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Texte liminaire de la Conférence de presse du mercredi 04 mai 2016 : Des fondements de la rupture d’avec les coalitions Bennoo Siggil Senegal et Bennoo Bokk Yaakaar à la formulation des nouvelles exigences et tâches, ou le temps de l’alternative populaire.

Yoonu Askan wi Senegal

D 4 mai 2016     H 21:24     A Yoonu Askan Wi ( Sénégal)     C 0 messages


Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers journalistes, chers invités, chers camarades et amis,

Tout d’abord, un grand merci au grand patriote et illustre professeur de sociologie, Monsieur Boubacar Ly, qui a formé plusieurs générations de sociologues africains à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un grand merci pour avoir choisi d’offrir spontanément à Yoonu Askan Wi 250 ouvrages tirés de sa bibliothèque personnelle, dont un petit échantillon est ici exposé sous vos yeux. Nous nous engageons à en faire un bon usage, notamment dans le cadre des activités de l’école de formation du parti et d’animation du siège. Longue vie et bonne santé au professeur Boubacar Ly !

La 9ème session du Conseil Général de Yoonu Askan Wi, réunie le 03 avril 2016 à Dakar, a procédé à l’évaluation du référendum du 20 Mars 2016 et, plus globalement, des quatre années d’existence du régime du président Macky SALL. Il a apprécié, dans ce cadre, la conduite politique du parti, définie depuis la 5ème session du CG de Décembre 2013 autour du triptyque suivant : . Au terme d’un débat large, contradictoire et serein, le CG a pris la décision de rompre avec les coalitions Bennoo Siggil Senegal et Bennoo Bokk Yaakaar.

I- SUR LE CONTEXTE POLITIQUE GLOBAL ET LES COALITIONS BBY ET BSS :
Au plan africain et international, les tentatives de la bourgeoisie oligarchique de procéder à un réaménagement du capitalisme pour le sortir de sa crise structurelle, se heurtent à la résistance des peuples et des travailleurs sur tous les continents. Les visées géostratégiques, politiques, économiques et territoriales des diverses forces et puissances en présence déterminent une chaîne d’évènements dans différents pays du sud. L’Afrique en général et la sous-région ouest africaine en particulier n’y échappent pas, comme l’illustrent parfaitement le développement du terrorisme à grande échelle, les nouveaux enjeux écologiques posant le devenir même de la planète terre, sans oublier les nouvelles dimensions du phénomène migratoire. Pourtant à l’échelle mondiale, les prodigieuses avancées scientifiques, techniques et technologiques prouvent amplement qu’aux antipodes du capitalisme, une autre mondialisation est possible, une autre civilisation dans laquelle les diverses ressources et potentialités pourraient être mises au service du progrès de l’humanité toute entière.

Au plan national, quatre ans après le changement politique intervenu au Sénégal le 25 Mars 2012 et à quelques semaines du 5ème anniversaire de l’historique mouvement du 23 juin 2011, les perspectives indécises faisant suite au renversement du régime libéral, autocratique et prédateur d’Abdoulaye Wade, ont fini par laisser la place aux certitudes ci-après :

1. Les attentes des acteurs des changements intervenus au sein de notre pays ont été déçues dans nombre de domaines, politique, institutionnel, économique, social, culturel et éthique.

2. Les engagements publics à matérialiser les conclusions des Assises Nationales n’ont pas été respectés par le Président Macky SALL après son élection. Le constat, malheureusement, est que le Président une fois élu, s’est privé d’utiliser la marge effective d’initiatives que lui reconnaît la Charte fondamentale du pays, pour faire usage de ses pleines prérogatives, tenir parole et respecter les engagements pris devant la Nation.

3. Certes ces engagements sont relatifs à l’application du quinquennat à son propre mandat, et il est vrai aussi qu’à ce propos, c’est un « wax waxeet » (reniement), fût-il maquillé, qui a fini par prévaloir. Mais en vérité, le non respect de ces engagements va bien au-delà, puisqu’il s’inscrit dans la remise en cause voire l’enterrement des ruptures et du changement de cap attendu au profit de notre pays et de notre continent.

