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Réélection d’Ali Bongo au Gabon : Un nouveau hold up électoral qui débouche sur la violence

D 6 septembre 2016     H 05:50     A Europe Ecologie Les Verts (EELV)     C 0 messages


Ce mercredi 31 août, après quatre jours d’attente, le ministère de l’intérieur gabonais, sur la base des chiffres compilés par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) a proclamé la victoire du président sortant, Ali Bongo Ondimba : il aurait obtenu 49,8% des voix contre 48,23% pour son principal concurrent, Jean Ping. Cette victoire à l’arrachée a été obtenue dans des conditions vivement dénoncées par l’opposition. En effet, elle repose sur des résultats pour le moins miraculeux dans le Haut-Ogooué, l’une des neuf provinces du Gabon et fief de la famille Bongo : le taux de participation s’y élèverait à 99,93%, alors que le taux moyen est de 53% dans les autres provinces, et Ali Bongo y aurait obtenu 95,46% des voix.

L’invraisemblance de ces résultats a provoqué la fureur d’une partie de la population gabonaise et déclenché des émeutes dans plusieurs villes, notamment à Libreville et à Port-Gentil, respectivement capitales administratives et économiques du pays. Plusieurs édifices publics, dont le siège de l’Assemblée nationale, ont notamment été visés. Selon divers témoignages, ces manifestations ont été violemment réprimées et de nombreux morts ou blessés graves sont à déplorer. Plus d’un millier d’interpellations ont eu lieu dans tout ce petit pays d’à peine plus d’1,5 million d’habitants.

Le quartier général de l’opposition a également subi l’assaut à l’arme lourde de la garde présidentielle. Là encore, des morts et de nombreux blessés sont à déplorer. D’importants responsables de l’opposition et de la société civile ont également fait l’objet de détentions arbitraires et dégradantes, notamment Paul-Marie Gondjout, représentant de l’opposition à la Commission électorale, René Ndemezo Obiang, ancien ministre et directeur de campagne de Jean Ping, Zacharie Myboto, président de l’Union nationale, le principal parti de l’opposition, Didjob Divungui Di Ndinge, ancien vice-président du Gabon, Alexandre Barro Chambrier, président du Rassemblement Héritage et Modernité, qui regroupe d’anciens membres du parti au pouvoir entrés en dissidence ou encore Georges Mpaga, président du Réseau pour la Bonne Gouvernance (ROLBG). Si ces leaders ont fini par être libérés sous la pression de l’ONU et de la France, de nombreuses personnes sont encore en détention pour des motifs politiques qu’il s’agisse d’acteurs de la société civile comme Blanche Simonny Abeghe, de leaders syndicaux comme Jean-Rémy Yama ou de l’opposition politique comme Firmin Ollo Obiang .

En outre, Internet et les réseaux sociaux sont désormais coupés et Libreville est totalement bouclée par les forces de l’ordre et les blindés de l’armée.
Europe Ecologie Les Verts souhaite exprimer sa solidarité avec le peuple gabonais et sa lutte pacifique pour la démocratie.

EELV dénonce une nouvelle mascarade électorale après celle de 2009 qui a d’ailleurs amené Manuel Valls à reconnaître, il y a quelques mois, qu’Ali Bongo n’avait pas été élu « comme on l’entend », provoquant ainsi un incident diplomatique salutaire.

EELV, à l’instar de l’opposition gabonaise, du gouvernement français ainsi que de l’Union européenne, déplore le manque de transparence de l’élection présidentielle du 27 août dernier et demande que les résultats de celle-ci fassent l’objet d’une publication intégrale, bureau par bureau, afin de restaurer la confiance des Gabonais dans le processus électoral et dans son résultat final.

EELV se réjouit que, contrairement à la précédente élection présidentielle gabonaise de 2009 et contrairement à d’autres élections présidentielles qui se sont déroulées cette année en Afrique (Tchad, Congo, Djibouti,…), cette fois la communauté internationale, notamment la France, l’Union européenne ou les Etats-Unis, semble résolue à faire triompher la voix des urnes.

EELV espère que cette position annonce la fin d’années troubles et d’impunité liée, entre autres, au fait que les grands partis politiques français bénéficiaient de largesses financières du régime Bongo.

EELV appelle la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement gabonais afin d’apaiser la situation en mettant fin aux exactions contre les populations, en cessant les arrestations arbitraires et en libérant les membres de l’opposition et de la société civile encore emprisonnés pour des motifs politiques.

EELV demande également au Conseil de Sécurité des Nations Unies, à l’Union européenne et au Conseil de Paix de l’Union africaine de prendre au plus vite toutes les mesures nécessaires à la protection des populations.

Si les autorités gabonaises persistent à refuser de répondre aux demandes de transparence électorale et d’apaisement, EELV exhorte la communauté internationale, y compris l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), à ne pas reconnaître les résultats de cette élection et à prendre les sanctions appropriées.

Une réaction forte et déterminée de la communauté internationale au Gabon est nécessaire non seulement pour prévenir tout risque de dégradation irrémédiable de la situation interne du Gabon mais également pour éviter une dangereuse déstabilisation de la sous-région.

EELV rappelle que la dynastie Bongo, au cœur de la « Françafrique », au pouvoir depuis 49 ans, a détourné à son profit et à celui d’une minorité d’alliés les richesses du pays, notamment la manne pétrolière, au point d’accumuler des fortunes colossales alors que l’immense majorité de la population continue à vivre dans la misère. Ces détournements et ces captations opérés avec la complicité, entre autres, de grands groupes français (Total, Bolloré, Perenco, Areva, Eramet, Rougier…) se traduisent également par des catastrophes écologiques menaçant la vie des populations et la biodiversité.

La crise électorale gabonaise est au confluent des crises politique, sociale, économique et de gouvernance qui secouent ce pays depuis plusieurs années. C’est en aidant ce pays à répondre à l’ensemble de ces crises qu’on l’aidera à amorcer un véritable développement durable reposant sur une démocratie réelle ainsi que sur une gestion des ressources économiques et naturelles au mieux des intérêts des populations.