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Burkina Faso : A PROPOS DES MESURES SOCIALES DU GOUVERNEMENT ET DES COUPURES D’EAU ET D’ELECTRICITE

déclaration de la CCVC

D 12 mai 2014     H 05:38     A     C 0 messages


Travailleuses, travailleurs, populations du Burkina Faso,

Peuple du Burkina Faso,

A la suite d’un Conseil des ministres extraordinaire tenu le 24 mars 2014, le gouvernement burkinabè a annoncé une série de mesures en faveur de certaines couches de la population. Le coût de ces mesures a été estimé d’abord à 110 milliards, ensuite à 117 milliards de francs. A partir du 7 avril, des missions du gouvernement ont sillonné les 45 provinces du pays pour « expliquer les nouvelles mesures sociales et recueillir les observations et recommandations des bénéficiaires afin d’améliorer la mise en œuvre ».

La Coalition Nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, l’impunité, la fraude et pour les libertés (CCVC) à travers la présente déclaration, donne son opinion sur lesdites mesures et interpelle le gouvernement sur les coupures d’eau et d’électricité qui se succèdent et s’aggravent depuis janvier 2014. Sur les mesures sociales

La CCVC observe que :
 Le gouvernement opère un amalgame entre un ensemble de mesures qu’il a unilatéralement décidées et la mise en œuvre de la nouvelle grille indemnitaire, issue de longues négociations avec le mouvement syndical et qui constitue une réponse à une vieille revendication des organisations syndicales que le gouvernement s’est engagé à satisfaire en 2012 avec une échéance qui était fixée au 30 juin 2013. Cette manipulation tente d’occulter l’action syndicale et ainsi de présenter la mesure comme un cadeau octroyé par le gouvernement aux travailleurs ;
 Au profit des retraités, le gouvernement a annoncé des visites médicales gratuites pourtant déjà budgétisées et assurées par la CARFO et la CNSS. Il annonce en outre l’octroi d’un mois de pension à propos duquel le président de l’Association des Retraités a déclaré que les retraités auraient préféré une augmentation même faible de la pension ;
 Hormis la nouvelle grille indemnitaire qui du reste est un acquis des syndicats, les autres mesures constituent des réponses conjoncturelles et la logique de telles mesures, c’est qu’elles doivent être reconduites chaque année. Toute chose qui traduit un manque de planification et surtout une absence de vision et de démarche claires pour une résolution durable des problèmes que vivent les populations ; du reste, il ressort des comptes-rendus de la presse que les populations demandent au gouvernement de pérenniser les récentes mesures en les inscrivant dans le budget de l’Etat !
 Concernant particulièrement l’emploi, il convient de noter tout d’abord qu’il constitue une préoccupation majeure pour la jeunesse et l’ensemble des populations. La preuve en a été encore donnée tout récemment avec les foules immenses de jeunes qui se sont constituées à l’occasion du dépôt des dossiers de recrutement d’opérateurs de kits de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), occasionnant des troubles au stade municipal de Ouagadougou. En effet, si les bousculades pour l’obtention d’emplois temporaires de deux ou trois mois témoignent de l’acuité du besoin d’emploi des jeunes, elles posent aussi et surtout la nécessité de trouver des solutions structurelles à cette épineuse question.
 Au niveau des universités, le doublement du nombre de bourses est sans doute intéressant pour les bénéficiaires des mille (1000) nouvelles bourses, de même que les 300 filles attributaires des bourses spéciales. Mais il convient de rappeler que les universités burkinabè comptent plus de 80 000 étudiants dont la grande majorité est issue de familles pauvres. Et c’est à la faveur des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) que le contingentement des bourses a été instauré, excluant de milliers d’étudiants méritants du bénéfice de la bourse.

A l’évidence, les solutions apportées par les mesures sociales demeurent pour l’essentiel conjoncturelles et présentent un caractère populiste alors que les problèmes d’éducation, de santé, d’emploi, d’énergie sont structurels et commandent une planification rigoureuse avec des objectifs précis. Par ailleurs, le tapage autour de ces mesures pourrait entraîner un renchérissement du coût de la vie du fait des illusions que l’évocation des milliards de francs peut installer dans l’esprit des commerçants et des bailleurs. Sur les coupures d’eau et d’électricité

Pendant que le gouvernement annonce et médiatise ses mesures tape-à-l’œil, des coupures d’eau et d’électricité frappent durement les populations.

Dans de nombreuses localités, les populations sont confrontées à de multiples et longues coupures d’eau. La conséquence, c’est que les ménages sont obligés de veiller pour espérer avoir de l’eau ou alors, elles ont recours à de l’eau non potable, ce qui les expose à des maladies et même à des épidémies.

