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Au Tchad, l’insécurité régionale accroît les besoins humanitaires

D 16 mai 2013     H 05:23     A IRIN     C 0 messages


NAIROBI - Le sud-est du Tchad est aux prises avec un afflux de réfugiés et de rapatriés, notamment en provenance du Soudan, à la suite d’affrontements interethniques [ http://www.irinnews.org/fr/Report/97447/Appel-pour-un-acc%C3%A8s-humanitaire-sur-fond-d-affrontements-dans-le-Nord-Darfour ] au Darfour, et de la République centrafricaine, depuis le coup d’État. [ http://www.irinnews.org/fr/Report/97732/Coup-d-%C3%89tat-sur-fond-de-crise-humanitaire-en-RCA ]

Au moins 74 000 personnes ont fui le Darfour pour se réfugier au Tchad ces deux derniers moins, 50 000 au cours de la semaine passée seulement. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), cela représente le plus grand afflux de réfugiés du Soudan vers le Tchad depuis 2005.

Vagues de réfugiés

En mars, une première vague de 24 000 personnes a quitté le Darfour et est arrivée à Tissi, une localité reculée de la région de Sila, au sud-est du Tchad. Sur ces réfugiés, 8 000 sont soudanais et 16 000 tchadiens. La plupart sont des femmes et des enfants.

« Sous chaque arbre, il y a des femmes et des enfants qui cherchent à se protéger du soleil », a dit à IRIN Abdellahi Ould El Bah, administrateur de programme du HCR en mission à Tissi.

Le personnel du HCR sur le terrain a dit avoir trouvé « les femmes et les enfants effrayés, épuisés, les yeux hagards ».

À Tissi, les services essentiels font défaut. « Les gens manquent de tout et vivent dans des conditions déplorables. Ils ont besoin de nourriture, d’eau et d’abris. Les gens sont obligés de boire l’eau de la rivière », a dit à IRIN Aminata Gueye, représentante du HCR au Tchad. « Ceux qui sont blessés ont besoin de soins, mais les dispensaires ou autres centres de santé de Tissi ne sont pas fonctionnels. »

L’accès à Tissi par les airs est impossible. Les travailleurs humanitaires doivent donc faire huit heures de route et traverser 21 oueds (cours d’eau saisonniers) pour s’y rendre.

Davantage de réfugiés sont attendus en raison de l’insécurité omniprésente. « Nous craignons une nouvelle vague de réfugiés dans les prochains jours, car l’on signale une persistance de la violence au Darfour », a dit Mme Gueye.

Plus récemment, des affrontements ont été rapportés entre les groupes ethniques Misseriya et Salamat à Um Dukhum, au Darfour. Des dizaines de morts ont été signalés.

Le 12 avril, le HCR a commencé la réinstallation d’au moins 8 000 réfugiés soudanais de Tissi dans les camps de réfugiés de Goz Amir et Djabal, dans la région de Sila. Cette réinstallation devrait faciliter la fourniture de l’aide aux nouveaux arrivants et améliorer leur sécurité.

Les autorités locales ont délivré quelque 100 tonnes de nourriture aux nouveaux arrivants et le HCR et ses partenaires ont coordonné les initiatives de secours d’urgence à Tissi.

Une population de réfugiés déjà importante

Ce nouvel afflux de réfugiés constitue un défi de taille pour le HCR, dont les ressources étaient déjà insuffisantes pour protéger et aider le grand nombre de réfugiés déjà présents au Tchad. Il y a quelques mois, le HCR et les gouvernements du Tchad et du Soudan avaient d’ailleurs entamé des discussions sur le retour des réfugiés soudanais au Darfour.

L’est du Tchad héberge déjà quelque 300 000 réfugiés du Darfour [ http://www.irinnews.org/Report/95863/SUDAN-CHAD-The-strains-of-long-term-displacement ]et plusieurs milliers d’autres de République centrafricaine. Selon les informations publiées le 6 avril [ http://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Central%20African%20Republic%20Humanitarian%20snapshot.pdf ] par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le Tchad a accueilli depuis décembre 2012 au moins 4 000 nouveaux réfugiés de République centrafricaine, en plus des 65 000 qui s’y trouvaient déjà.

Outre les nouveaux réfugiés, le Tchad est également aux prises avec le retour de centaines de ses ressortissants libérés des centres de rétention de Libye. [ http://www.irinnews.org/fr/Report/97628/Les-migrants-tchadiens-d%C3%A9plorent-les-mauvais-traitements-inflig%C3%A9s-par-les-autorit%C3%A9s-libyennes ]

« C’est avec une vive préoccupation que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) suit les crises migratoires qui se multiplient le long des frontières tchadiennes. L’OIM répond déjà à l’afflux de 1 200 migrants tchadiens extrêmement vulnérables de retour au Tchad après avoir été libérés des centres de rétention libyens », a dit à IRIN Qasim Sufi, chef de mission de l’OIM au Tchad.

« Parallèlement, l’OIM est en train d’apporter des secours vitaux, dont le transport vers leur localité d’origine, à plus de 17 000 migrants tchadiens [qui] fuient les violences interethniques au Soudan et qui arrivent dans des villages frontaliers reculés du Tchad sans aucune ressource. »

Épidémie de rougeole

L’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) soigne les blessés à Tissi. Les cas les plus graves sont cependant transférés aux hôpitaux de Goz Beida ou Abéché.

Les équipes de MSF sont également en train d’essayer d’enrayer une épidémie de rougeole dans les environs. « À Saraf Bourgou, notre équipe a diagnostiqué 35 cas de rougeole, soit 25 % des patients vus en consultation », a dit Alexandre Morhain, chef de mission de MSF au Tchad. « La maladie y a déjà tué sept enfants, dont cinq avaient moins de cinq ans. » [ http://www.msf.fr/actualite/articles/tchad-plus-10-000-refugies-tissi-en-quelques-jours ]

Une campagne de vaccination contre la rougeole devrait être lancée à Tissi et des cas de malnutrition sévère aiguë et d’urgences pédiatriques sont également pris en charge.

Selon MSF, la situation des réfugiés à Tissi est précaire alors que les premières pluies approchent. « Il faut agir vite, dans deux mois, il sera impossible d’accéder à cette région par la route. »

Source : http://www.irinnews.org