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La guerre de Libération Nationale de la Palestine Et l’Afrique

Ibrahima Sene

D 28 juin 2015     H 19:51     A Ibrahima Séne     C 0 messages


La Palestine et l’Afrique partagent un passé historique semblable résultant du colonialisme Franco britannique, et d’un destin commun de lutte pour la souveraineté nationale des peuples de leurs Etats.
Les luttes de libération nationale en Afrique contre le colonialisme Franco britannique en Afrique avaient abouti à l’accession de nos peuples à l’Indépendance Nationale, alors qu’en Palestine, la lutte contre l’occupation de l’Empire Ottoman menée par le Colonialisme Franco britannique bénéficiait du soutien des peuples arabes encontre partie de leur accès à l’indépendance nationale.

Mais, à la fin de l’Empire Ottoman détruit par la défaite, seul le peuple de Palestine a vu sa souveraineté confisquée par le couple Franco britannique en accord avec les Etats Unis, qui avaient pourtant pour option « l’Autodétermination des peuples » contribuant ainsi à accélérer la fin du colonialisme en Afrique et au Moyen Orient.
Les pays nouvellement indépendants d’Afrique mirent sur pied une organisation continentale, dénommée « Organisation de l’Unité Africaine » ( OUA), en 1964, en vue du parachèvement de la lutte de libération nationale des peuples africains encore sous domination coloniale britannique, portugaise et espagnole, contre la politique de ségrégation et de discrimination raciale en Afrique du SUD (Apartheid) et pour la construction de l’Unité Africaine.

Par contre, au Moyen Orient, la fin du colonialisme Franco britannique a abouti au partage des terres Palestiniennes entre l’Egypte, qui a pris la Bande de Gaza, et le Royaume Jordanien, qui a pris la Cisjordanie.
Ce n’est qu’ après la deuxième guerre mondiale, sous l’instigation notable de la France culpabilisée par la SOAH , qu’est intervenue l’implantation par l’Occident, d’un Etat Israélien qui inclue Jérusalem qui fut sous administration Jordanienne, suscitant ainsi une levée de bouclier des pays Arabes qui firent de la liquidation de ce nouvel Etat artificiellement créé, un objectif politique de libération de leurs peuples.
Les conséquences de la guerre de six jours de 1967 entre l’Egypte sous Nasser et Israël ont permis à celui-ci l’extension de son occupation des terres palestiniennes, et l’introduction des USA comme acteur majeur de la crise palestinienne.
Les USA sont attirés par le Pétrole Saoudien et les énormes potentialités énergétiques du Moyen Orient, dans un contexte de guerre froide entre l’Est et l’Ouest. D’où le Pacte Américano saoudien de pétrole contre la sécurité de ce royaume.

C’est ainsi qu’au moment des Accords de paix d’Oslo qui ont consacré l’avènement de « l’Autorité palestinienne » en 1993, entre Palestiniens et Israéliens, Israël occupait déjà 55% de leurs terres et s’accaparait de plus de 80% de l’eau au profit de ses colons.
L’Afrique, sous l’égide de l’OUA fut solidaire à la cause palestinienne et rompit ses relations diplomatiques avec Israël durant toute la période de 1967 jusqu’aux Accords d’Oslo en 1993.
Cependant, l’Afrique avait parachevé la décolonisation de ses peuples et mit fin à l’Apartheid, pendant que la Ligue Arabe peinait encore à matérialiser les Accords d’Oslo qui consacraient la création d’un Etat Palestinien dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie.

La Ligue Arabe fut incapable de s’opposer à la continuation de la colonisation des terres de Palestine, et des agressions d’Israël contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza, de la même manière qu’elle avait démontré son impuissance lors des massacres perpétués par Israël en 1982, dans les camps de refugiés palestiniens SABRA et CHATILA, au Liban.
De même l’ONU s’est avérée incapable de soutenir le « Comité pour l’Exercice des Droits Inaliénables du Peuple Palestinien » qu’elle a créé et désigné le Sénégal pour le Présider, du fait du poids prépondérant des Etats Unis et de la France au Conseil de Sécurité qui y disposent d’un Droit de Véto, et qui se sont érigés en protecteurs d’Israël.
Ainsi la lutte pour l’éradication de l’Etat Israélien qui est un objectif de politique de libération des pays de la Ligue arabe, fut portée par l’Organisation de Libération de la Palestine (l’OLP) sans appui et engagement conséquents de leur part.

Au contraire, l’anticommunisme que la plus part des Etats de la Ligue Arabe plaçaient devant les exigences de libération de la Palestine, divisait autant les pays arabes membres, que le mouvement de soutien international à la cause palestinienne.
Ces Etats ont mis toutes leurs forces en s’alliant avec l’islamisme radical et les Etats Unis, pour chasser l’Union Soviétique d’Afghanistan, au détriment de la lutte pour libérer toutes les terres palestiniennes occupées par Israël.
De même, les contradictions historiques entre musulmans « Shiites » et « Sunnites », furent exploitées par l’Occident, notamment les Etats Unis, pour fragiliser le soutien de la Oum ah islamique au Mouvement de Libération de la Palestine, à travers l’agression de l’Iran par l’Irak, dans une guerre d’auto destruction de ces puissances sous régionales émergentes qui créaient des soucis aux Etats Unis pour la Sécurité d’Israël et de son allié historique, le royaume Saoudien.