Au niveau de l’électricité, ce qui est frappant et inacceptable, c’est que l’insuffisance de l’offre énergétique est posée depuis plus d’une décennie. Or, l’électricité constitue aujourd’hui un besoin fondamental pour l’activité économique et pour le bien-être des populations. Qu’il s’agisse des soudeurs, des vendeurs de produits conservés au frais (vendeuses et vendeurs d’eau, de produits laitiers, de poissons et de viandes, etc.), des élèves et étudiants, des gérants de cybers ou de moulins électriques, etc., tous ces travailleurs subissent durement les effets des coupures : impossibilité de travailler, d’étudier ou de vendre, destruction complète de leurs produits ou matériel, etc. La situation est d’autant grave que les coupures peuvent durer jusqu’à onze (11) heures de temps. Pour y faire face, beaucoup de sociétés, de services et de particuliers ont dû acquérir des groupes électrogènes, avec un impact financier important sur leurs budgets. En dépit des dommages et des désagréments subis par les abonnés, ils sont obligés de payer les factures sans aucune possibilité de recours. Et la SONABEL annonce que cette situation durera jusqu’en Juin !

Travailleuses, travailleurs, populations du Burkina Faso,

Les tentatives d’explications de nos autorités, confuses, désordonnées et contradictoires, servies à longueur d’années aux populations et même à l’Assemblée Nationale ne sauraient tenir lieu de justification, ni d’excuses. L’électricité n’est pas un luxe et les coupures d’électricité ne sont pas une fatalité. La crise énergétique que notre pays vit depuis des années est l’illustration de l’irresponsabilité de nos dirigeants, de leur incapacité à répondre aux besoins fondamentaux des populations. Quand on considère que la SONABEL ne comptait que 436.250 abonnés en 2012 dont 208.639 pour la seule ville de Ouaga, on mesure le déficit en matière d’accès à l’électricité.

En réalité, malgré les discours démagogiques, le Burkina demeure un pays arriéré et dépendant, soumis aux injonctions du FMI et de la Banque Mondiale. Il nous souvient par exemple qu’au mois d’avril 2012, alors que le gouvernement de Monsieur Luc Adolphe TIAO procédait à une augmentation du prix du litre d’essence de 50F CFA, madame Laure REDIFER, chef d’une mission du FMI qui a séjourné au Burkina Faso, s’était autorisé à qualifier cette décision de « difficile et courageuse ». Ces propos avaient choqué et révolté, même si à la question de savoir si le FMI avait influé sur la décision d’augmentation, la chef de mission avait répondu en substance : « Nous donnons des conseils et c’est aux gouvernements de prendre les décisions. »

Voilà qui met en exergue le fait que notre pays ne maîtrise ni la conception, ni la mise en œuvre des orientations politiques, économiques et sociales. Celles-ci sont dictées par les grandes puissances, le FMI et la Banque Mondiale à travers les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) mués en Cadres Stratégiques de lutte contre la Pauvreté (CSLP) et aujourd’hui en Stratégie de Croissance accélérée et de Développement Durable (SCADD).

Face aux préoccupations majeures que constituent les coupures d’eau et d’électricité, mais aussi les problèmes de chômage massif de jeunes, de santé et d’éducation, la Coalition Nationale de lutte Contre la Vie Chère, la corruption, l’impunité, la fraude et pour les libertés (CCVC) appelle les burkinabè des villes et des campagnes à se mobiliser pour exiger du gouvernement la satisfaction de leurs droits à l’eau et à l’électricité.

Pour ce faire, les structures de base de la CCVC (au niveau des régions, des provinces, des localités, des arrondissements, des quartiers et villages, des associations et syndicats membres) sont invitées à tenir des Assemblées Générales de sensibilisation et de mobilisation sur ces questions.

NON AUX MESURES TAPE-A-L’ŒIL !

NON AUX COUPURES INTEMPESTIVES D’EAU ET D’ELECTRICITE !

VIVE L’ACTION CITOYENNE POUR LA PRISE EN COMPTE DES PREOCCUPATIONS POPULAIRES !

Ouagadougou, le 15 avril 2014

Pour la Coordination Nationale, le Bureau :

P/Président : Bassolma BAZIE (SG / CGT-B), 1er Vice-Président : Chrysogone ZOUGMORE (Président/ MBDHP), 2ème Vice-Président : Tahirou TRAORE (Secrétaire Général/ SYNATEB), Rapporteur : Jean Claude MEDA (Président /AJB), Rapporteur : Olivier G. OUEDRAOGO (SG /CSB), Rapporteur : Patrice ZOEHINGA (Président /UGEB), Chargé des finances : Claude WETTA (SE /REN-LAC), ORGANISATIONS MEMBRES DE LA CCVC

CGT-B – CNTB – CSB – FO/UNSL – ONSL – USTB – SAIB – SAMAE – SATEB – SNEAB – SNESS – SYNATEB – SYNATIC – SYNTAS – SYNTRAPOST – SYNAPAGER – SYNATIPB – SYNATRAD – SYSFMAB – SYNATEL – UGMB / ACAT-BURKINA – AECC – AJB -AS/KEBAYINA /FB – CODDE – LDLP – LIDEJEL – MBDHP – MBEJUS – ODJ – REN-LAC – SOCIAL/ALERT – UGEB