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BURKINA FASO : Fusion des partis sankaristes

D 16 juin 2009     H 22:53     A Paul Martial     C 0 messages


Thomas Sankara paya de sa vie en 1987, la politique qu’il mena pendant quatre ans. Une politique tournée vers les besoins des populations du Burkina Faso au détriment des exigences et des diktats des multinationales, notamment françaises. Cette expérience a eu un fort retentissement en Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso. Elle a donné naissance à de nombreux partis se réclamant de Sankara qui, au fil des ans, ont mené des tentatives plus ou moins réussies pour se réunifier. Fin mars, un congrès réunissant l’UNIR/MS, la CPS (Convention Panafricaine Sankariste), une partie du FFS (Front des forces sociales) et des indépendants, ont scellé la naissance d’un nouveau parti l’UNIR/PS, l’Union pour la Renaissance/Parti Sankariste. Dans cet entretien, Fidèle Kientéga député à l’Assemblée nationale du Burkina Faso et secrétaire national adjoint chargé des Relations extérieures de l’UNIR/PS revient sur ce processus.

Pourquoi la fusion des partis sankaristes ?

L’idée de l’unité des partis sankaristes a toujours été un
challenge pour tous les sankaristes du Burkina, tous les
sankaristes sincères du Burkina. Parce que, comme on le dit et
tout le monde le sait, l’union fait la force, d’autant plus face à un
pouvoir hégémonique qui ne souffre pas d’une autre vision de la
gestion de la société, surtout celle des sankaristes, car elle est
antinomique.
Il fallait que nous nous unissions.
Mettre fin à l’émiettement des partis
sankaristes qui passaient leur temps
à s’affronter entre eux, au lieu de
s’en prendre au pouvoir qui est notre
adversaire principal pour ne pas dire
notre ennemi. C’est pour cela,
compte tenu de toutes les
spéculations passées, des unités qui
n’ont pas tenu etc., que nous
pensons que nous sommes
aujourd’hui la somme de toutes ces
images-là, de toutes ces douleurs-là
et nous avons réalisé cette unité qui
n’est pas malheureusement totale.
Mais je pense que l’essentiel y est et
les autres prendront le train en
marche de façon certaine, si ce n’est
aujourd’hui, en tout cas demain.

A ce propos l’UPS (Union des Partis Sankaristes) a
refusé de s’associer à la procédure de fusion
pourquoi ?

En fait il s’agit d’une imposture parce que l’UPS était
composée de la CPS, de la Convergence de l’Espoir qui est un
petit parti, et de quelques individus indépendants. La CPS est
partie prenante de cette démarche unitaire que nous venons de
boucler aujourd’hui, il s’agit de la Convergence de l’Espoir de
Jean Hubert Basie qui s’est démarquée, pour des raisons que je
ne peux pas expliquer et de quelques individus qui se réclament
de l’UPS, ils disent qu’ils sont l’UPS, mais l’UPS n’existe pas.

Ce qui revient à dire que l’UNIR/PS est quasiment
le seul parti sankariste au Burkina ?

Je n’ose pas le dire, mais je souhaite que vous constatiez sur
le terrain, du point de vue de l’existence réelle, du point de vue
de l’engagement des populations derrière un idéal, la foi de ces
populations par rapport aux leaders qui incarnent le charisme, qui
cherchent en tout cas à incarner ce que Thomas Sankara avait
été capable de susciter à l’intérieur comme à l’extérieur.
A l’issue de la convention qui a entériné la fusion
des organisations sankaristes, il a été décidé de
présenter le dirigeant de l’UNIR/PS pour les
élections présidentielles.

Sur quelles
revendications, sur quel programme la campagne
va être menée ?

Il le fait sur le programme sankariste, parce que nous disons,
nous maintenons que le sankarisme est un programme de
gauche, un programme qui vise à la
satisfaction des besoins essentiels des
populations laborieuses, des travailleurs
des campagnes et des villes, comme
Sankara l’avait fait, sans exclusion
aucune des personnes, mais en
comptant sur nos propres forces, en
produisant ce que nous consommons,
en consommons ce que nous
produisons. En réhabilitant le sens de la
dignité, l’honneur, le travail, réhabiliter
les valeurs du travail et de la justice
sociale, cela sera tout le programme. De
toute façon, nous sommes en train de le
peaufiner. Nous cherchions à le
proclamer en même temps que les
conclusions du congrès, mais c’est si
important que nous ne pouvions pas
déclarer aussi rapidement. Nous
sommes en train de le travailler, nous
avons publié une résolution donnant au
secrétariat de l’exécutif national le soin de peaufiner le
programme. Ensuite nous allons le faire connaître largement.

Le candidat de l’UNIR/PS peut il inquiéter le
pouvoir ?

D’une façon très certaine il faut comprendre qu’au Burkina,
les élections ne reflètent aucunement la réalité par rapport aux
populations prêtes à voter. Seul un électorat très sélectif a été
mis en place par le pouvoir, pour le besoin du pouvoir. Nous
sommes 14 à 15 millions de personnes et nous avons peut-être 2
à 3 millions de personnes qui votent. A comparer avec un pays
comme le Bénin qui a 8 millions d’habitants et plus de 5 millions
d’électeurs ! C’est ça la réalité du pouvoir au Burkina Faso. Nous
sommes en train de prendre toutes les dispositions pour le
combattre. Si la réalité de l’électorat était véritablement inscrite
avec les cartes d’électeurs, que l’électorat n’était pas sélectif,
qu’on ne réveillait pas les morts au Burkina pour aller voter pour
le pouvoir, nous sommes certains que nous chasserions le pouvoir
de Blaise Compaoré. La lutte pour des élections réellement
démocratiques va constituer une des premières batailles du
nouveau parti l’UNIR/PS.

Propos recueillis par Paul Martial.