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Procès Gbagbo ou le procès de la honte et de l’humiliation de l’Afrique

D 20 février 2016     H 23:02     A ODHP     C 0 messages


ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS
DE L’HOMME ET DES PEUPLES (ODHP)
2005 / 0061 / DEP - ATL -LITT / SG / SAG – Assoc-JORB N°4 du 15 février 2005
08 BP 1114 Cotonou (Rép. du Bénin)
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Après plus de 4 ans d’instruction, le procès Gbagbo s’ouvre le 27 janvier 2016 à la Haye. L’ex- Président Laurent Gbagbo et l’ancien ministre Charles Blé Goudé sont accusés par la Cour Pénale Internationale (CPI) de crime contre l’humanité, de meurtres, de viol, etc. dans le cadre de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire en 2011.
Dès l’ouverture du procès, bon nombre de personnes physiques et morales dont des organisations de la société civile jubilent et acclament. Le procès Gbagbo serait la preuve d’une justice internationale en marche, etc. Loin de nous l’idée de nier les atrocités qu’on peut reprocher au camp Gbagbo et en conséquence les réparations dues aux victimes.
Il nous semble que le problème de fond reste, à savoir que si Gbagbo doit être jugé, il doit l’être en Côte d’Ivoire. Gbagbo a été arrêté en Côte d’Ivoire et gardé longtemps en prison en Côte d’Ivoire. Et c’est le nouveau pouvoir avec Alassane Ouattara à sa tête à Abidjan qui envoie Gbagbo devant la CPI pendant que Simone Gbagbo et d’autres sont jugés (et condamnés ou acquittés) en Côte d’Ivoire.
Lorsqu’on revient à la démarche de la CPI, on peut se poser la question de savoir qu’est-ce qui empêche que Gbagbo soit jugé sur la terre africaine de Côte d’Ivoire ?
On s’aperçoit qu’il y a un black-out sur les évènements de 2002, 2010, périodes précisément où la rébellion montée par Ouattara et dirigée par Guillaume Soro (rébellion soutenue par le Président Compaoré) attaque l’Etat ivoirien, s’empare du Nord du pays. Depuis cette période, la Côte d’Ivoire n’a plus jamais eu la paix jusqu’à l’élection présidentielle de 2011 avec la crise qui s’en est suivie. Sur cette élection et la crise qui s’en est suivie en effet, des faits établis montreraient que l’Onuci et la force Licorne (la Communauté internationale et la France) se sont rendues complices d’un complot du Président Sarkozy pour chasser Gbagbo du pouvoir dans les conditions que beaucoup de journalistes et d’observateurs exposent aujourd’hui à la face du monde (Fanny Pigeaud dans France-Côte d’Ivoire : une histoire tronquée). On savait aussi le rôle du groupe Bolloré dans les événements tragiques qui ont endeuillé la Côte d’Ivoire. Tout cela mis ensemble, le procès en cours apparaît comme un procès particulièrement politique au profit des vainqueurs que sont la France, la Communauté Internationale et leurs alliés Ouattara et Cie. Sinon, on peut se demander pourquoi la CPI ne s’intéresse-t-elle pas à l’ancien Président américain Georges BUSH et à Collin Powel qui, sur fond de mensonges grossiers, ont agressé, assassiné femmes et enfants, détruit l’Irak avec les conséquences que ce pays reste aujourd’hui écrasé et asservi. Pendant qu’on met sous presse ce papier, le Président Ouattara déclare lors de sa dernière visite en France et cela devant le Président Hollande que la Côte d’Ivoire n’enverra plus de prévenus à la CPI. Son pays serait désormais en mesure d’assumer de rendre justice sur son sol. Cela nous conforte dans la position que chaque pays doit être en mesure d’assurer sa souveraineté jusqu’au bout, y compris en matière de justice. Les affirmations de Ouattara à Paris nous fonde mieux à affirmer que le procès Gbagbo est un procès de la honte et de l’humiliation de l’Afrique pour faire place nette aux complices de la recolonisation de l’Afrique. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire de Ouattara est assiégée par les troupes françaises et l’économie ivoirienne est aux mains des monopoles français notamment Bolloré, Bouygues, etc.

Notre conviction à l’ODHP, c’est que l’on laisse chaque peuple décider de son sort et de sa gouvernance y compris sa justice. En cela, nous invitons à soutenir les luttes des peuples pour leur souveraineté. Près de nous, le Burkina Faso fait une expérience à encourager avec un peuple qui a lutté pour se défaire d’une dictature, ce qui permet à présent une justice qui appelle à la barre des criminels politiques nationaux comme étrangers. Il y a à souhaiter que Blaise Compaoré soit remis à la justice de son pays pour y répondre des forfaits contre son peuple au même titre que ses hommes de mains Diendéré et sa suite. Il est à souhaiter que le Président de l’Assemblée Nationale ivoirienne, Guillaume Soro aille répondre devant la justice burkinabè des faits qui lui sont reprochés et pour lesquels il reste d’abord présumé coupable. C’est cela qui fera la dignité de l’Afrique et son respect dans le concert des nations.

Cotonou, le 09 février 2016

Le Bureau Exécutif National