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A quel terrorisme le Sénégal fait-il face ?

Bougouma Mbaye

D 2 décembre 2015     H 22:01     A Bougouma Mbaye     C 0 messages


La face cachée de la lutte des Occidentaux contre le terrorisme, il faut le reconnaître, est celle qu’ils mènent en réalité contre l’Islam. Ils disposent, pour ce faire, d’auxiliaires musulmans appelés jihadistes.
Que le terrorisme constitue une menace pour l’Afrique de l’ouest en général, et pour notre pays le Sénégal en particulier, est un fait admis par tout le monde. La presse internationale s’en est fait l’écho, reprenant les notes des services de renseignements occidentaux et les communiqués des « organisations terroristes » telles que Aqmi, le Mujao, Boko haram, etc.

Au Sénégal, cette menace ne semblait pas prise au sérieux ni au niveau officiel, où elle était comme sujet tabou, ni dans la classe politique et la presse où elle n’est abordée que comme fait divers. « Cela n’arrivera pas ici, cela n’arrivera qu’aux autres ». De ce fait, ce ne sont que des titres choc, portant sur les foires d’empoignes entre pouvoir et opposition, et les querelles de préséance dans la majorité, qu’on aligne à la une des quotidiens.

Par contre, il faut noter qu’au plan international, c’est le journal français « Le Monde » du 6 mai 2014 qui interpelle le président de la République Macky Sall sur la question du terrorisme et ce dernie de répondre en ces termes : « Aucun pays n’est à l’abri. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe en Syrie où vous voyez des combattants français, sénégalais et d’autres nationalités ». Mais il tempère aussitôt : « Il ne faut pas non plus créer une psychose ; le Sénégal est un ilot de stabilité et nous travaillons avec nos partenaires pour répondre à la question du terrorisme par la coopération, l’échange d’informations et par des politiques en faveur de l’emploi et de l’éducation. »

Cette « réponse » à la question du terrorisme m’a tout l’air d’un cautère sur une jambe de bois. C’est, ni plus ni moins, ne pas s’engager dans la voie de la lutte pour l’éradication du mal ; car le terrorisme dont il est question pour nous n’est pas celui que nos « partenaires » combattent. Pour les Occidentaux, il s’agit effectivement d’une guerre asymétrique qui oppose d’un côté, un très puissant terrorisme d’Etat, déterminé à dominer le monde et de l’autre des Etats qu’ils considèrent comme obstacles à ce dessein et qu’ils accusent de soutenir des « organisations terroristes » dont ils ont présidé, eux-mêmes, à la création. Il est aisé de constater qu’après chaque attentat commis contre « les intérêts occidentaux », un Etat musulman est rayé de la carte, tandis que « l’organisation terroriste » incriminée, s’en sort renforcée.

Effectivement, cette lutte anti-terroriste exige beaucoup de moyens que nous autres n’avons pas. Pourtant Macky Sall déclare compter sur ces moyens matériels pour lutter contre le terrorisme « qui (en) demande énormément : des unités spéciales, des moyens d’investigations, d’écoute, etc. ». Et lorsqu’il ajoute : « il nous faut réadapter notre système de sécurité », on constate que cette conception de la lutte contre le terrorisme demeure toujours calquée sur le mode occidental, fondée sur « une force de réaction rapide à mettre en place au niveau de chaque ensemble sous régional pour pouvoir intervenir en cas de menace au lieu de faire appel à la France ».

Le problème c’est qu’il faut des moyens, une fois de plus, énormément de moyens, qu’il faut aller demander « à nos partenaires ». Il nous faut donc « réadapter ».

Ces partenaires ne donneront que les moyens qui serviront à protéger ou (assurer) leur accès aux énormes ressources dont regorgent nos pays, notre continent et accessoirement, à conserver au pouvoir ceux de nos régimes qui s’accommoderont de ce modus vivendi. L’Occident mène un combat mortel contre tout ce que ses stratèges considèrent comme « menace terroriste » à ses intérêts géostratégiques, et l’Islam en fait partie.

La face cachée de la lutte des Occidentaux contre le terrorisme, il faut le reconnaître, est celle qu’ils mènent en réalité contre l’Islam ; et ils disposent, pour ce faire, d’auxiliaires musulmans appelés jihadistes, qui massacrent des musulmans, au nom de l’Islam. Tout bénéfice pour l’Occident.

