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Djibouti : Guelleh plie devant Halima : la résistance et la solidarité payent !

D 5 octobre 2010     H 04:45     A Pierre Sidy     C 0 messages


Ismail Omar Guelleh se
comporte comme un
preneur d’otage ! Faute de
pouvoir interpeller
Mohamed Keiro qui a
rejoint les rangs du FRUD
(Front pour la restauration
de l’unité et de la
démocratie), les autorités
se sont acharnées sur son
épouse Halima Bil’a
(35 ans), l’ont fait arrêter
avec ses quatre enfants le
17 avril à Medeho (Mablas)
par les forces de sécurité sur ordre du responsable de la
Sécurité de la région Nord de Djibouti.
Halima, malade, et ses enfants âgés de un à neuf ans, ont
été détenus, d’abord dans l’enceinte d’un camp de police à
Djibouti-ville avant d’être transférés, le 5 juin, à la prison de
Nagade dont les mauvaises conditions de détention (notamment
son hygiène déplorable) sont réputées. Selon l’ORDHD
(Observatoire pour le respect des droits humains à Djibouti),
« en temps de guerre, ce type de pression sur des populations
civiles relève du crime de guerre. Et si Djibouti n’est pas en
guerre, les autorités ne peuvent retenir sous les verrous des
personnes proches (encore moins des mineurs) d’un suspect
sans qu’elles se soient vu signifier les accusations portées
contre elles » (22 juillet). L’emprisonnement de Halima était
arbitraire : elle n’a été inculpée d’aucune infraction et n’a à
aucun moment eu accès à un avocat.
Le 2 août, Halima et ses enfants ont été transférés dans un
camp de police d’Obock, où les conditions de détention sont
moins dures qu’à la prison de Nagade. En fait, le pouvoir était
contraint de reculer car, d’un côté, le FRUD grignotait du terrain
et, de l’autre, la campagne (impliquant Femmes solidaires,
l’AFASPA, ORDHD et Les Nouvelles d’Addis mais aussi
l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) et la Ligue
internationale des femmes pour la Paix et la Liberté, Afriques en
lutte etc.) pour dénoncer l’emprisonnement arbitraire d’Halima
et de ses enfants battait son plein depuis juillet. Le 19 août,
Halima et ses enfants étaient libérés.
En fait, les soldats de Guelleh ratissent depuis longtemps les
régions montagneuses de Margoïta, Mablas, Bouya, (Districts
d’Obock et de Tadjourah), zone très stratégique aux confins des
trois frontières Erythrée/Ethiopie/Djibouti et abritant des
éléments du FRUD : arrestations arbitraires, tortures, exécutions
extra-judiciaires et exactions diverses pour terroriser des civils
dont le seul tort est d’habiter une région rebelle. Dans le district
d’Obock, où la population et des notables ont manifesté avec
courage devant le commissariat pour réclamer la libération de
civils, l’armée impose, depuis le 12 juillet, le rationnement de
denrées de première nécessité (farine, sucre, riz etc.) :
l’opération est directement coordonnée par le président de la
République, Guelleh, lui-même.
On ne lâche pas. La mobilisation a fait reculer le pouvoir
dans le « cas Halima » de violation des Droits humains. La
mobilisation aura aussi à faire condamner la répression contre
les civils, faire libérer les personnes arrêtées arbitrairement,
exiger sanctions contre les militaires coupables d’exactions
contre des civils… et faire vite que Mohamed Ahmed dit Jabha,
militant politique, détenu à la prison de Gabode et torturé, ait
accès aux soins et à un procès juste et rapide.

Pierre Sidy