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Côte d’ivoire : Au Liberia les communautés d’accueil et les réfugiés manquent de vivres

D 12 juin 2011     H 04:40     A IRIN     C 0 messages


DAKAR, 5 juin 2011 (IRIN) - Les réfugiés ivoiriens et les familles libériennes qui les hébergent se résignent à consommer les semences de riz prévues pour la récolte de cette année, à mesure que les réserves alimentaires s’épuisent dans l’est du Liberia, ont averti les organisations humanitaires.

Quelque 182 000 personnes, qui ont fui les flambées de violence en Côte d’Ivoire, sont officiellement réfugiées au Liberia ; 90 pour cent d’entre elles ne vivent pas dans des camps de réfugiés, car elles sont hébergées par des familles d’accueil, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Libériens et Ivoiriens doivent également se résoudre à acheter du riz importé - un mécanisme de survie auquel ils ont habituellement recours bien plus tard dans la période de soudure, selon une évaluation menée récemment par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

La hausse des prix du riz grève d’autant plus les budgets des ménages, dans cette région touchée par l’insécurité chronique ; le riz est en effet 20 à 25 pour cent plus cher qu’en avril 2010, selon le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWSNET) [ http://www.fews.net/Pages/default.aspx?l=fr ] , mis au point par l’Agence américaine pour le développement international.

Pendant les mois qui ont suivi l’arrivée des premiers réfugiés, les distributions alimentaires étaient « inégales ou inexistantes », a expliqué à IRIN Susan Sandars, responsable de communication et de plaidoyer chez Oxfam, au Liberia ; aujourd’hui, « d’importantes lacunes subsistent en matière d’intervention », a-t-elle indiqué.

Dans les premiers temps, des problèmes d’approvisionnement ont entraîné des pénuries qui ont contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à réduire la taille des rations familiales, a indiqué à IRIN Jerry Bailey, coordinateur des opérations d’urgence de l’organisme.

Les organisations humanitaires ont en outre sous-estimé d’environ un tiers le nombre de réfugiés qui arriveraient dans le pays, selon Nanthilde Kamara, conseiller en sécurité alimentaire et en moyens de subsistance chez Oxfam ; elles n’ont pas trouvé de moyen efficace de venir en aide aux réfugiés, ces derniers étant dispersés dans quelque 90 villages.

Les défis

Le réseau routier insuffisant, les ponts endommagés et le peu de camions disponibles sur le marché commercial restent problématiques, a en outre rapporté M. Bailey du PAM, mais les interventions se sont améliorées. Le PAM s’est procuré 10 camions supplémentaires pouvant circuler sur des terrains difficiles, et effectue des travaux de réparation d’urgence sur certains axes routiers stratégiques. L’organisme met également en place des unités de stockage mobiles pour faciliter les distributions.

Le PAM distribue des rations régulières de protection des semences à 15 000 liberiens pour les empêcher de consommer leurs semences de riz ; l’organisme distribue également des rations alimentaires générales à un groupe de 100 000 personnes dans les comtés de Nimba et de Grand Geddeh. Les réserves céréalières ont augmenté pour atteindre 2 000 tonnes, bien qu’à en croire certains, cela ne durera pas plus qu’un mois environ.

Avec l’aide d’un certain nombre d’organismes, notamment la FAO et Oxfam, le gouvernement distribue des semences et des outils à des milliers de familles d’accueil afin qu’elles puissent s’assurer de meilleures récoltes dans trois mois ; Oxfam cherche également le meilleur moyen de distribuer des espèces aux populations.

Les réfugiés et leurs communautés d’accueil auront longtemps besoin d’aide, estiment les organisations humanitaires, car de nombreux Ivoiriens ne souhaitent toujours pas rentrer dans leur pays, de peur d’être victimes d’attaques en raison de leur appartenance ethnique ou d’une appartenance politique perçue. Plusieurs milliers d’entre eux pourraient bien se trouver encore au Liberia en 2012, selon M. Bailey.

Les interventions devraient donc être adaptées au contexte : M. Kamara d’Oxfam préconise de dépêcher des équipes mobiles plus réduites, capables de réagir rapidement et de se déplacer de village en village pour y distribuer des vivres.

Source : http://www.irinnews.org