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Côte d’Ivoire : Nouveau dispositif fiscal Vigilance pour les travailleurs !

D 29 mars 2018     H 04:14     A     C 0 messages


Initialement prévu pour entrer en vigueur cette année, le nouveau dispositif fiscal ivoirien, fortement contesté par le patronat, vient d’être suspendu par le gouvernement. Afin de financer son budget 2018 qui s’élève à 6723 milliards FCFA, le gouvernement ivoirien avait prévu de collecter 3406 milliards FCFA en recettes fiscales cette année, en hausse de 338 milliards FCFA par rapport à 2017. Cette hausse des prélèvements était censée servir à la réhabilitation des CHU et centres de santé régionaux. À cela s’ajoute l’objectif des autorités de suivre les recommandations du FMI en portant le taux de pression fiscale estimé à 16 % en 2016 à environ 20 % en 2019.

Conséquence, l’annexe fiscale à la loi de finances pour la gestion 2018, a eu un gout plutôt amer pour les entreprises ivoiriennes. Ainsi, la Fédération ivoirienne des PME menaçait de la fermeture de nombreuses entreprises, ce qui allait entrainer des pertes d’emploi. De son côté, le premier vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Parfait Kouassi, s’était inquiété du fait que ce nouveau dispositif fiscal aurait pour finalité de faire fuir les entreprises, ou de les pousser à s’installer dans l’informel afin d’échapper à la pression fiscale.

Face à ces récriminations, les autorités ivoiriennes ont cherché à tempérer l’impact de ces mesures. « Les prélèvements que le secteur privé pointe du doigt améliorent en réalité la fiscalisation de certains secteurs jusque-là sous-fiscalisés. Mais en plus ils n’accroissent pas véritablement la pression fiscale ; celle-ci oscille toujours autour de 16 % du PIB, ce qui est en-deçà du critère de convergence communautaire en la matière », expliquait un conseiller d’État.

Le premier constat qui se dégage de cette situation est que notre gouvernement capitaliste a encore prouvé toute sa faiblesse et son manque de vision en se montrant incapable de fermeté face à ces patrons capricieux qui sont aux anges tant qu’ils peuvent exploiter leur personnel mais qui ne sont pas prêts à partager ce butin avec l’État censé redistribuer les richesses nationales. Notre gouvernement, toujours à la recherche d’un financement pour son budget, cherche à tirer l’argent partout où il peut le trouver, d’autant plus qu’il y est encouragé par ses maitres du FMI.

Mais nous ne devons pas nous laisser berner par la soi-disant préoccupation de nos dirigeants pour la santé des Ivoiriens. Tout le monde sait qu’un accroissement des rentrées financières signifiera avant tout des gains nets pour leur propre poche.

Nous assistons donc à une lutte entre patrons privés et « patrons publics » pour l’accaparement de cette manne produite par la sueur et le sang des travailleurs ivoiriens. Alors que c’est nous qui produisons ces richesses par notre travail, les voici qui tombent dans la poche de nos dirigeants ou de nos patrons, nationaux comme étrangers. Dans leur palabre, c’est toujours nous qu’on sacrifie. Les investissements annoncés par le gouvernement sont décidés à notre insu et échappent à notre contrôle, tout comme échappent à notre contrôle les bénéfices des entreprises des patrons obtenues par notre travail. En même temps aussi, l’État censé assurer un travail à tous reste impuissant devant le chantage des patrons qui finalement sont seuls maitres de décider qui aura un travail et qui n’en aura pas. Ces mêmes patrons qui feront payer à leur personnel (et à leurs clients) le manque à gagner des nouveaux impôts !

En tout état de cause, c’est une situation qui ne favorise en rien les travailleurs. Ni le gouvernement ni leurs employeurs ne militent en faveur de leurs intérêts : ils sont tous deux les faces de la même pièce qui est le capitalisme. La seule solution pour assurer le bonheur des travailleurs sera l’avènement d’un système où eux-mêmes seront aux commandes de l’économie pour pouvoir bénéficier du fruit de leur propre travail et décider comment l’investir, en fonction de leurs propres besoins et non des caprices des patrons.

Source : http://militant-ci.blogspot.fr/