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Burkina Faso : Drôle de ‘’médiation’’ de Macky et Boni Yayi

D 29 septembre 2015     H 13:00     A Ababacar Fall-Barros     C 0 messages


Il ne manquait, parmi les propositions de Macky Sall et de Boni Yayi, que le retour de Blaise à la Présidence du Faso. Car elles étaient tellement tirées par les cheveux qu’elles ont du même perturber le camp des putschistes.

Amnistier des assassins, les armes fumant, du R’’S’’P(Régiment de Sécurité du Président…Blaise), permettre ce bloc de tueurs de, régenter la vie politique du Burkina, mettre le Code Electorale au rencard et valider tous les candidats du Cdp, rien que cela suffirait pour ouvrir un boulevard puis préparer le retour de l’ami de Ouattara et provoquer du rififi à Ouagadougou et dans tout le Burkina. Mais, à qui voulaient faire plaisir nos deux compères commis expéditionnaires de la ‘’Françafrique’’ new look ? Le fait que nos deux chefs d’Etat se soient précipités pour formuler des propositions aussi biscornues, alambiqués et tordues, montre que quelque chose était déjà en gestation dpuis la chute de Blaise, cet autre ‘’Médiateur’’ attitré de la Francophonie déchu, tapis à Abidjan, les 30 et 31 octobre 2014. Cette précipitation se vérifie aisaiment ( il se dit les textes étaient déjà élaborésn avant l’arrivée des ‘’médiateurs’’), car ce qui a été présenté comme des ‘’propositions’’, a été ‘’entériné’’, dès les premières heures de leur formulation, par certains médias et milieux d’affaires néocolonialistes ; francophiles.

Et on est quelque peut, étonné du strabisme de certains de nos compatriotes, analystes ou commentateurs qui gardent le silence sur les ‘’faits d’armes’’ des Eyadema, Deby et leurs semblables et sortent subitement de l’ombre, lorsqu’il s’agit de ‘’droits démocratiques, de droits de l’homme’’.

Et la première curiosité observée dans la démarche de nos ‘’présidents-médiateurs’’, c’est le fait d’avoir isolé le président Kafando (otage en résidence surveillé) et son Premier, gardé dans un cachot, durant toutes leurs tractations, pour venir les consulter après ‘’service fait’’. Rien que cela, ruine et décrédibilise les explications de notre ministre des affaires étrangères, à propos de l’aval supposé de Kafando, au sujet d’un supposé projet ‘’d’Accord’’ que lui aurait ‘’soumis les médiateurs’’.

Une autre précipitation et non des moindre : En visite au Maroc, François Hollande, a, bizarrement, salué dans un communiqué ‘’l’investissement personnel dans la résolution de la crise politique au Burkina Faso’’. Allant très vite en besogne dans ce tohubohu, il annonce tel un enseignant du primaire, s’adressant à ses élèves, et promet aux uns et aux autres, des menaces ou des sucettes. Cependant, là où il affecte aux commis expéditionnaires, une note de ‘’19,99’’, les Burkinabé, eux, leur file la note de ‘’00,75’,’ obligeant ainsi la CEDEAO à déchirer leur projet d’accord (selon l’expression du quotidien l’As du 23 au 27 sept. 2015). Cela, au moment même où l’Union Africaine (avec une belle Renaissance), assène l’estocade à ce stupide ‘’Accord’’ qui faisait la part belle aux ‘’terroristes’’ putschistes, pour reprendre les termes de son porte parole. A partir de là, ceux qui étaient, chez-nous au Sénégal, prêts à politiser bêtement ‘’le Burkina’’ pour des raisons politicienne de ‘’deuxième mandat’’, ont eu le le triomphe modeste, les obligeant, certainement, à ranger dans la caisse tout projet d’ ‘’Accueil Triomphal historique’’.