TERRORISME – JIHADISME

Revenons donc sur ce terrorisme, appelé de plus en plus jihadisme, qui menace l’Afrique de l’Ouest et partant le Sénégal, pour bien saisir sa spécificité afin de pouvoir adapter notre système de défense et de sécurité en toute connaissance de cause.

Tout courant politico-idéologique visant à instaurer un Etat sur la base de l’islam par la violence appartient à la mouvance jihadiste. A savoir des individus organisés ou non, armés d’une vision religieuse sur laquelle ils fondent leur droit de vie et de mort sur toute personne, ou tout pays, qui ne la partage pas. Les partisans de ce courant désignent l’Occident et ses valeurs d’une part, les chiites, le soufisme et ses adeptes de l’autre, comme des mécréants qui méritent tout la mort. Curieusement, leur puissance de feu n’est dirigée presque exclusivement que contre les musulmans qui ne partagent pas leur interprétation littéraliste du Coran et/ou, qui luttent aux cotés du peuple palestinien contre l’occupant sioniste et ses alliés occidentaux.

D’où tirent-ils cette idéologie ? En tout cas, pas du Prophète de l’islam dont ils se réclament, qui, après avoir reçu la confirmation par Dieu de la fin de sa mission sur terre, a déclaré aux musulmans que le petit jihad était terminé mais qu’il restait à accomplir le grand jihad. A ceux qui étaient intrigués par ces paroles, il précisa que : « le petit jihad, c’est toutes ces guerres que nous avons menées pour la défense de l’Islam ; tandis que le grand jihad, c’est la résistance aux passions, aux tentations, et autres frivolités de la vie d’ici-bas. »

Durant la première étape de la lutte armée, le jihad était principalement défensif et opposait les armées musulmanes, dirigées par le Prophète et ses lieutenants, aux armées païennes et aux différents négateurs ouvertement hostiles à l’Islam. Par la suite, de l’époque des Califes du Prophète jusqu’aux Abbassides, en passant par les Omeyyades, presque toutes les guerres conduites au nom de l’islam l’étaient, pour l’essentiel, dans le but d’agrandir ou de défendre des territoires conquis et d’asseoir un pouvoir politique, plutôt que de défendre l’Islam.

Le dernier grand ensemble musulman que constituait l’empire Ottoman n’a pas échappé à la règle et a fini par succomber aux coups de butoir du nationalisme arabe naissant et de ceux de son grand rival qu’était l’Empire britannique. Et ce n’est pas un hasard que ce fut l’Emir de La Mecque, Hussein Ben Ali, petit fils du Prophète et porte- parole de la nation arabe toute entière qui, soutenu par les Français et les Anglais, appela en 1915 les musulmans au jihad contre l’empire Ottoman qui lui, appelait au jihad contre les alliés occidentaux.

Reconnu comme le fondateur du panarabisme, il proclama l’indépendance du Hedjaz (région ouest de la péninsule arabique) en 1916. Il fut battu par son rival du Nedjd (région du centre), Abdel Aziz Ben Abderrahmane Ben Fayçal Ben Saoud en 1924. C’est ce dernier qui unifia ces deux importantes provinces pour en faire en 1932, le royaume d’Arabie saoudite, grâce au soutien des britanniques.

Ce que l’on doit savoir, c’est que depuis cette date, l’histoire du jihadisme est intimement liée à celle du royaume d’Arabie Saoudite. Ce royaume est avant tout le produit d’une rencontre entre deux ambitions : celle d’un petit Emir d’une oasis du Nedjd, qui voulait devenir roi et disposer d’une autorité religieuse pour légitimer son pouvoir d’une part, et de l’autre celle d’un jeune étudiant qui, ayant terminé sa formation, s’est mis à la recherche d’un pouvoir autoritaire pour imposer sa vision de la charia par l’épée. La rencontre eut lieu en 1744 et voici comment le Professeur Madawi Al Rachid(1) a raconté la scène.

