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Burkina Faso : Razzia sur les terres rurales du Ziro

L’agrobusiness ne fait pas bon ménage avec l’élevage

D 27 mai 2012     H 05:48     A Idrissa Barry     C 0 messages


Depuis le début des années 2000, les autorités burkinabè ont engagé une politique de promotion de l’agrobusiness. L’Etat encourage les salariés et tous ceux qui possèdent les moyens d’investir dans l’agriculture. L’agrobusiness est envisagé comme l’instrument de promotion d’une agriculture moderne, compétitive et intégrée au marché. Cependant, l’intrusion de ces nouveaux acteurs dans le monde rural n’est pas sans conséquences pour les acteurs traditionnels dont les éleveurs et les migrants agricoles. Ils voient leurs espaces se rétrécir d’année en année comme peau de chagrin. Aujourd’hui, c’est leur présence même qui est menacée dans cette partie du pays.­­

Kouli Saaban est un village de la commune de Sapouy, situé à une dizaine de kilomètres du chef-lieu. C’est une localité qui abrite des éleveurs peulhs depuis plus de 30 ans. Les migrants mossis ont commencé à s’y installer dans les années 1990. Quant aux " nouveaux acteurs ", les agrobusiness men, leur arrivée date du début 2000. Les autochtones du village sont des Gourounsi. La cohésion au sein du village est mise à rude épreuve par le phénomène de la vente des terres. Les autochtones des deux quartiers Kouli et Saaban se disputent les terres à vendre. Au milieu, les éleveurs sont pris en étau. Le cauchemar a commencé en 2004 quand certains habitants de Saaban ont vendu à un douanier 800 ha. Les pistes à bétail et une partie du pâturage font partie du domaine vendu.

La ferme se trouve à moins de 500m des premières concessions des éleveurs. Le propriétaire a fait planter du jatropha tout autour de la ferme. Les incidents entre les employés de la ferme et les éleveurs se sont accumulés pour culminer en 2008. Accusant les éleveurs de laisser les animaux manger les plantes jatropha, le petit frère du douanier qui gère la ferme convoque les éleveurs à la préfecture de Sapouy. Avec l’aide de certains agents de l’agriculture, il fait évaluer le coût des dégâts qui s’élèverait à 8 millions de FCFA. Le préfet de l’époque, Siaka Ouattara (aujourd’hui à l’ENAM) somme les éleveurs de payer rapidement au risque que l’affaire ne soit transférée au plus haut niveau.

Le vétérinaire Diallo mis au courant par les éleveurs a rappelé opportunément au préfet les textes qui régissent le règlement de ce genre de litiges. Ces textes ne prévoient en aucune façon qu’une instance inférieure (le comité local de conciliation, le tribunal départemental) fixe une telle somme à payer. Finalement dans cette affaire, les éleveurs l’ont échappé belle grâce au service de l’élevage et au chef du village de Kouli, Ayouba Bénao, qui se sont énergiquement opposés au paiement de la somme. Le chef a menacé de retirer les 800 ha du douanier qui auraient été vendus à son insu s’il persiste dans ses prétentions financières.

Mais ce douanier est loin d’être le seul agrobusiness man dans ce village. Il y a un autre qui possède plus de 800 ha. Il s’appelle Pickbougoum. Son domaine s’étendrait sur plusieurs kilomètres. Mais il n’arrive pas à exploiter tout son espace. Les animaux continuent donc d’aller paître dans la partie non mise en valeur. En 2010, les mêmes personnes qui ont vendu le domaine ont de nouveau revendu la partie non exploitée par Pickbougoum aux migrants mossis. " Entre la ferme du douanier et le hameau des mossis, il y a un petit espace servant de pistes à bétail, mais les travailleurs de la ferme empêchent les animaux de passer depuis l’affaire des 8 millions. Cette année, ils ont vendu cette portion de terre aux mossis. Cela fait que côté est, nous n’avons plus de pistes à bétail ; c’était quand même le principal couloir de passage de nos animaux. ", témoigne Yacouba Diallo.

Un agrobusiness man de Yalgado menace de déguerpir les éleveurs

Le dernier " agrobusiness man ", M. Ouédraogo, à s’installer dans le village de Kouli Saaban travaillerait à l’hôpital Yalgado de Ouagadougou. Celui-là voulait faire déguerpir les éleveurs. Il leur avait donné un ultimatum pour partir. Cet ultimatum devait expirer en juin 2011, au début de la saison pluvieuse. Mais finalement, le litige porté à la préfecture a trouvé une solution : les éleveurs ne bougent pas. Là également, c’est le service de l’élevage du Ziro qui s’est battu avec l’appui du jeune chef de Kouli pour sauver les éleveurs du déguerpissement. En effet, "la propriété" de l’agrobusiness man débordait dans les concessions et champs de plusieurs familles d’éleveurs. Ces derniers sont installés à cet endroit il y a maintenant plus de 30 ans. Ils n’entendent pas quitter l’endroit sans contre partie. Ceux qui ont vendu les terres au fonctionnaire travaillant à Yalgado avaient promis aux éleveurs de leur trouver un autre endroit de plus de 20 ha où ils iraient s’installer. Les éleveurs ont demandé à voir d’abord l’espace en question. Les vendeurs viennent du hameau de culture de Saaban qui sont en conflit avec leurs frères du village de Kouli.