Maintenant que les Burkinabe, les démocrates et la jeunesse africaine ont obtenu ce à quoi ils s’attendaient : voir le gouvernement de la Transition (tergiversé, de façon incompréhensible sur cette question), passer à la moulinette ce fameux R’’s’’P (Régiment de ‘’Sécurité’’ Présidentielle), après avoir, sur cette question qui a couté cher au peuple Burkinabé), tout le monde doit rester vigilant et avoir à l’œil sur les pro-colonialistes vivent et doivent tout du système néocoloniale.

Mais en tout état de cause, les animateurs archi-réactionnaires de la Cedeao aux basquues de la françafrique, doivent savoir que le monde bouge et que les peuples africains de l’Ouest, à l’instar de ceux de l’Afrique Australe, ne se laisseront pas faire.

Notre ami Emmanuel Saintus, journaliste à l’Hebdomadaire Haïti Progrès, de New York, analysant la situation de son pays par rapport aux dernières ‘’élections’’, indique dans ce sens les perspectives, à l’échelle internationale : ‘’(…) tout change et continuera de changer. D’autant plus, et il faut le rappeler aussi, nous ne sommes plus à une époque unipolaire. Il est révolu le temps de l’hégémonie américaine qui a pu démontrer toute sa dangerosité pour l’avenir de l’humanité. Nous ne sommes pas non plus dans une optique bipolaire, comme durant la période ayant suivi la fin de la Seconde guerre mondiale, avec deux superpuissances. Aujourd’hui, la multipolarité confirme la présence de plusieurs blocs, des blocs représentants des pays concrets ou des groupes de pays. On retrouve ainsi bien évidemment : la Russie et la Chine, deux grandes puissances mondiales et membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, opposés à la nostalgie unipolaire du bloc occidental. Mais aux côtés de l’ours russe et du dragon chinois, on retrouve aussi de grandes puissances régionales, telles que l’Inde, l’Iran, le Brésil ou encore, le bloc uni et à part entière de la majorité des nations latino-américaines ayant réussi à former ensemble, une alliance fermement opposée au néocolonialisme américain. On ne peut pas se permettre de ne pas mentionner aussi d’autres grandes alliances multipolaires comme les BRICS, l’OCS ou encore l’Union eurasiatique, qui portent en elles un grand espoir pour une partie du monde. Ajoutons encore à cela plusieurs pays africains et asiatiques, et on arrive tout simplement à une forte majorité de l’humanité, sans oublier de prendre en compte le fait que nombre de citoyens de pays occidentaux sont également des partisans assumés du monde multipolaire. Mais il ne faut pas passer sous silence que les partisans de l’unipolarité, bien qu’étant clairement minoritaires, feront en sorte de ne pas reconnaitre la nouvelle réalité dans l’immédiat. Au contraire, il faudra encore du temps pour que les élites occidentales acceptent, d’une manière ou d’une autre, l’avènement du nouveau monde. Jusque-là, ils continueront à tenter de rassasier cet appétit hégémonique. C’est ce qui a également été souligné récemment par le ministre russe des Affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov : « L’Occident tente de maintenir sa domination de manière artificielle en faisant pression sur les autres pays, au moyen de sanctions et de forces militaires, de violations du droit international et de la Charte des Nations unies, contribuant ainsi au chaos dans les relations internationales ». Un chaos auquel on devra certainement faire face encore un certain temps et que l’on observe en ce moment même à différents endroits de notre planète. Mais du moment que la majorité de l’humanité soutienne aussi activement que possible cette ère nouvelle, la multipolarité finira bien par anéantir une bonne fois pour toute, l’unipolarité qui n’a plus aucune place dans nos vies à tous.(cf.www.haitiprogrès.com, 2-8 sept.2015)

Terminons pour rendre un hommage sublime à la jeunesse et au peuple Burkabé qui viennent de traverser,une fois encore, une rude épreuve, laquelle nous l’esperons, sera la dernière après celles de la période coloniale. Quoique une vie sans épreuve, n’existe guère.

Dakar, le 26 septembre 2015

Ababacar Fall-Barros

Ancien conseiller municipal