Cette division s’est renforcée avec l’annexion du Koweït par l’Irak et la montée en puissance de l’Islamisme radical, avec AL QAIDA, qui après la chute de l’Union Soviétique, ne voyait que l’Occident, notamment les USA, et leurs suppôts locaux au Moyen Orient, comme l’ultime obstacle à la libération de la Palestine, au recouvrement de la souveraineté des peuples arabes et de ceux de la Oumah islamique.
D’où leur engagement auprès du Mouvement de Libération de la Palestine dans lequel s’est développé deux ailes, devenues de plus en plus antagoniques au sein de l’OLP, notamment depuis la disparition de son leader historique, Yasser Arafat.
L’OLP s’est divisée et fragilisée par la lutte que se sont menés les partisans des Accords d’Oslo pour la solution de deux Etats, Palestinien et Israélien, et ceux qui sont pour l’éradication de l’Etat d’Israël artificiellement implanté sur leurs terres et maintenu par la force par l’Occident avec à sa tête les USA.

Cette division est exploitée par les rivaux historiques « Shiites » et Sunnites » de la Oumah islamique , portée par l’Iran, d’une part, et l’Arabie Saoudite d’autre part, dont l’antagonisme entre les deux est, à son tour, savamment exploité par les USA et Israël, pour empêcher l’émergence d’une puissance économique et militaire dans cette sous région, susceptible de menacer la sécurité d’Israël.
Dans ce cadre, l’Arabie Saoudite a longtemps joué le jeu de Washington, jusqu’à dés fois collaborer secrètement avec Israël pour détruire l’Iran, et aujourd’hui la Syrie.
Cependant, après la chute de Ben Ali en Tunisie et l’arrivée au pouvoir des « Frères Musulmans » puissamment soutenus par le Qatar Sunnite sous la bénédiction des USA, et le lâchage de Mubarack par Washington , accompagné de l’arrivée au pouvoir d’autres « Frères musulmans » d’Egypte, l’Arabie Saoudite comprit peu à peu que pour les Etats Unis, la sécurité d’Israël primait sur celle de son royaume, malgré le pacte historique « pétrole contre sécurité », qui les lie.
D’où son soutien spectaculaire à Sissi qui a fait tomber le régime des « Frères Musulmans, alors qu’il était menacé de sanctions par Washington et harcelé par le Qatar.
Le Qatar devint ainsi un troisième acteur incontournable dans la crise au Moyen Orient à travers les « Frères Musulmans » qui le rapprochent de l’Iran « Shiite », du « Hezbollah » au Liban, et de la faction de l’OLP qui contrôle Gaza, le Hamas.

La crise artificiellement créée , aujourd’hui, en Syrie par les Etats Unis et la France, avec le soutien de l’Arabie Saoudite, a fait rentrer ouvertement l’Iran dans le jeu, au point d’en faire un acteur incontournable, non seulement à la solution de cette crise, mais aussi, de celle de l’Irak, qui est menacé comme la Syrie, de partition par la remise en cause des frontières actuelles de leurs Etats.
C’est dans ce contexte que les Accords prochains sur le Nucléaire Iranien qui rentre dans un processus de rapprochement de ce pays avec les Etats Unis, a fini de convaincre l’Arabie Saoudite, que les Etats Unis font peu de cas de leur souci de sécurité.

Ce dépit amoureux est conforté par la crise au Yémen dans laquelle l’Iran est impliqué sans que cela ne soit utilisé par les USA comme argument dans les négociations sur le Nucléaire Iranien.
C’est dans ces conditions que l’Arabie Saoudite a décidé de prendre en main sa propre sécurité, en organisant une « Coalition arabe » de lutte contre les insurgés Yéménites qui menacent ses intérêts pétroliers qui font sa puissance sur l’échiquier politique mondial au sein de « l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole » ((l’OPEP).
La Droite israélienne, qui est pouvoir, aurait préféré que les USA maintiennent leur politique de pression et d’endiguement contre l’Iran, pour affaiblir le Hezbollah, le Hamas et le pouvoir Syrien, pour mieux s’assurer de sa sécurité, mais elle sait pertinemment que la sécurité d’Israël n’est pas marchandable pour Washington, quelque soit le Parti qui serait au pouvoir aux Etats Unis.