Certains habitants de Saaban caresseraient le rêve de faire ériger leur hameau en village administratif. Les éleveurs peulhs sont installés de part et d’autres des deux entités. La dernière pomme de discorde entre les frères ennemis du village concerne la construction d’une école. L’emplacement de cette école a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Finalement, l’autorité a choisi d’ériger l’école à Kouli où habite le chef du village. Parmi les arguments qui ont fondé ce choix, c’est le nombre important d’enfants scolarisables à Kouli plutôt qu’à Saaban. Ce sont les enfants des éleveurs peulhs qui auraient fait la différence, selon le responsable des statistiques de la circonscription de l’éducation de base (CEB) de Sapouy, Pathé Diallo. La vente des terres vient alourdir l’atmosphère entre les frères ennemis du village. Certains habitants de Saaban veulent faire payer aux éleveurs peulhs leur " allégeance " à la partie adverse de Kouli. Ils s’accusent mutuellement d’empiéter sur le domaine de l’autre. Mais au final, ce sont les éleveurs qui font les frais de cette course à la vente des terres.

La promesse des 20 ha n’ayant pas été tenue, les éleveurs refusent de déguerpir. Ils ont fait savoir à l’acheteur qu’ils ne partiront pas au début de la saison. Pour les éleveurs, l’arrivée des " nouveaux acteurs " serait une aubaine pour certains habitants de Saaban pour les déguerpir purement et simplement. " Ils veulent nous faire payer leurs vieilles querelles ", disent les éleveurs.

Les amendes comme stratégie de harcèlement

Les agrobusiness men profitent également de cette situation pour régler leurs comptes. "Depuis l’affaire des 8 millions dont ils n’ont pas eu gain de cause, les agrobusiness men nous fatiguent beaucoup. Un petit dégât de champ, ils nous font payer très cher, entre 200 à 500 milles francs. C’est un prétexte pour eux pour nous déguerpir. Il n’y a pas cet éleveur qui ne paye pas entre 15000 et 25000 f cfa par an aux agrobusiness men. Ils nous ont tellement cernés que c’est presque impossible de ne pas commettre de dégâts en saison pluvieuse. Ils sont très proches de nos maisons. Nos moutons et chèvres ne peuvent plus sortir au risque d’être poursuivis et enfermés dans les enclos par les employés des fermes. Parfois, ils les abattent. Ils ont tué mes 2 moutons et m’ont fait payer les 3 autres la saison dernière. Nos enfants qui s’aventurent à côté des fermes sont arrêtés, battus et séquestrés dans les fermes. Il faut chaque fois alerter la gendarmerie pour les faire libérer. Comme ils n’ont pas pu nous faire payer les 8 millions, ils nous les font payer autrement.", déclare Issa Diallo, un des responsable du groupement des éleveurs de Kouli. Il n’oublie surtout pas la complicité de l’ex-préfet dans les tracasseries qu’ils ont vécu : " Un jour, le petit frère du douanier accompagné de certains individus du village connus pour être de gros vendeurs de terre sont venus chez nous.

Ils nous ont remis de petits papiers de convocation à la préfecture. Ils ont fait une liste de 36 chefs de familles peulhs et chacun devait payer 2000 f chez l’ex-préfet Siaka Ouattara. Le motif serait que nos animaux auraient commis des dégâts dans leurs propriétés. C’est encore le chef du village de Kouli qui est intervenu pour nous dire de ne pas payer un kopeck. " Le chef du village Ayouba Benao confirme tous les faits évoqués ci-dessus. Il déplore la course que se livrent certains habitants de son village pour la vente des terres : " La situation est très difficile. Chez nous, chaque famille a ses terres, donc il est difficile de dire à quelqu’un de ne pas vendre ses terres. Ce qui est déplorable aujourd’hui, c’est l’anarchie qui règne dans la vente des terres. Dans les familles, les gens ne s’entendent pas. La cohésion a foutu le camp. Maintenant, on s’attaque aux éleveurs qui ont toujours vécu avec nous depuis le temps de nos parents. Les nombreuses réunions de familles que j’ai tenues pour trouver une solution à ce problème n’ont rien donné. Seul l’Etat pourra nous aider. ", explique le jeune chef. Nous avons tenté d’avoir la version des autres protagonistes, mais ils ont refusé de s’exprimer. Le petit frère du douanier qui gérait la ferme a été renvoyé par son grand frère et ne souhaite plus évoquer le sujet. Quant aux vendeurs, personne ne veut reconnaitre sa responsabilité sur les faits évoqués.

