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Tchad : Déclaration de l’opposition sur les élections législatives

D 9 mars 2011     H 16:02     A     C 0 messages


Les partis politiques ci-après cités :
 ACTUS
 AND
 CDF
 CTPD
 FAR/PD
 FAR/PF
 FPD
 PDI
 PLD
 RPT
 URD

Se sont réunis ce matin pour échanger sur le déroulement des législatives du 13 février 2011.

Des constats faits sur le terrain, il ressort ce qui suit :

1- La non identification des Bureaux de vote

La CENI n’ayant pas au préalable publié la liste complète des Bureaux de vote comme le dispose l’article 38 du Code électoral, de nombreux électeurs ont erré toute la journée sans retrouver les Bureaux où ils sont rattachés.

Ce désagrément aurait pu être atténué si la liste des électeurs de chaque Bureau était affichée devant ce Bureau dans les délais prescrits par le Code électoral ; cela n’a pas été le cas.

2- La non disponibilité des matériels électoraux

De nombreux bureaux de vote se sont trouvés sans matériel électoral (bulletins de vote, urne, liste d’émargement etc…) de telle sorte que les électeurs recensés pour ces bureaux n’ont pu voter.

De même, de nombreux bureaux de vote se sont trouvés sans liste d’émargement. Ces listes se baladant ailleurs.

Dans certains cas, suite à des interventions pressantes et diverses, ces bureaux manquant de matériel n’ont pu ouvrir que très tardivement, parfois après 15h.

3- La distribution et détention désordonnées des cartes d’électeur

La distribution des cartes d’électeur s’est faite dans un désordre total. Chacun est appelé à fouiller sa carte dans le tas.

Des dizaines de cartes vierges circulent. Plusieurs doublons ont été saisis. Certains électeurs ont pu voter plusieurs fois pour les candidats MPS, contre récompense.

4- La non remise des Procès verbaux aux délégués des partis en compétition.

Non seulement les Présidents de nombreux Bureaux de vote refusent de procéder aux décomptes des voix dans la journée alors que tous les électeurs inscrits ont fini de voter, ils refusent également de remettre aux délégués les copies des procès verbaux comme prévu par la loi. Soit qu’ils disent qu’il n’y en n’a pas assez (argument bizarre), soit qu’ils demandent aux délégués de repasser les chercher le lendemain (bizarre également).

La fiabilité des résultats est de ce fait sujette à caution.

5- Le nombre élevé de bulletins nuls

Les responsables des Bureaux de vote ont des interprétations disparates des critères de validation des votes. Ceci entraine un nombre élevé de bulletins nuls qui atteignent, voire dépassent le nombre de suffrages exprimés.

6- La non sécurisation des urnes

Alors que la loi exige la mise sous scellé des urnes contenant tous les bulletins jusqu’à la fin des délais de recours, de nombreuses urnes ont été détruites, leurs contenus brûlés. D’autres ont été emportées dans des domiciles privés.

Ce qui rend hypothétique le recomptage des voix souvent nécessaire du fait des critères disparates de validation des votes.

7- Les violations de la loi et du Code de Bonne conduite par le MPS

Les responsables du MPS et de l’Administration territoriale, au grand jour :

 Distribuent de l’argent aux Chefs de canton et de village, ainsi qu’aux responsables de Bureaux de vote et Délégués, demandant en contrepartie de faire en sorte que les voix de leurs candidats soient les plus élevées ;

 Menacent de destitution ceux des Chefs qui feraient pas montre de zèle dans l’embrigadement des populations de leurs zones respectives ;

 Se présentent dans les Bureaux de vote et/ou aux abords pour intimider les électeurs et orienter leurs choix.
Cette énumération, non exhaustive, n’honore pas notre pays et surtout ses dirigeants à travers le MPS, parti au pouvoir.
De ce qui précède, les partis politiques ayant pris part à la concertation de ce mardi 15 février 2011 à Moundou se réservent le droit de récuser les résultats de ces législatives, qui ne sont ni plus ni moins qu’une mascarade électorale.

Ils demandent à toutes leurs structures de relever toutes les anomalies et entorses à la loi et au Code bonne conduite observées lors de ce scrutin.
Ils exhortent les partis politiques n’ayant pas pu prendre part à cette concertation à se joindre à eux.
Ils enjoignent l’ensemble des partis politiques réellement engagés dans la consolidation de la démocratie et la construction de l’Etat de droit, à coordonner leurs actions au niveau national.

Ils demandent aux observateurs nationaux et internationaux de faire preuve de plus de pertinence dans leur travail et de relever sans complaisance tous les écarts par rapport aux normes universelles des élections libres, transparentes et démocratiques.

Ils demandent aux démembrements de la CENI et à la CENI plus de rigueur dans la lecture du déroulement de ce scrutin.
Les partis politiques de la concertation appellent l’ensemble des démocrates tchadiens à plus de détermination pour sauver notre pays d’une dérive vers un parti unique, un parti-Etat, socle d’un régime de dictature implacable.

Fait à Moundou, le 15 février 2011