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La visite d’Obama au Sénégal : célébrer la « démocratie » ou promouvoir les intérêts de l’impérialisme yankee ?

D 2 juillet 2013     H 05:59     A Demba Moussa Dembélé     C 0 messages


Une certaine propagande fait croire au public sénégalais que le président des Etats-Unis, Barack Obama, va visiter le Sénégal pour « rendre hommage à sa démocratie ». Rien n’est plus éloigné de la réalité ! En vérité, Barack Obama se déplacera au Sénégal, tout comme dans les autres pays, dans le but de promouvoir les intérêts économiques, politiques et stratégiques de son pays. La démocratie et les droits de l’homme seront utilisés pour masquer les vrais objectifs de cette visite, qui vise essentiellement à faire du Sénégal un pion docile et fiable dans la stratégie globale des Etats-Unis.

L’importance stratégique de l’Afrique de l’Ouest et du Sénégal

N’oublions pas qu’Obama avait été précédé au Sénégal par son ex- Secrétaire d’Etat, Mme. Hillary Clinton qui était venue « rendre hommage à la démocratie sénégalaise ». Mais elle était venue surtout, disait-elle, pour jeter les bases du « partenariat durable » entre le Sénégal et son pays. C’est sans doute pour consolider ce « partenariat » que le président Obama va visiter le Sénégal.

Il n’y a pas de doute qu’aux yeux des Etats-Unis, l’Afrique de l’Ouest est en train de prendre une importance croissante dans leur stratégie de militarisation du continent africain. Des informations divulguées par les médias occidentaux indiquent que le Burkina Faso est devenu un des centres névralgiques de la CIA, l’agence de renseignements des Etats-Unis.
La sous-région ouest africaine est la plus peuplée des sous-régions africaines, avec quelque 300 millions d’habitants. En outre, elle regorge de ressources naturelles avec le pétrole du Nigeria, l’uranium du Niger, la bauxite de la Guinée et les ressources agricoles de la Côte d’Ivoire, entre autres. La région est un passage vers l’Amérique latine et le Moyen Orient et plusieurs pays membres, comme le Sénégal, sont situés sur l’Océan Atlantique.

L’importance d’une telle région ne peut donc échapper aux stratèges nord-américains. De son côté, du fait de sa relative « stabilité » politique, la dimension stratégique du Sénégal s’est renforcée à cause de la multiplication des crises dans la sous-région et de l’instabilité dans certains grands pays, comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et la Guinée. D’ailleurs, leur imposante nouvelle ambassade avait donné une idée de l’importance que les Etats-Unis attachent au Sénégal comme une de leurs points d’appui pour promouvoir leurs intérêts dans la sous-région et même au-delà.

Avant la crise malienne, les Etats-Unis avaient fait de Dakar une de leurs bases pour les manœuvres militaires annuelles dénommées « Flintlock » dont l’objectif apparent est d’entraîner les armées des pays du Sahel dans la « lutte contre le terrorisme ». Ces manœuvres sont organisées sous l’égide d’AFRICOM (commandement militaire pour l’Afrique) un vaste projet de militarisation de la région du Sahel et du reste du continent. Le quartier général AFRICOM se trouve en Allemagne mais les Etats-Unis voudraient le transférer en Afrique. Ils sont toujours à la recherche d’un pays d’accueil, de préférence dans la région du Golfe de Guinée riche en pétrole. Mais jusqu’à présent les pays sollicités ont refusé l’offre des Etats-Unis. Finiront-ils par se rabattre sur le Sénégal ?

AFRICOM : bras armé de l’impérialisme yankee en Afrique

Une telle éventualité semble peu vraisemblable, mais sait-on jamais ! Dans un monde en profonde mutation, avec le déclin irréversible de l’hégémonie occidentale, les Etats-Unis cherchent à ralentir, voire freiner, ce déclin. Dans ce contexte, l’Afrique est devenue un enjeu majeur avec ses immenses richesses et l’influence grandissante des pays « émergents », notamment de la Chine. C’est cela qui explique la création d’AFRICOM par l’Administration Bush et l’intention des Etats-Unis d’installer son quartier général sur le sol africain. Le prétexte apparent est la « lutte contre le terrorisme » notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. Mais les raisons fondamentales sont liées au contrôle des ressources du continent et à la protection des multinationales du pétrole qui investissent dans la région du Golfe de Guinée. Il est avéré que les Etats-Unis dépendront de plus en plus du pétrole africain et d’autres ressources naturelles provenant de l’Afrique. D’où la nécessité de militariser le continent pour sécuriser l’accès à ces ressources et en même temps contrer l’influence de la Chine.

AFRICOM est le bras armé des Etats-Unis en Afrique, tout come l’OTAN est leur bras armé au niveau mondial. Au cours de ces dernières années, AFRICOM a participé à des agressions contre des pays souverains. Ce fut le cas notamment en Libye, avec l’expédition impérialiste de l’OTAN contre le président Kadhafi qui avait été planifiée par AFRICOM.

Durant cette agression, les Etats-Unis et leurs alliés, la France et la Grande Bretagne, n’avaient pas hésité à s’allier à des groupes terroristes liés à Al-Qaïda. Le même scénario est en train de se répéter en Syrie où les mêmes pays, alliés au régime moyenâgeux d’Arabie Saoudite et aux monarchies despotiques du Golfe soutiennent des « rebelles » dont la plupart sont des groupes terroristes liés à Al-Qaïda et dont la barbarie a fait la une des médias du monde entier.

Une politique d’essence impérialiste

En vérité, la politique des Etats-Unis s’est toujours accommodée de compagnonnage avec des régimes autoritaires, voire fascistes, et de groupes terroristes dès lors que cela contribue à faire avancer leur stratégie globale de domination du monde. Monsieur Obama, tout comme tous ses prédécesseurs, est au service de cette stratégie d’essence impérialiste, qui engendre la guerre et exporte la terreur aux quatre coins de la planète.
Pour atteindre leur objectif, les Etats-Unis ont créé la CIA et mis en place un système planétaire de surveillance et d’espionnage contre des Etats, des organisations et des individus, en violation de toutes les règles du droit international. Cela est fait au nom de « la sécurité nationale » des Etats-Unis, un terme qui recouvre essentiellement la défense des intérêts de Wall Street, la Bourse des valeurs des Etats-Unis. Autrement dit, la « sécurité nationale » des Etats-Unis, c’est la protection des intérêts de Microsoft, d’ExxonMobil, de Chevron, de Citibank, de Goldman Sachs, de McDonald, et d’autres multinationales d’origine nord-américaine, piliers du capitalisme au service d’une minorité immorale et cynique.

Les révélations de Wikileaks il y a un peu plus d’un an et tout récemment celles d’Edward Snowden sur les écoutes de la NSA ont mis à nu le vrai visage de l’impérialisme yankee : un système militaro-industriel totalitaire et tyrannique qui secrète le crime sous toutes les latitudes. Ainsi donc, pendant que Barack Obama aura les mots « démocratie » et « droits de l’homme » à la bouche lors de son séjour au Sénégal, son armée, la CIA et ses milliers d’agents continueront à semer la mort et la terreur à travers le monde.

Demba Moussa Dembélé

Ligue internationale de la lutte des peuples

Dakar