« Le prince Ibn Saoud à Mouhammad Ben Abdel Wahhab : « Cette oasis est à toi, ne crains aucun ennemi. Au nom d’Allah, si tout le Nedjd décidait de te jeter dehors, nous ne t’expulserions jamais »
« Mouhammad Ben Abdel Wahhab de répondre : « Tu es bien le chef de ce campement et tu es un sage. Je souhaite te voir prendre l’engagement de mener le jihad contre les mécréants, en retour tu seras l’imam et le chef de la communauté islamique, de mon côté je me chargerai de la direction des questions religieuses ».

Ce pacte de soutien mutuel et de partage du pouvoir qui lie ces deux hommes a été scellé séance tenante et conclu par le mariage de la fille d’Ibn Saoud et Ben Abdel Wahhab. Ainsi le petit prince de Diriya, Ibn Saoud, renforcé par les adeptes du nouveau prêcheur pour un retour à l’islam des anciens (salaf) d’une part, de l’autre par la légitimation de ses guerres d’extension par Ben Abdel Wahhab, devint roi. Il mit d’abord le Nejd, sa province natale sous coupe réglée, après trente ans d’un jihad impitoyable qui lui permit d’étendre ses conquêtes territoriales et d’appliquer la charia selon le rite du wahhabisme naissant : lapidation à mort de femmes pour adultère, destruction de tombes, de mausolées et autres monuments historiques.

Cela débuta à Karbala en 1801, contre la communauté chiite puis s’étendit à la Mecque qui connut des destructions massives en 1803, de même qu’à Médine où le cimetière de Baqia est rasé en 1806 et la tombe du Prophète visée. Le tollé soulevé dans la Oumma Islamique par ces actes, amena le Sultan Ottoman Mahmoud à charger Mouhamad Ali Pasha, gouverneur d’Egypte, d’envoyer une armée en Arabie pour écraser le premier Etat wahhabo-saoudien lors d’une campagne entre 1812 et 1815. Mais il a fallu une deuxième expédition pour en finir avec ce royaume, en détruisant la capitale Diriya en 1818 et en capturant le Roi, Imam Abdallah Ben Saoud qui fut exécuté à Istanbul.

En 1824, le Roi Imam Turki Ben Abdallah Ben Saoud réussit à créer un deuxième Etat wahhabo-saoudien avec Ryad comme capitale ; mais, après soixante huit ans de règne marqué par des luttes fratricides pour le Trône, les Saoud furent chassés du pouvoir par la famille rivale Al Rachid avec l’appui des turcs, en 1892. Cependant, après une lutte qui dura dix ans, Abdel Aziz Ben Abderrahman Ben Saoud, qui avait trouvé refuge au Koweït, reprit le pouvoir, aidé en cela par ses alliés britanniques et les bédouins organisés sous l’appellation des « Ikhwan ». Ainsi, sous la bannière du jihad et du Tawhid, il instaure le régime qui permet à la monarchie saoudienne de mettre en œuvre, depuis lors, sa conception rigoriste et littérale de la charia selon Abdel Wahhab.

Ce jihadisme, qui fait des émules dans le monde, se base sur le Tawhid selon Abdel Wahhab qui considère comme mécréants tous les « polythéistes » que sont les soufis, les chiites, les juifs, les chrétiens, les idolâtres, les féministes, les athées. Il suffit de lire les professions de foi ou programme de tous les mouvements qui appellent au jihad pour s’en convaincre ; du plus ancien au plus récent, des Frères musulmans d’Egypte créés en 1928 par Hassan Al Bana jusqu’à Boko haram né en 2002 au Nigéria, en passant par Al-Qaïda de Ben Laden et les talibans en Afghanistan à la fin des années 80, voire du Gia du début des années 1990 en Algérie.

Leur devise est la profession de foi des musulmans(2), leur voie est le jihad, leur crédo reste le Tawhid et leurs cibles sont les juifs et les croisés, les polythéistes que sont les soufis, les chiites, et les symboles de leur idolâtrie, c’est-à-dire les tombeaux, les mausolées et autres monuments historiques.

ALLIANCE DU JIHADISME ET DE L’IMPERIALISME OCCIDENTAL

Si les cibles du jihadisme sont énumérées, il y a lieu de s’interroger sur son mode d’application sur le terrain ; car ce sont les musulmans tant au niveau des Etats qu’au niveau des individus qui constituent la cible préférée. Pour ce qui concerne les Etats, les cibles s’identifient à celles indiquées par les Etats Unis, de la bouche même de Georges Bush, et à son « Axe du Mal », entrainant dans son sillage. Ceci n’est pas le fruit du hasard, mais bien le fait d’une alliance entre le Royaume d’Arabie Saoudite, chef de file du fondamentalisme islamiste et les Etats Unis, leader de l’impérialisme occidental.

