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Pfizer aurait fait pression sur un ministre nigérian

D 11 janvier 2011     H 04:36     A     C 0 messages


NEW YORK, 10 décembre (Reuters) - Le laboratoire américain Pfizer (PFE.N : Cotation) a recruté des enquêteurs dans le but de compromettre un ancien ministre de la Justice du Nigeria et le pousser à annuler des poursuites concernant un test pharmaceutique, à en croire un memo diplomatique divulgué par WikiLeaks.

En mai 2007, l’Etat de Kano a engagé des poursuites contre le premier laboratoire mondial, déclarant que des tests du médicament Trovan contre la méningite avaient provoqué la mort de 11 enfants et en avaient handicapé des dizaines d’autres.

Les autorités de l’Etat réclamaient à Pfizer deux milliards de dollars. Le 30 juillet dernier, les deux parties ont signé un accord à l’amiable pour un montant de 75 millions de dollars.

Reuters n’a pu vérifier le contenu des notes divulguées.

Dans un communiqué, le groupe pharmaceutique américain a dit "avoir négocié en toute bonne foi avec le gouvernement fédéral du Nigeria". "Toute allégation selon laquelle la compagnie aurait recruté des enquêteurs en relation avec l’ancien Attorney general (ministre de la Justice) est tout bonnement grotesque", a-t-il ajouté.

Un câble diplomatique d’avril 2009 cité par le Guardian fait référence à une rencontre entre le directeur de Pfizer pour le Nigeria, Enrico Liggeri, et des responsables américains.

"Selon Liggeri, Pfizer a recruté des enquêteurs pour découvrir d’éventuelles affaires de corruption concernant le ministre de la Justice Michael Aondoakaa afin de faire pression sur lui pour qu’il abandonne les dossiers fédéraux", peut-on lire dans ce memo du conseiller économique de l’ambassade des Etats-Unis à Abuja, Robert Tansey.

"Il a déclaré que les enquêteurs de Pfizer transmettaient ces informations aux médias locaux."

Aondoakaa a été limogé de son poste de ministre de la Justice en février dernier par le président Goodluck Jonathan.

"Une série d’articles dommageables détaillant les liens présumés de corruption d’Aondoakaa ont été publiés en février et mars", note le memo.

"Liggeri a soutenu que Pfizer possédait d’autres informations nuisibles pour Aondoakaa et que ses proches le pressaient d’abandonner l’affaire par crainte d’autres articles négatifs", poursuit-il.

En 1998, l’autorité sanitaire américaine, la Food and Drugs Administration, a limité l’utilisation du Trovan aux adultes. Son usage a été ensuite limité aux Etats-Unis aux cas d’urgence. L’Union européenne a interdit son utilisation en 1999.

(Michel Rose, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE6B91QE20101210?pageNumber=2&virtualBrandChannel=0