Gros enjeux autour du barrage de Lou

A moins de 7km de Sapouy, un autre village vit sensiblement les mêmes problèmes. Il s’appelle Lou. Les problèmes sont plus accrus à cause de la construction d’un grand barrage qui permet le développement du maraîchage. La compétition pour la terre est donc très rude. Ceux qu’on appelle les " nouveaux acteurs ", les agrobusiness men, ont envahi les périmètres autour du barrage. Ce qui n’est pas sans conséquences pour les acteurs dits traditionnels, à savoir les éleveurs et les agriculteurs classiques. Ici, les menaces de déguerpissement des éleveurs sont mises à exécution. " Depuis la construction du barrage en 2005, ils ne font que nous déguerpir d’un endroit à un autre. En 2009, ils nous ont fait quitter nos maisons pour vendre les terres aux agrobusiness men. Cette année encore, ils sont encore là. Ils sont venus montrer un coin à un monsieur en voiture. C’est à peu près à 50 m de ma maison. J’étais assis sous mon hangar et je les entendais parler. Ils étaient 4 avec un véhicule. C’est un type du nom de Pamoin qui les a amenés. ", soutient Idrissa Boly, éleveur, la soixantaine bien sonnée.

A l’instar des autres éleveurs, il s’est installé dans le village depuis les années 1980. Il souligne que c’est bien avant l’avènement de la révolution du 4 Août 1983. Un autre chef de famille du nom de Boly Ousmane témoigne de ses espoirs déçus : "On nous disait que la construction du barrage allait nous soulager parce que nos animaux n’allaient plus souffrir. Nous avons alors beaucoup contribué pour que les travaux de construction avancent vite en fournissant viande et lait aux ouvriers. A l’inauguration, nous avons offert encore un taureau, des moutons et des poulets pour la fête. Mais à la fin, ça été tout le contraire de nos attentes. C’est le début de nos malheurs, on a perdu nos maisons, nos champs, nos pâturages et nos animaux ont des difficultés pour accéder au barrage. "

Pourtant, à la construction du barrage en 2005, les responsables du village et les autorités administratives locales avaient délimité " deux bonnes pistes à bétail " pour les éleveurs. Mais ces derniers assurent que ça n’a jamais été respecté. L’année suivante, les maraîchages ont remplacé les pistes à bétail. La pression foncière est très forte dans le village à cause du barrage. Les éleveurs sont allés se plaindre auprès du chef du village.

Il a fait délimiter quatre autres pistes à bétail. Pour les éleveurs, ces pistes sont tellement étroites qu’une charrette aurait du mal à y passer. Pour faire abreuver leurs animaux au barrage, ils sont obligés alors de passer par la voie Lou-Sapouy avec tous les dangers que cela comporte aussi bien pour les hommes que pour les animaux. " Le chef a voulu nous aider, mais on a l’impression qu’il ne maitrise pas les vendeurs. Ce sont ses frères, enfants et petits enfants qui vendent les terres. Depuis que son fils Kadidi a vendu là où on a vécu depuis 20 ans, ça libéré tous ceux qui souhaitaient vendre nos terres, mais qui avaient peur.", affirme Idrissa Boly. En 2009, ce dernier avec une dizaine d’autres familles ont été déguerpis de leurs maisons sans dédommagement. Aujourd’hui, ce sont des champs de manioc, de bananes et de tomates qui se dressent sur les lieux. Aujourd’hui encore, ces éleveurs de Lou vivent dans l’angoisse d’un autre déguerpissement.

Le problème, c’est que maintenant, ils ne savent plus où aller car ils sont aux pieds de la forêt. Le code de l’environnement du Burkina interdit formellement l’installation des animaux dans la forêt. Au mois de novembre dernier, nous avons appris que le chef du village a convoqué une réunion où étaient présents ceux qui vendent les terres et les éleveurs. Il a formellement interdit à ses frères de s’aventurer vers les éleveurs pour vendre encore la terre. Il a également fait délimiter des pistes à bétail qui avaient été bouchées par les champs des agrobusiness men. Ces différentes mesures ont été bien accueillies par les éleveurs et les autorités locales, preuve que l’implication des chefs peut résoudre les problèmes fonciers.

