sur des massacres des compatriotes comme ce fut le cas au Gabon pendant la dernière élection présidentielle de 2009. Des situations allant dans ce sens sont redondantes dans l’actualité politique aujourd’hui et nous interpellent tous. Voilà pourquoi nous contestons cette manière de coopérer avec l’Afrique et particulièrement ici, avec le Gabon. Nous condamnons solennellement ces pratiques concédons-le, qui rappellent les violences de l’époque coloniale. L’interventionnisme tous azimuts, le déni du Droit, les obstructions notoires au Développement économique, et au processus démocratique, tout ceci commande une Révision de cette coopération qui recolonise l’Afrique. Aussi souhaiterions-nous que dans vos différents programmes de campagne présidentielle, Mesdames et Messieurs les candidats, à nous présenter très clairement la politique Africaine et gabonaise de la France que vous comptez défendre.

De la sorte, nous attendons de vous une autre politique, une autre coopération, une autre manière d’échanger, qui rompe avec le schéma de surexploitation économique et d’obstruction politique constatées depuis au moins les années 1960. Ce schéma rétrograde a donné le résultat catastrophique que nous savons au sujet des échanges franco-africains. Il faut donc « déconstruire l’interventionnisme multisectoriel (politique, économique, militaire) qui heurte tant nos relations » comme le soutient le philosophe et politologue gabonais Grégoire Biyogo.
Permettez-nous de ne rien comprendre au fait que : au moment où le monde se mondialise, et où l’on appelle à l’universalité des modèles et des normes, la France, notre partenaire de toujours, ne parvienne pas à rompre avec la ligne coloniale de sa diplomatie africaine. Or, dans le même temps, le reproche est fait à l’Afrique de ne point normaliser son économie, ses institutions politiques… Le fait est que, si l’on doit équilibrer nos échanges, dans la perspective de la mondialisation des échanges, nous devons réellement engager ensemble une autre Histoire des échanges en renonçant à toute forme de domination et d’oppression, en mettant un terme au mouton noir qui jusqu’ici a écrasé l’Afrique, sans lui donner l’occasion de se développer.

Le phénomène de la mondialisation a suscité beaucoup d’espoir et n’est pas un vain mot pour nous Africains. Transformer le monde en un village planétaire était la façon la plus indiquée de mettre fin à aux égoïsmes et à l’impérialisme des anciens pays coloniaux devenus nos partenaires économiques. A ce qu’il semble, malgré l’impératif de développement des relations d’interdépendances équilibrée, des négociations interétatiques fondées sur la cogestion, malgré l’annonce d’une éventuelle prise de conscience commune matérialisée par la signature concertée de la charte des Nations Unies, des Accords de Cotonou et la Déclaration de Bamako, malgré la naissance d’un système international dans lequel les Etats se reconnaissent mutuellement, en nouant des rapports officiels sains et transparents, on peut malheureusement constater la persistance et la soif de la domination de certains Etats sur d’autres. Cette domination peut se lire à partir du jeu politique manifestement arbitré par les Etats du Nord, naguère décrié par feu Thomas SANKARA. De la Traite à la Colonisation, de la Colonisation aux nouvelles stratégies de domination économique, la France s’illustre encore aujourd’hui par une pratique impériale vétuste et contraire du tout au tout à son idéal de 1789, aux droits de l’homme et du Citoyen, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à jouir de la souveraineté de leurs votes et de leurs ressources naturelles.

Après ces années marquées par un triste commerce et par une exploitation économique inacceptable et sans discontinuité, un nouveau concept s’impose par-delà les promesses spécieuses et les slogans creux. Ces slogans politiques vides comme des coquilles, sans contenu réel, ajouté à cela l’instrumentalisation des « Institutions internationales ».
Ce constat accablant conduit aux interrogations suivantes : L’Afrique en général et le Gabon en particulier sont-ils en droit d’attendre de la France une autre politique des échanges à l’aune des présidentielles de 2012 ? Peut-on garantir formellement cette rupture et envisager une coopération plus juste et plus équitable ?
Les atteintes multiples aux biens, aux richesses, aux gabonais à chaque revendication populaire au Gabon et dans plusieurs Etats de l’Afrique francophone ont créé un sentiment anti-français et une très grande déception. Les images récentes relatives au martyre de Kadhafi comme celles de l’humiliation infligée à Gbagbo si fièrement diffusées dans le monde témoignent de l’équivocité de cette coopération ?
Invitant à des changements radicaux au sujet de l’avenir de la coopération entre la France, l’Afrique et le Gabon, nous, Gabonaises et Gabonais de France attendons une toute autre ligne d’échanges, de diplomatie et d’économie-monde.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, nos salutations distinguées,

Pour la coalition « ça suffit comme ça en France »

Bruno ONDO : E-mail ondomib@yahoo.fr
Christian MAYANDJI : E-mail cmayandji@yahoo.fr
Aurelie EYANG : E-mail aurelie.eyang@hotmail.com
Dr Bruno ELLA : E-mail tsir.ella@wanadoo.fr
Blanche SIMONY : E-mail blanche.simony@gmail.com

Source : http://www.koaci.com