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Tunisie, notre entretien exclusif avec l’opposante et avocate Sonia Dahmani

D 20 mai 2024     H 10:25     A La rédaction de Mondafrique     C 0 messages


Le juge d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis a émis, la semaine dernière, un mandat d’amener à l’encontre de ľavocate et chroniqueuse Sonia Dahmani. Bien qu’elle ait reçu une assignation à comparaître, elle ne s’était pas présentée devant le juge d’instruction, ce vendredi 10 mai. Du coup, les forces de l’ordre ont effectué une descente brutale ce soir à la maison de l’avocat de Tunis pour arrêter l’avocate Sonia Dahmani. Au cours de cette interpellation, la correspondante de France 24, Marilyne Dumas a elle-même été prise à partie, ainsi que son caméraman Hamdi Tlili

L’avocate est la cible d’une campagne du pouvoir tunisien orchestrée sur les réseaux sociaux en raison de ses prises de position médiatiques sur la crise migratoire. Ses commentaires, notamment sa question provocante : “De quel pays extraordinaire parle-t-on ? Celui que la moitié des jeunes veulent quitter ?”, ont fait l’objet de vives réactions du coté des officiels.

Une certitude, la répression des opposants et opposantes du régime en place ne cesse de s’amplifier. Lors de chaque apparition, le discours officiel de nature paranoïaque recourt à la diabolisation ainsi qu’à la criminalisation de ses détracteurs.trices.

Dans le but de les punir, l’exécutif use d’outils divers et variés et à leur tête la machine judiciaire. On parle notamment d’interdictions de voyager illégales et arbitraires, d’assignations à résidence, de comparutions devant le Tribunal militaire, d’arrestations en vue de la loi antiterroriste

Alors que les Avocats dénoncent dans la rue l’arrestation de Sonia Dahmani, le président tunisien Kaïs Saïed, muré dans ses certitudes, a dénoncé jeudi 16 mai comme une « ingérence étrangère inacceptable » les inquiétudes exprimées par l’Union européenne, la France et les Etats-Unis après une vague d’arrestations d’avocats, de journalistes et de figures de la société civile. Le chef de l’Etat, qui concentre tous les pouvoirs depuis l’été 2021, a ordonné au ministère des affaires étrangères de « convoquer dès que possible les ambassadeurs d’un certain nombre de pays étrangers » pour leur transmettre sa « vive protestation ». « Nous ne sommes pas intervenus dans leurs affaires quand ils ont arrêté des manifestants qui dénonçaient la guerre de génocide contre le peuple palestinien », a ajouté M. Saïed, dans une vidéo diffusée par la présidence.
Mondafrique s’était entretenu, voici un mois, avec cette opposante déterminée qui comparaitra prochainement, une deuxième fois, devant la justice tunisienne, pour avoir mis en cause la situation des détenus politiques dans les prisons.

Nicolas Beau


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