A Nebrou, il n’y a plus rien à vendre

Dans le village de Nebrou, les champs et les pâturages des éleveurs sont également en danger. Il y en a qui ne se laissent pas faire pour autant. C’est le cas de Djadjé Sambo Diallo, éleveur, 50 ans dans la zone : "Nama Martin a voulu vendre nos champs et les pistes de bétail. Son frère François s’est opposé. Il a dit que les éleveurs ne vont pas bouger. Entre les deux frères, ça ne va pas du tout à cause de la vente des terres. Martin a pris l’argent avec un acheteur, il était donc coincé. Comme on ne voulait pas se laisser faire, il menaçait de nous déguerpir. Nous avons déposé une plainte à la justice de Leo. L’affaire a été jugée, puis envoyé à Ouaga. Le dossier semble classé. Il est revenu pour vendre les terres à 200m de chez moi. On lui a dit de nous trouver d’autres terres comme il tient à vendre les terres que nous occupons. Il s’est énervé." Comme les agrobusiness men se méfie des "palabres de terres ", nous confie un éleveur, les autochtones vendent désormais les terres litigieuses aux migrants mossis de plus en plus nombreux dans le village. En 2010, les champs de certains éleveurs ont été vendus aux migrants mossis. " Ils sont à 500m de nos maisons. Chaque année, ils avancent vers nos concessions.

Ce sont des mossis venus de Sya (Leo). Ils ont des problèmes là-bas. Ils ont donné de l’argent à Simon qui leur a vendu les terres où nous cultivions et nos pistes à bétail. On s’est plaint à la justice de Leo, mais ils disent qu’ils n’ont pas peur de la justice. ", soutient Barry Bedouma, éleveur, dont les parents se seraient installés dans la zone il y a plus de 60 ans. Quant au vieux El hadj Sondé Alahidi, on peut voir des bornes dans sa cour. Il est allé se plaindre au village : " ils ont dit que c’est pour eux les terres, donc ils peuvent les vendre. C’est le nommé Martin qui a vendu les terres, il y a 20 jours de cela. " Notre entretien avec cet éleveur date de janvier 2010. Un an après, le problème reste en suspens.

L’administration, un recours inefficace

Ils sont nombreux les éleveurs qui disent avoir peur des représailles de leurs hôtes qui vendent les terres aux riches personnes. C’est le cas à Boro, village situé à 8 km de Sapouy : "Ceux qui achètent nos terres sont puissants et méchants. Même pendant la saison sèche, ils nous empêchent de faire paître nos animaux dans leurs domaines dépourvus de clôture. On a peur de les dénoncer car ils peuvent nous déguerpir.", avoue le président de l’Union départementale des éleveurs de Sapouy. Il se rappelle de ce qui s’est passé en 2007 : "Nous voulions qu’ils nous laissent des pistes à bétail. On a informé les conseillers et le chef du village. Ils n’ont rien pu faire pour nous. Nous sommes allés voir le préfet qui a fixé un rendez-vous pour qu’entre eux et nous, nous examinions le sujet. Au jour J, ils sont venus très fâchés et certains ont failli nous battre malgré la présence de la police. Les conseillers et le chef n’ont pas répondu à la convocation du préfet. Finalement, on n’a pas eu de pistes à bétail. Si ce n’est la forêt, on n’a plus où amener nos bœufs." Pourquoi cette partie du pays est-elle si convoitée par les agrobusiness men ? Il y a deux principales explications.

La première, c’est que cette zone reste encore l’une des rares terres fertiles du Burkina Faso. La pluviométrie est encore abondante et les sols sont toujours riches pour l’agriculture et le pâturage. Ceci pourrait expliquer pourquoi les migrants mossis et les éleveurs peulhs sont parfois les plus nombreux dans les villages des autochtones gourounsi. Il ne faut pas écarter non plus la tradition d’accueil des autochtones. L’acquisition des terres est très facile. La tradition veut qu’on donne la terre à celui qui la demande pour ses besoins alimentaires. La deuxième explication tient à la proximité de la province avec la capitale où résident la plupart des agrobusiness men. Sapouy est à 100 km de Ouagadougou et la route est bitumée depuis 2006. Une étude réalisée en octobre 2010 par le Groupe de recherche et d’action sur le foncier (GRAF) indique que le pic de l’arrivée de ces " nouveaux acteurs " se situe à cette période. Il serait aujourd’hui environ 280 agrobusiness men au total. Au moment de l’enquête de terrain du GRAF, le service provincial des impôts disposait de 204 dossiers de demandes pour l’obtention de permis d’exploiter et/ou de titre foncier. La même étude révèle que plus de la moitié (53 %) des agrobusiness men sont regroupés dans quatre villages : Taré (34), Kation (30) Sourou (27) et Lué (20). "Leur présence a fait que les terroirs y sont entièrement saturés.", constate le GRAF. Dans la seule commune de Sapouy, plus de 3000 ha ont été vendus.

*Cette enquête a été réalisée avec le soutien financier du Programme ¨PAIR de l’association des journalistes danois d’investigation.

Par Idrissa Barry

L’Evénement

Source : http://www.lefaso.net