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Des dizaines de milliers de personnes en danger alors que les affrontements s’intensifient en Côte d’Ivoire

D 4 mars 2011     H 16:14     A Amnesty International     C 0 messages


Amnesty International exhorte les autorités de Côte d’Ivoire à protéger la population alors que des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir les affrontements violents qui se sont intensifiés dans le pays.

Depuis plusieurs jours, des commandos armés et des membres des forces de sécurité loyales au Président sortant Laurent Gbagbo s’affrontent dans la ville d’Abidjan, faisant de nombreux morts.

« La crise humanitaire en Côte d’Ivoire est exacerbée par les dizaines de milliers de personnes qui fuient des quartiers d’Abidjan et qui ont un besoin immédiat de protection et d’assistance », a dit aujourd’hui Véronique Aubert, directrice adjointe du Programme Afrique d’Amnesty International.

« Un grand nombre de personnes déplacées par ces combats, notamment des femmes et des enfants, éprouvent des difficultés à trouver un abri et certaines dorment à l’air libre ».

La plupart des affrontements à Abidjan ont opposé les forces de sécurité loyales au Président sortant Laurent Gbagbo et un groupe armé autoproclamé le « commando invisible » et qui affirme mener des attaques de manière indépendante des autres parties.

Des habitants vivant dans le quartier d’Abobo ont dit à Amnesty International que suite à ces affrontements, ils se retrouvaient sans eau ni électricité.

Les violences ont récemment repris en Côte d’Ivoire à la suite de l’élection présidentielle contestée de novembre 2010. Le candidat de l’opposition, Alassane Ouattara, a été internationalement reconnu comme le vainqueur de ce scrutin mais le président sortant Laurent Gbagbo refuse de quitter le pouvoir.
Plusieurs personnes ont également été tuées par un groupe de partisans de Laurent Gbagbo connu sous le nom de « Jeunes patriotes ». Le dimanche 27 février 2011, des membres de ce groupe ont brûlé vif un homme soupçonné d’être un « rebelle » dans le quartier de Yopougon.

Un témoin a dit à Amnesty International : « Un étranger qui demandait son chemin a été arrêté par quelques Jeunes patriotes. Il ne parlait pas français et ne parvenait pas à se faire comprendre. Ils l’ont emmené dans une petite allée, lui ont placé un pneu autour du cou et y ont mis le feu ».

Un autre habitant a dit : « Dès que quelqu’un n’est pas connu dans le quartier, les Jeunes patriotes le considèrent comme un rebelle ».

« Ces événements montrent que la population est laissée dans aucune protection efficace – chacun peut être la cible de l’autre camp », a dit Véronique Aubert.

Des habitants d’Abobo ont indiqué à Amnesty International que cette situation terrible les avait contraints de fuir leur quartier.

« Nous fuyons parce que chaque nuit nous entendons des échanges de feu et parce qu’il n’y a plus d’eau ni d’électricité dans le quartier depuis deux jours – les magasins sont fermés, il n’y a rien à manger », a dit aujourd’hui un habitant de ce quartier.

Un autre habitant qui a fui ce quartier a dit à Amnesty International : « Les cadavres de personnes tuées sont encore dans les rues. Personne ne vient les ramasser et nous craignons la propagation de maladies due à la décomposition de ces corps ».

Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse nommé par Laurent Gbagbo et également dirigeant des Jeunes patriotes, a appelé la semaine passée ses partisans à bloquer tout mouvement des forces de maintien de la paix de l’ONU dans l’ensemble du pays, ce qui fait craindre des affrontements entre civils et troupes de l’ONU.

La mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI) a été la cible d’attaques et a indiqué que, le 27 février 2011, trois soldats de maintien de la paix avaient été blessés par balles alors qu’ils effectuaient une patrouille dans le quartier d’Abobo. Ils ont accusé les partisans de Laurent Gbagbo de leur avoir tendu une embuscade.

Hier, l’ONUCI a signalé que deux membres de son personnel avaient été enlevés et retenus durant plusieurs heures par des Jeunes Patriotes à Abidjan.

Au cours de la dernière semaine, les affrontements se sont étendus à d’autres régions du pays.

Dans l’ouest du pays, des affrontements entre les Forces nouvelles, qui contrôlent le nord et une partie de l’ouest du pays, et des forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo ont forcé des milliers de personnes à fuir leurs maisons et à trouver refuge notamment dans le Libéria voisin.

Yamoussoukro, la capitale politique du pays, a également été la cible d’affrontements entre forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo et jeunes partisans d’Alassane Ouattara.

Source : http://www.amnesty.org