Cette alliance est née depuis la signature du « Pacte du Quincy » en 1945, entre le roi Ibn Saoud et le président Roosevelt ; elle marque l’entrée en scène fracassante des Etats Unis dans le Golfe, avec l’éviction du Royaume Uni du monopole de l’exploitation des immenses réserves de pétrole saoudien, en échange de sa prise en charge de la sécurité et la défense de l’Arabie Saoudite. Cette entente cordiale entre les deux pays, que tout devrait opposer explique l’absence de mesures de rétorsions des Etats Unis contre le royaume wahhabo-saoudien après les évènements du 11 septembre 2001. Pourtant l’essentiel des supposés terroristes qui ont mené ces actions étaient identifiés comme étant des citoyens saoudiens ! En retour, du côté du Royaume, on ne parle même plus de « juifs et de croisés » parmi les cibles à abattre.

L’Occident pratique le terrorisme d’Etat, que les stratèges du Pentagone ont baptisé « guerre asymétrique » ; c’est leur façon de se donner bonne conscience quand ils déversent des milliers de tonnes de bombes sur des populations civiles innocentes, en réponse à l’action d’un individu ou d’un groupe d’individus qui gardent malgré tout l’avantage sur le terrain. C’est la même méthode inique que les Israéliens utilisent contre le peuple palestinien ; là encore, le jihadisme se voile la face et tourne le dos, contrairement aux combattants du Hezbollah libanais qui résistent vaillamment au terrorisme d’Etat israélien.

Par contre, dès qu’il s’ agit de frapper des cibles désignées par les Etats Unis et l’Occident, le roi saoudien obtient, conformément à l’accord de partage du pouvoir, sans aucune difficulté, les fatwas qui justifient le soutien et les financements des attaques dirigées contre des pays musulmans. Il ne fait pas de doute que si l’Arabie Saoudite n’avait pas offert aux Etats Unis des facilités logistiques (bases militaires, ports et aéroports…), des pays comme l’Afghanistan, l’Iraq, la Somalie, la Lybie et plus récemment la Syrie, n’auraient pas subi ces bombardements meurtriers qui ont détruit leurs Etats, semé la mort et la désolation au sein des populations innocentes, notamment les femmes et les enfants.

De la liste des Etats -cibles du terrorisme-jihadisme américano-saoudien, seul l’Iran demeure encore non agressé militairement, mais reste cependant affaibli par des années d’embargo insoutenable et criminel. Quant à la Syrie, elle résiste depuis 2011 aux assauts des jihadistes-terroristes équipés et financés par l’Arabie Saoudite(3), le Qatar et la Turquie, tous alliés fidèles des Occidentaux, des Américains en particuliers. Il y a, enfin, le cas de l’Egypte, où les Frères musulmans ont voulu tenter une expérience autonome d’islamisme politique, qui n’est pas en odeur de sainteté en Arabie Saoudite et leurs alliés américains ; cela a tourné court, au prix de centaines de morts et de milliers de personnes disparues ou emprisonnées. Le terrorisme qui sévit dans les pays occidentaux n’a pas pour but de détruire des Etats, il cible des symboles. Et les exécutants de ces attentats sont tous, pour l’essentiel, connus des services secrets occidentaux.

Remarquons enfin que tous ces pays détruits appartiennent à ce que les stratèges néoconservateurs(4) américains appellent « la zone du chaos où se déroule la troisième guerre mondiale ».

C’est cette hostilité sélective, cette violence orientée quasi exclusivement contre les musulmans, caractéristique de l’alliance du terrorisme fomenté par l’Occident et le jihadisme soutenu par des musulmans contre des musulmans, qu’il nous faut démasquer et combattre pour la défense de l’Islam et la Paix dans le monde.

TERRORISME ET ISLAM

Ce jihadisme-terrorisme est la manifestation concrète et insidieuse de la lutte que mène l’Occident contre l’Islam, clairement désigné comme ennemi à abattre, après le nazisme et le communisme.