Ainsi, la perspective d’affrontement, en terre Yéménite, entre l’Arabie Saoudite et l’Iran qui est soutenu par le Qatar, avec la bienveillance des Etats Unis, crée des conditions favorables à la consolidation du rapprochement qui était déjà encours avec Israël, dans la lutte contre l’Iran.
Mais les Saoudiens comme les Iraniens semblent ne pas prendre suffisamment en compte les objectifs stratégiques des Etats Unis pour créer les conditions d’une sécurité définitive pour Israël.
C’est ainsi que leur rapprochement avec l’Iran n’est pas un amour soudain pour les autorités de ce pays, mais il devrait permettre de couper l’herbe aux pieds de la Russie et de la Chine qui sont de retour dans le jeu du Moyen Orient à travers leur soutien à l’Iran et au pouvoir Syrien.
Ce faisant, l’avènement d’un « islamisme radical » en Syrie et en Irak, dont l’ambition proclamée est de construire un « Califat » sur leur territoire, donne l’occasion aux USA de casser définitivement l’Irak et la Syrie en plusieurs entités, avec le concours de l’Iran, avivant ainsi l’antagonisme historique entre musulmans « Shiites » et « Sunnites ».
Cet antagonisme devrait mener à l’auto destruction mutuelle de l’Iran et de l’Arabie Saoudite, à travers la guerre au Yémen, sous fonds de partition de l’Irak et de la Syrie.

Ainsi, aucune puissance économique et militaire dans le Moyen Orient et dans le Golfe persique ne pourrait émerger pour constituer une menace à la sécurité d’Israël, qui aura les coudées franches pour imposer « sa paix » au peuple de Palestine, sevré de ses soutiens historiques.
Mais cette sombre perspective pour le peuple de Palestine n’est pas une fatalité.

En effet, la Oumah islamique, au sein de « l’OCI » peut et devrait empêcher toute guerre entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, et œuvrer pour la défense de l’intégrité territoriale de l’Irak et de la Syrie.
Le prétexte de l’antagonisme « Shiite/Sunnite » est aujourd’hui dépassé par l’alliance stratégique entre l’Iran et le Qatar, et l’implication militaire de l’Iran à côté des « Sunnites » Irakiens, contre les « Shiites » de l’Etat Islamique.
Ce qui reste donc dans l’antagonisme entre l’Iran et l’Arabie Saoudite n’est plus d’ordre islamique, mais c’est bien leur rivalité pour réaliser leur aspiration à exercer leur hégémonie politique et stratégique dans la sous région et dans la Oumah islamique.
Mais après le démantèlement de la Libye, et celui encours de la Syrie et de l’Irak, il faudrait donc que ces deux puissances émergentes du Moyen Orient prennent conscience qu’elles vont tout droit à leur autodestruction, sur laquelle comptent les USA, pour parachever son Projet du « Grand Orient » incluant Israël à côté de mini Etats dépourvus de toute souveraineté.
En outre, les palestiniens d’Israël qui font 20% de la population de ce pays, viennent de réussir leur unité politique qui a permis leur entrée historique au Parlement, comme vient d’y parvenir en Turquie, les forces politique pro Kurdes.

Ce retournement de situation en Israël et en Turquie, vient consolider, au plan stratégique sous régional, l’avènement d’un « Gouvernement de Consensus National palestinien » entre l’OLP et le Hamas en terre palestinienne, qui porte dèja deux initiatives historiques que sont, l’entrée de la Palestine à L’UNESCO, et à la « Cours Pénale Internationale » (CPI), pour y exercer ses droits souverains.
Dans ce contexte nouveau, les pays d’Afrique devrait œuvrer de toutes leurs forces pour appuyer la déclaration future, devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, de l’Indépendance de la Palestine dans ses frontières de 1967 et le retour de ses refugiés, comme étape ultime de la lutte de libération du Peuple de Palestine.
Mais entre temps, l’Union Africaine ( UA), qui a pris le relais de l’OUA, devrait prendre des initiatives en direction de l’OCI pour empêcher toute guerre entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, et ensemble, œuvrer pour la fin de la guerre au Yémen, la libération des terres Syriennes et Irakiennes occupées par les groupes armés islamiques, et pour l’ intangibilité de leurs frontières respectives.

Cette initiative devrait être portée par le Sénégal au titre de sa triple casquette, de Président du « Comité des Nations Unies pour l’Exercice des Droits Inaliénables du Peuple Palestinien » dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem comme Capital, et en même temps Président de la CEDEAO, et ex-Président de l’OCI.

La mise en échec de la stratégie actuelle des USA au Moyen Orient pour sécuriser Israël, du fait de ses conséquences sur l’’Afrique du Nord, est un impératif pour les peuples d’Afrique en quête d’unité du Continent.
C’est le seul moyen d’empêcher la réalisation du projet du « grand Moyen Orient » des USA, qui verra l’Afrique du Nord complètement détachée du reste du Continent.
Les Pan Africanistes du Nord au Sud, et de l’Est à l’Ouest du Continent, et la Diaspora Pan Africaniste, devraient donc faire du parachèvement de la libération du peuple de Palestine, un objectif stratégique pour la réalisation de l’Unité Africaine.

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL/CDS
Fait à Dakar le 9 Juin 2015