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Mali : Coup d’Etat du 19 novembre 1968 : le film de l’arrestation du Président Kéïta

D 6 décembre 2013     H 05:50     A Boubacar Sankaré     C 0 messages


« Monsieur le président, voulez-vous vous mettre à la disposition de l’armée ? » On est le 19 novembre 1968. L’homme qui bégaye cette phrase est le lieutenant Tiecoro Bagayoko. A qui s’adresse-t-il ? Au président Modibo Keita, qui, de retour d’un voyage à travers le Mali, est bloqué par un barrage à une quinzaine de kilomètres de la capitale, Bamako.

A 11h35, Modibo Keita monte dans un blindé. C’est fini.

A Bamako, les militaires qui ont déjà bouclé toute la ville lui demandent une dernière fois de renoncer au socialisme et de se séparer de ses principaux collaborateurs.
Réponse de Modibo Keita :

« Pas question. Ici au Mali, nous sommes dans un pays de droit et de démocratie. Nous respectons depuis l’indépendance la volonté populaire. C’est le peuple qui a opté pour le socialisme, par le congrès extraordinaire du 22 septembre 1960. Le socialisme n’est donc pas mon choix à moi tout seul. Demandez au peuple ce qu’il en pense. Quant à mes collaborateurs, jusqu’à nouvel ordre, je leur fais confiance. »

Les heures passent. Tous les principaux officiers du pays et toutes les garnisons se sont ralliés aux putschistes. Alors, on entend sur les ondes de Radio-Mali : « Maliens Maliennes. L’heure de la liberté a sonné : le régime dictatorial de Modibo Keïta et de ses valets a chuté. Le comité militaire de libération assume désormais tous les pouvoirs politiques et administratifs et promet des institutions démocratiques qui seront issues d’élections libres« .

Modibo est aussitôt transféré dans un camp militaire à Kati, à quelques kilomètres de Bamako, puis, très vite à Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali.

Ainsi s’achèvent les huit ans du régime du premier président du Mali, Modibo Keïta.

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19 Novembre 1968 – 19 Novembre 2013 : Tristement mémorable

Sans vouloir réveiller des chagrins ou retourner le couteau dans des plaies, il est nécessaire de rappeler le sens dramatique du 19 Novembre 1968, l’une des dates les plus sombres de notre histoire contemporaine.

19 Novembre 1968, triste symbole de la prise du pouvoir par une junte militaire poussée par la soif de régner et animée par la haine pour le peuple malien.

Pour tous ceux qui avaient subi les foudres du régime militaire de 1968 à 1991, l’évocation de cette date donne encore le frisson.

Entrée par escalade dans l’histoire de notre pays, la junte militaire d’alors avait promis, dès le lendemain du coup d’Etat, plus de libertés démocratiques et son retour immédiat et imminent dans les casernes, dans les six mois qui suivraient. La suite est connue de tous.

Moussa Traoré et ses sbires vont tomber dans l’ivresse du pouvoir.

Aucune propagande, aucune distraction ne feront oublier au peuple les atrocités commises par Moussa Traoré. Après avoir envoyé dans les bagnes mouroirs, le Président Modibo Kéïta et ses compagnons, Moussa Traoré et sa junte organisent, dès 1969, une véritable descente aux enfers pour les Maliens.

Le 17 Avril 1969, une importante grève est déclenchée par les étudiants et élèves à Bamako.

Le Comité Militaire répond par une répression sauvage.

Plus tard, Aberhamane Baba Touré, Bernard Sissoko, Kadari Bamba, Oumar Yattara, Mamadou Doucouré, Santigui Mangara et Monobem Ogognangaly sont accusés de : « constitution d’association illégale, offense au chef de l’Etat, diffamation des membres du gouvernement, appel au peuple à la révolte ».

Sans jugement, ils sont maintenus cinq mois dans les geôles, humiliés et torturés.

C’est seulement le 11 Mars 1970 que les 7 militants du PMT sont condamnés à 18 mois d’emprisonnement.

Toujours en 1969, le capitaine Diby Silas Diarra et d’autres militaires sont accusés de tentative de coup d’Etat. Beaucoup d’ente eux ont péri dans les salines de Taoudénit.

C’est le 16 Mai 1977, à 12 heures que le Président Modibo Kéïta est mort, manifestement assassiné au camp militaire de Djikoroni.

Le père de l’Indépendance et Premier Président de la République du Mali, a alors été réduit au statut de simple « instituteur à la retraite » !

Boubacar Sankaré

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