La première guerre mondiale (1914-18) a permis la liquidation de la conception féodale du pouvoir (Monarchie et Eglise) encore en vigueur au début du 20ième siècle en Europe et qui constituait un frein au développement de l’impérialisme, à la mainmise des oligarchies dans la politique d’oppression des nations et des peuples colonisés et à l’exploitation de leurs immenses ressources naturelles. L’Empire Ottoman fut la seconde grande victime de cette guerre impérialiste. De ses cendres naquit la Turquie de Moustapha Kémal qui en fit à pas forcé le premier « Etat musulman moderne » et le deuxième Etat au monde, après la France, à inscrire la laïcité dans sa Constitution.

La deuxième guerre mondiale (39/45) a permis aux tenants de l’idéologie « du nouvel ordre mondial », qui préfigurait la globalisation actuelle, de se débarrasser du nazisme qui, après avoir servi d’auxiliaire dans la lutte pour la confirmation de la supériorité de la race aryenne et de l’Occident sur le reste du monde, était devenu encombrant. Par-delà la vaste opération de nettoyage ethnique contre le peuple juif, il devenait en réalité une sérieuse menace militaire face à la nouvelle superpuissance naissante qui a été épargnée par la guerre, les Etats Unis, futur leader d’un Occident ruiné et en lambeaux.

La mise en œuvre de la nouvelle stratégie de domination du monde par l’Occident, dans la deuxième moitié du 20ième siècle, a vu naitre l’Organisation des Nations Unis, gouvernement du monde dirigé par les vainqueurs et leurs alliés du moment, mais aussi la désignation d’un nouvel ennemi à abattre, l’Union des Républiques socialistes soviétiques (Urss) et le mouvement communiste international, qui ont beaucoup contribué à la défaite du nazisme et à l’affaiblissement de l’influence de la religion en Occident.

Mais cette fois, l’Occident s’est bien gardé de déclencher la troisième guerre mondiale, car il faisait face à un camp socialiste qui comptait une super–puissance naissante en Europe (l’Urss), et une nation de près d’un milliard d’habitants qui venait de gagner ses galons de puissance incontestable en Asie, après sa victoire sur l’impérialisme japonais : la Chine de Mao. Un nouveau concept est vite trouvé, il s’agit de « la guerre froide » où toute confrontation directe par les armes est bannie entre les deux camps ennemis. Par contre tous les coups tordus semblent permis, notamment entre les services secrets, allant jusqu’à provoquer des guerres par nations interposées dans les pays anciennement colonisés.

Dans sa lutte contre le communisme, l’impérialisme s’est offert un auxiliaire de taille, l’Arabie Saoudite, qui a fourni des hommes et des moyens logistiques et financiers colossaux. D’abord en Afghanistan, puis dans toutes les campagnes du jihadisme-terrorisme aux quatre coins du monde. Ainsi, pendant que les pétrodollars saoudiens ont coulé à flot pour le compte du terrorisme occidental (y compris israélien), le camp des Occidentaux, et principalement les Etats Unis, ferme les yeux lorsque, dans le même temps, les tenants de la conception wahhabite du jihad et de la charia proclamée et appliquée aveuglément s’en donnent à cœur joie dans la sale besogne de destruction d’Etats musulmans en Asie, en Afrique et au Moyen Orient.

Voilà pourquoi notre pays doit savoir identifier, de façon claire et nette, qui sont nos amis, sur qui compter pour mener le combat contre le jihadisme-terrorisme qui agit sous couvert de l’islam et qui s’incruste dans notre sous-région. Nous allons citer quelques pays dont l’expérience dans cette lutte pourrait nous être utile :

 La Mauritanie qui a fait l’objet d’attaques en 2008 elle a su relever le défi très tôt et écraser les velléités criminelles de la section d’Aqmi sur son territoire. Elle reste sur ses gardes et doit constituer un partenaire privilégié pour notre pays dans cette lutte.

 Le Maroc, disposant d’une vieille tradition de lutte contre le wahhabisme qui avait tenté une incursion dans ce pays au début du 19ième siècle, est parvenu à contrer les menaces subversives de cette secte, qui survit encore sous la forme d’un parti politique qui semble accepter de collaborer avec le royaume chérifien dans le respect des lois en vigueur dans le pays. Les relations séculaires, tissées entre le Maroc et le nôtre, font de ce pays un autre partenaire de choix dans notre lutte.

