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Compte rendu de la Conférence-débat sur la situation post- électorale à Djibouti

organisée par l’Association d’Entraide Afrique Sarthe au Mans le 7 Mai 2011

D 16 mai 2011     H 12:50     A Hassan Houssein     C 0 messages


Rencontre de l’opposition djiboutienne

Une centaine de personnes (démocrates djiboutiens, français et africains) venues de diverses régions de France, de la Belgique, de l’Allemagne et de la Grande Bretagne, ont participé à ce grand débat sur la situation politique et des Droits humains à Djibouti.

Cette conférence a été un franc succès par la qualité des intervenants, la richesse des débats, le soutien dont elle a bénéficié et par ses conclusions.
La salle de conférence de la Maison Pierre Perret du Mans était comble. Parmi les personnalités présentes, figuraient l’eurodéputé et dirigeant socialiste Stéphane Le Fol, l’opposant djiboutien Mohamed Moussa Aïnaché, le porte-parole de l’Intersyndicale UDT/UGTD, Mohamed Doubad Waiss, le président du FRUD, Mohamed Kadamy , le président du MRD, Daher Ahmed Farah, le responsable de l’association organisatrice, Hassan Mokbel, par ailleurs secrétaire aux relations extérieures du FRUD, le doyen Yahia Soumadé qui a fait le déplacement de l’Allemagne, le président de l’Association pour la Démocratie et le Développement (ADD), Ahmed Kassim Issé, celui de l’Association Djibouti-Bretagne (AJIB), Mohamed Habib Abdourahman dit Amigo, ainsi que Hachin Loïta Ahmed qui dirige lui aussi une structure associative dénommée Iskoutir. Pour sa part, le président de l’UAD, Ismaël Guedi Hared, a envoyé un vibrant message de soutien à la conférence et remercié les organisateurs. Empêché par un contretemps de dernière minute, le président d’ACP (Association Culture & Progrès), le belge Dimitri Verdonck, s’est excusé et nous a transmis le texte de son intervention.

Au nom de l’AEAS, Hassan Mokbel, a ouvert la conférence par une allocution introductive et a souhaité la bienvenue aux participants et autres invités. Il a indiqué qu’une telle réunion était nécessaire et tombait à point nommé après les manifestations populaires férocement réprimées et l’élection mascarade du 8 avril.

Il a été suivi de l’eurodéputé Stéphane Le Fol qui a exprimé son plaisir d’être invité et dit son soutien à la cause de la démocratie à Djibouti. Il a souligné que l’on ne pouvait transiger sur les principes démocratiques. Il a condamné l’attitude du pouvoir qui « use de tous ce qui est détestable pour bafouer la démocratie ».

Avant de prendre sa place de modérateur, Mohamed Moussa Ainaché a fait une courte intervention pour dénoncer l’impasse politique actuelle à Djibouti. Il rappelle le contexte international. A l’heure du « Printemps du monde arabe », des manifestations ont eut lieu à Djibouti. Sévèrement réprimées, elles attestent d’une volonté populaire de changement. Mais, ce changement n’aura pas lieu sans l’aide indispensable de la diaspora djiboutienne.

La transition est toute trouvée pour entrer dans le vif du sujet et aborder le thème suivant concernant la marge de manœuvre de la société civile le rôle et la place de la diaspora.

M. Aïnaché a rappelé l’agenda et les enjeux. Conformément au programme, il a d’abord donné la parole au porte-parole de l’Intersyndicale UDT/UGTD, Mohamed Doubad Waïss. Celui-ci a montré à quel point le mouvement syndical est muselé à Djibouti. Il a estimé qu’il fallait aller plus loin qu’un simple constat et a fait part d’une forte aspiration à la démocratie des syndicats. La balle est dans le camp des politiques, c’est à eux de réaliser au plus vite l’unité de toutes les forces, particulièrement entre l’opposition civile et la résistance a-t-il ajouté.

Ahmed Kassim Issé lui a succédé, s’exprimant au nom de l’ADD (association pionnière de la diaspora), qui a participé à la mobilisation en France contre le 3ème mandat de Guelleh . Pour rendre plus efficace la contribution de la diaspora, il a plaidé pour la mutualisation des actions. Il a souligné l’importance de devoir de mémoire pour la diaspora djiboutienne par la commémoration de massacre d’Arhiba, initiée depuis 1992 par cette association. Il a aussi appelé à l’unité des forces démocratiques.

Répondant au dernier thème de la conférence : état de la situation post-électorale et perspective de lutte à Djibouti, sont ensuite intervenus Daher Ahmed Farah et Mohamed Kadamy. Ils ont évoqué la très préoccupante situation politique et des droits de l’Homme prévalant à Djibouti, situation qui appelle plus que jamais une accélération de la mobilisation nationale contre la dictature. Ils ont vivement réaffirmé leur attachement à l’unité des forces démocratiques autour d’une plateforme crédible pour débarrasser le pays de ce système prédateur et mafieux.

Ils ont aussi dénoncé les violations des droits Humains : arrestations arbitraires, tortures, viols, ratissages et utilisations des civils comme bouclier humain au Nord.

Puis il a été donné lecture par Hassan Mokbel du message du président de l’UAD, Ismaël Guedi Hared.

De France plusieurs autres messages de soutien à la conférence ont été envoyés : Ali Coubba président d’Ugutta-Toosa a indiqué qu’ « il y a urgence à créer une opposition démocratique unie et forte. Il y a urgence à apporter notre contribution à la lutte armée », HAMADOU ALI BEN ALI, représentant du Parti Djiboutien pour le Développement (PDD membre de l’UMD) en Europe, a estimé quant à lui que l’obscurantisme politique de Guelleh doit être sans cesse dénoncé et combattu. Au nom du comité de l’Association Entraide Franco-Djiboutien de LYON (AEFDL) Dr Mohamed Houmed Ali a envoyé un message de soutien.

Les débats qui ont suivi, ont été très animés, et très riches en dépit d’une large convergence de vue sur la plupart des sujets. Plusieurs participants et responsables associatifs tels Abdourahman Mohamed, Hachi Loïta, Abdo Omar, Ahmed kassim, Hassan Mokbel se sont exprimés .Ils ont tous abondé dans le même sens, à savoir la nécessité impérieuse de l’union des démocrates djiboutiens, balayant les dernières réserves ou réticences par rapport à la légitimité de la lutte armée.

La conférence du Mans du 7 mai fut un moment fort pour l’opposition djiboutienne et pour tous ceux qui œuvrent pour un changement en République de Djibouti. La quête de l’unité de toutes les composantes de l’opposition était au cœur du débat, dans la foulée de l’esprit unitaire de la manifestation de 18 février.

Les débats ont permis de dégager un consensus sur plusieurs points :

1) Les participants ont unanimement déclaré que l’élection présidentielle du 8 avril est nulle et non avenue,

2) Ils ont demandé la libération immédiate et sans condition des prisonniers politiques détenus à Djibouti, ainsi que les jugements des tortionnaires et des violeurs,

3) Ils ont lancé un appel urgent pour l’unité des forces démocratiques djiboutiennes autour d’une plate forme politique crédible, et pour l’unité des associations djiboutiennes en France.

Fait au Mans, le 13 mai 2011

Pour l’AEAS : Hassan Houssein