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Sénégal : . COMMUNIQUE : Mort De l’étudiant Bassirou FAYE , un crime inacceptable !

D 19 août 2014     H 15:36     A Yoonu Askan Wi ( Sénégal)     C 0 messages


YOONU ASKAN WI /Mouvement pour l’Autonomie Populaire
Permanence nationale : HLM Grand Yoff, villa n°218, Dakar Récépissé n°13740/MINT/DAGAT du 27 Janvier 2009

Le Secrétariat Permanent de Yoonu Askan Wi, réuni en journée d’étude ce Dimanche 17 Août 2014, a adopté le présent communiqué à propos de la mort de l’étudiant Bassirou FAYE, survenue ce 14 Août :

Janvier 2001, l’étudiant Balla GAYE est assassiné à l’occasion d’une manifestation réprimée par la police sénégalaise. Le 14 Août dernier, Bassirou FAYE, étudiant de 1ère année de Maths-PC à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, est lâchement tué par balle, selon les révélations de l’autopsie et celles d’un témoin oculaire, lequel doit être protégé pour la manifestation de la vérité ; plusieurs autres étudiants sont grièvement blessés, des résidences universitaires sont saccagées avec équipements personnels et matériels didactiques.

Et pourtant ces jeunes ne revendiquaient que le versement de leurs bourses restées impayées depuis 10 mois !!! Le peuple n’attendait-il pas plutôt de la seconde alternance d’en finir avec un Sénégal d’injustices, de piétinement du savoir, d’étouffement de la jeunesse et de l’espoir ?
Les conditions de vie et d’étude des étudiants de l’UCAD constituent en elles- mêmes une agression et une violence quotidiennes. La présence permanente des forces de répression dans l’espace universitaire est inacceptable et contraire au respect des franchises et de l’autonomie de l’Université. L’utilisation de balles réelles contre les étudiants est inadmissible. Toute la lumière doit être faite sur ces crimes odieux, dont les auteurs devront être identifiés et châtiés sans retard, ni camouflage ni complaisance. Sincères condoléances à la famille éplorée, à toute la communauté universitaire et à l’ensemble du peuple sénégalais qui a perdu un de ses fils.

Les étudiants, les forces populaires et citoyennes, actrices du sursaut du 23 juin 2011 et du changement du 25 Mars 2012, interpellent sans doute leurs responsabilités propres, mais aussi et surtout celles du Président de la République, de son gouvernement ainsi que des autorités académiques : est-il supportable que des étudiants restent une année universitaire entière sans percevoir un sou de leurs bourses ? Est-ce une fatalité de contraindre chaque fois les étudiants à recourir à des grèves, à des manifestations voire à la violence, pour se faire payer leurs maigres bourses ? Ce meurtre n’est-il pas une des conséquences de la non satisfaction prolongée des revendications légitimes des étudiants et du pourrissement pernicieux de la situation ? Si réellement l’éducation, secteur et enjeu stratégique s’il en est, figure au premier rang des priorités nationales, comment les autorités sénégalaises peuvent-elles expliquer de telles carences et négligences coupables ?

En vérité, le corps social sénégalais est malade, le système éducatif n’en constitue qu’un reflet, à l’image des résultats catastrophiques des BAC et BFEM 2014, de la baisse inquiétante du niveau des apprenants comme des enseignants, des fraudes gigantesques découvertes récemment à l’occasion du concours de recrutement d’élèves-maîtres ou de l’entassement vertigineux des diplômés chômeurs. Un tel système éducatif mérite d’être revu de fond en comble, afin de pouvoir répondre correctement à nos réalités et besoins de développement endogène, à la valorisation de nos cultures et de nos langues nationales, à nos impératifs de souveraineté, à notre exigence d’une école publique de qualité, de performances et d’excellence. Si les Assises sur l’éducation, incluant l’ensemble des acteurs de l’école, ne prennent pas en charge ces paramètres, de façon déterminée et efficace, elles passeront inévitablement à côté.

C’est le lieu de dénoncer fermement les agissements fébriles des pilleurs et voleurs de la République : cet ancien Président autocrate, mégalomane et pyromane, menace et appelle ostensiblement à la déstabilisation ; cet autre démagogue ex-Premier Ministre, fait flèche de tout bois, sans croire à un traitre mot de ses propres discours et prêches faussement savants : il va même jusqu’à agiter, hypocritement, les conclusions des Assises Nationales et le projet de Constitution de la CNRI ! Ces pêcheurs en eaux troubles tentent visiblement d’empêcher que les procès liés à la traque des biens mal acquis aillent jusqu’au bout et sans compromission, afin que les voleurs rendent gorge ; ils cherchent à utiliser cyniquement les souffrances des masses populaires des villes et des campagnes ou à se positionner comme les messies détenteurs des solutions à la crise de l’Université. Peine perdue, ces charlatans ne réussiront jamais à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, des prédateurs et escrocs politiques pour des modèles de vertu.

Voilà pourquoi, c’est à une remise en cause en profondeur de la situation pour des perspectives de l’école, telles qu’esquissées plus haut, que Yoonu Askan Wi invite les autorités et décideurs sénégalais ; c’est à cette réflexion prospective sérieuse qu’il convie les enseignants, parents, étudiants, élèves et autres parties prenantes, dans l’intérêt supérieur de notre système éducatif, de notre pays et de notre peuple, aujourd’hui et demain.

Fait à Dakar le 17 août 2014.

Le Secrétariat Permanent de Yoonu Askan Wi