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DJIBOUTI : Quand les mûrs s’opposent à la dictature de Guelleh

D 19 novembre 2012     H 05:07     A Fazak Fastol     C 0 messages


Le peuple veut, avec la plus grande discrétion bien sûr, que
son propre sentiment de mécontentement à l’égard du
pouvoir dictatorial en place ne se paie pas que de mots. Il
veut un vrai changement. Il réclame un régime, sans rapace ni
vorace, soucieux de la situation déplorable dans laquelle il vit au
quotidien. Un quotidien qui, il faut l’avouer, semble bien
compromis sous l’ère IOG. De toute évidence, le courant n’est
guère passé entre ce dictateur et le peuple qu’il opprime depuis
des décennies.

En l’absence de liberté d’expression, il n’est pas rare pourtant de
voir certaines langues commencer se délier pour justement
délégitimer le régime dictatorial de monsieur Ismaël Omar
Guelleh. Des environs de Balbala au terminus, place Mahamoud-
Harbi, les murs qui longent le boulevard Hassan Gouled Aptidon,
axe principal de la capitale, sont devenus les cahiers de doléance
d’un peuple meurtri par la mal gouvernance et le népotisme.

Dans la ligne des graffitis et des dessins critiques qui ont animé la
révolution arabe, les Djiboutiens se sont mis, eux aussi mais
d’une autre manière, à se faire entendre grâce à leurs murs. Ainsi
peut-on lire : « Non au troisième mandat » en réponse à la
réélection contestée et rejetée du dictateur. Sur un autre, la
population ironise : « Monsieur le président, vous êtes bon
président mais aussi un vrai menteur. »

Les habitants du quartier d’Arhiba sont experts dans ce genre
d’exercice et avec un mur de plus d’un kilomètre de long, il faut
dire que ce quartier courageux a la place d’exprimer son rejet de
la dictature. Parfois, comme si les murs ne suffisaient pas, le
bitume des voies publiques sert de tableau.

Pour contenir cette pratique qu’il juge inacceptable, le régime est
obligé de repeindre ces murs après chaque publication,
épisodiquement. Il n’hésite pas non plus à surveiller de près ces
derniers et à punir sévèrement et violemment ceux qu’il surprend
en flagrant délit. Mais le peuple ne l’entend point de cette oreille.

Pour preuve, cette inscription « U. A. D », en hommage à la
coalition de l’opposition, Union pour l’alternance démocratique,
juste en face de la direction générale de la police nationale et à
deux pas d’une annexe du parti RPP au pouvoir, qui semble
illustrer la volonté du peuple de défier la dictature.

Par delà de ces paroles de murs, une chose est sûre : le régime
est loin de prendre l’opinion publique à témoin à l’approche des
échéances électorales visant à renouveler le mandat des
parlementaires.

Fazak Fastol