 Le Mali, qui a laissé depuis des décennies le Qatar financer des groupes (Ong et autres associations islamistes) acquis à la propagande wahhabite, est en train de subir les contrecoups néfastes de cette politique laxiste qui a failli le détruire comme l’Afghanistan et l’Irak.

 Le Nigéria, a également prêté le flanc en acceptant la division du pays en deux entités distinctes, sans se donner les moyens adaptés pour lutter efficacement contre les extrémistes wahhabites qui avaient investi le Nord et obtenu le droit d’y appliquer la charia, selon leur interprétation littéraliste. Les autorités fédérales doivent se mordre les doigts devant leur impuissance face aux actions criminelles que mènent sans trop de mal les jihadistes-terroristes du mouvement Boko haram. Avec aussi la complicité de certains hauts gradés de l’armée.

Nous devons, il va de soi, collaborer avec ces deux derniers pays mais, ils doivent surtout nous servir de leçon sur ce qu’il ne faut pas faire dans la lutte contre ce fléau que constitue le jihadisme terrorisme, qui s’infiltre dans nos pays par des prétendus financements à coups de pétrodollars sous le manteau de la solidarité islamique. Alors qu’en réalité, ces donateurs zélés ne sont rien d’autre, que le bras armé de l’Occident dans sa lutte contre l’Islam, constitué par les adeptes d’une secte musulmane formée, soutenue, équipée et financée par des pays musulmans tels que l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie.

Il nous faut, certes, mobiliser tous nos moyens au plan national comme sous régional, nouer des partenariats nous permettant de mutualiser nos ressources et nos informations, coordonner nos services de renseignements et adapter nos systèmes de défense et de sécurité aux exigences nouvelles de la lutte contre le jihadisme, non calquée sur celle conçue par d’autres pour d’autres objectifs. Mais surtout, compter sur une mobilisation populaire sans précédent qui prendra sa source dans les quartiers et villages les plus reculés jusqu’aux cités les plus huppées des villes, en passant par les mosquées , les églises, les universités, les dahiras, les cellules et comités des partis politiques, les syndicats et les organisations des jeunes et des femmes.

Il nous faut lutter contre les antivaleurs que l’Occident veut imposer au reste du monde sous couvert de Droits de l’homme (la laïcité qui donne le droit d’injurier la religion ; le mariage homosexuel ; la légalisation de la drogue ; etc.). l nous faut aussi lutter pour la défense de l’unité nationale et la cohésion sociale, bâties sur les fondements d’un Islam tolérant qui fait coexister pacifiquement différentes confréries, toutes adeptes du soufisme. Il nous encore défendre la paix et stabilité que nous partageons avec la communauté chrétienne qui participe activement à la pérennisation de ce « commun vouloir de vie commune », qui est une de nos plus grandes richesses,

NOTE :
1- le professeur Madawi Al Rachid, Saoudienne d’origine, est née en 1962. Professeur d’anthropologie sociale au département des Etudes Théologiques et Religieuses au King’s College de Londres depuis 1994, elle a écrit plusieurs livres et articles dont une ‘Histoire de l’Arabie Saoudite’ d’où est tirée cette citation.

2- La profession de foi des musulmans : « Il n’y a de Dieu que Dieu, Muhammad est son Prophète »

3- Arabie Saoudite : Selon le journal saoudien en langue anglaise « Arab News » n°308, du jeudi 9 octobre 2014, le vice-Président des Etats Unis, Joe Biden a déclaré lors d’un discours à l’université Harvard, le 2 octobre 2014 : « La Turquie, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis avaient déversé des centaines de millions de dollars et fourni des milliers de tonnes d’armes à tous ceux qui désiraient aller se battre contre Assad y compris des cellules extrémistes rebelles » ajoutant que « la Turquie permettait aux combattant étrangers de passer par sa frontière. » Ce journal a été créé en 1987 par le prince Ahmad bin Salman bin Abdulaziz
4- Néoconservateurs : groupe dont le long travail politique et intellectuel, conduisit sous Georges W Bush, à la guerre en Irak. Ses membres sont : Norman Podhoretz, Richard Perle, David Frum, Bernard Lewis, Fouad Ajami et l’ancien dissident soviétique et homme politique israélien de droite Nathan Sharansky.

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