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Quatrième jour de grève générale à Conakry

D 19 février 2016     H 19:57     A     C 0 messages


La grève générale qui se poursuit en Guinée prendrait-elle une autre tournure ? C’est désormais la question qui se pose, car de chaque côté, on bande les muscles. Ainsi, du côté les grognards, ce jeudi, le mouvement est monté d’un cran, avec les barrages érigés sur l’axe de l’autoroute Fidel Castro, pour empêcher ceux qui seraient tentés de boycotter le mot d’ordre des syndicalistes de vaquer à leurs activités. En face, les autorités répondent par les toutes premières interpellations.

Conakry est en ce jeudi plus paralysée qu’elle ne l’a été le premier jour du déclenchement de la grève. En sorte que même sur l’axe de l’autoroute Fidel Castro, la circulation est interrompue. En maints endroits de cette voie centrale, des barrages de fortune sont érigés pour dissuader les conducteurs récalcitrants.

De leur côté, les autorités en général et la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS-Police), procèdent aux premières interpellations. Ainsi, un groupe d’une dizaine de syndicalistes qui se trouvaient à la gare-routière de Matam, auraient été arrêtés ce jeudi, par les hommes du colonel Bafoé. Parmi les interpellés, on cite nommément Aliou Diallo, Sékou Bangoura, Lamine Sylla, Mamady Condé, Kissi Kaba, M. Yattara et un certain ‘’Pessè’’. D’autres interpellations du même type auraient été opérées à Ratoma. Là, on mentionne au nombre des mis aux arrêts Amadou Foula Diallo, Ibrahima Manet, etc.

Toutefois, une information de dernière minute nous apprend que ceux de Matam viennent d’être libérés, suite à une intervention personnelle de Mamadou Mansaré, le secrétaire général adjoint de la CNTG.

Suite : Témoignages de syndicalistes brièvement interpellés

Comme on l’annonçait dans notre précédente dépêche, des syndicalistes ont été interpellés ce jeudi. Mais grâce à l’intervention de certains leaders syndicaux quelques-uns ont été remis en liberté après avoir été auditionnés. A leur retour à la Bourse du travail, quelques-uns ont relaté leur mésaventure aux journalistes présents sur place, dont notre reporter. Aussi, nous mettons ici à votre disposition trois témoignages

Alimou Diallo alias Kass, membre de la Fédération nationale des transports et de la mécanique :

« Moi j’étais à la gare-routière de Matam, lorsque j’ai appris qu’il y a certains de nos éléments qui ont été embarqués à bord d’un véhicule de la police. Aussitôt, j’ai accouru pour savoir de quoi il retourne. Une fois sur place, j’ai salué les agents et demandé des explications. Pour toute réponse, un agent a ordonné que je sois embarqué au même titre que mes éléments. Je n’ai pas riposté, je me suis laissé embarquer. On nous a conduits au Commissariat central de Bonfi. On était là-bas tout ce temps. Nous y avons été auditionnés. Après quoi, les dirigeants du commissariat sont venus nous signifier que nous sommes libres. Nous étions au nombre de 11 à être arrêtés à Bonfi »

Mohamed Diallo, syndicaliste à Madina :

« La police m’a arrêté au moment où mes collègues et moi, nous interdisions aux taxis de prendre de passagers. Parallèlement, nous sensibilisions des jeunes qui cherchaient à barricader la route à l’aide de pneus. Et quand la police est venue, avec un lieutenant comme chef de mission, il a donné des instructions en faveur de notre arrestation. Sur-le-champ, nous leur avons dit que nous sommes des syndicalistes. Ils ne nous ont pas écoutés. Au contraire, ils nous ont embarqués de force dans leur pick up. Moi qui vous parle, ils m’ont frappé avec leur matraque, au point de me blesser à la main. Ils nous ont retenus en prison entre 7 heures et 13 heures. »

Fodé M’Bemba camara :

« Ce matin, on est venu au parc central de Matam, où nous avait-on dit, qu’il y a des jeunes qui ont barricadé la route du Niger. Le temps pour nous d’aller vérifier cette information, un pick up de la police est venu à vive allure et chacun s’est cherché (a pris ses jambes au cou, ndlr). Me disant que je n’ai rien à me reprocher, j’ai continué à marcher doucement. Un policier est venu m’arrêter et, le temps pour moi de lui donner des explications, il ne m’a pas donné le temps de le faire, et m’a dit d’embarquer. Et au moment de m’embarquer, il m’a assené deux coups de matraques et je me suis blessé la main avec le grillage de leur pick up. J’ai perdu beaucoup de sang. Quand ils nous ont arrêtés, ils nous ont envoyés à Gnenguéma, juste à côté du cimetière, puis au commissariat central de Bonfi où on a été auditionnés. On a été libérés après l’appel d’un de nos responsables. »

Source : Le Djely.com