4. Cette démarche déplorable interpelle l’ensemble des forces de progrès, constitutives de la majorité citoyenne, sociale et politique imprégnée de l’esprit du 23 juin 2011 et artisane de la victoire du 25 mars 2012, notamment les coalitions Bennoo Bokk Yaakaar et Bennoo Siggil Senegaal, qui n’ont pas agi à la mesure de leur rôle de sentinelle pour pousser le Président élu à honorer le pacte politique et éthique conclu.

5. Bennoo Bokk Yaakaar qui devait être le dernier rempart contre les dérapages, a plutôt fait preuve d’une grande passivité et a eu toutes les peines du monde pour se doter de formes partagées de structuration et de fonctionnement, aptes à promouvoir des activités durables, à partir de concertations régulières, inclusives, démocratiques et sérieuses, et non pas seulement selon le bon vouloir du Palais. Ces dysfonctionnements étaient déjà perceptibles d’ailleurs dans le fait que BBY a plongé dans la bataille du second tour en 2012 sans se doter d’une unité politique dûment officialisée. Le projet de plate-forme du Rassemblement National pour le Changement « Bokk Yaakaar » avait pourtant systématisé, on ne peut mieux, les avancées les plus notables de la période, déclinées en quatorze points saillants, autour de six axes majeurs adossés aux Conclusions des Assises nationales. Le refus de finaliser les discussions et de signer la Plateforme en question était probablement annonciateur des attitudes actuelles.

6. Si Bennoo Bokk Yaakaar a pu agir de la sorte impunément, c’est bien parce que la principale composante organisée en son sein, Bennoo Siggil Senegal, a laissé faire, d’autant plus qu’elle-même a pris le parti de tourner le dos aux résultats des sept séminaires qu’elle a organisés, tourné le dos à son propre programme en douze points et cent vingt mesures, tourné le dos à son pacte d’engagement éthique et politique ainsi qu’au serment d’engagement politique et éthique de son candidat au 1er tour.

7. Ces coalitions ont également dévoilé leurs limites en faisant trop souvent montre de complaisance face à des agissements prébendiers répréhensibles - que les auteurs soient en leur sein ou en dehors -, ce en contradiction avec les exigences de poursuite conséquente de la lutte pour l’instauration d’une République de rupture, démocratique, sociale, citoyenne et laïque, capable de concrétiser les objectifs fixés. De ce point de vue aussi, elles ont fait faillite.

II- LA DEUXIÈME ALTERNANCE À MI-PARCOURS
Pour le CG de Yoonu Askan Wi, le pouvoir de la deuxième alternance s’est engagé vers les options suivantes, de plus en plus éloignées des objectifs communs de départ, malgré quelques mesures positives en matière de politique sociale :

1- le choix de contourner la période de transition proposée par les Assises nationales, devant mettre en place les conditions favorables à un réel changement de cap ;

2- le choix de s’aligner sur les programmes d’émergence non endogènes qui ont pignon sur rue en Afrique de l’Ouest ou du centre, à contre courant de l’option pour le patriotisme économique ;

3- le choix de faire l’impasse, en pratique, sur l’émergence du Sénégalais de type nouveau par l’animation d’un mouvement d’éducation à l’émancipation nouvelle, susceptible, à partir d’une pédagogie par l’exemple et par le haut, d’impulser des transformations socio-culturelles allant dans le sens de réformer les mentalités et les comportements citoyens ;

4- le choix de la perpétuation du présidentialisme néocolonial contre la refondation nationale pour l’instauration d’une nouvelle République, suite au ravalement du référendum à un jeu biaisé de réponse, par OUI ou par NON, à une réforme peu substantielle en quinze points déclarés, après avoir expurgé le travail de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) de toute substance vive ;

5- le choix de plus en plus manifeste de la part du pouvoir, de renforcer l’emprise des monopoles, des transnationales et du capital étranger, comme l’illustre l’empressement subit à vouloir faire signer et ratifier les A.P.E, au détriment de notre peuple, du capital national et du patriotisme économique.

III- À PROPOS DES PERSPECTIVES ET DES TÂCHES
Le Conseil Général prend acte du fait que la situation globale ci-dessus décrite est l’expression d’une part, de la clôture de toute une période de l’évolution politique de notre pays, d’autre part de l’ouverture d’une nouvelle séquence, dont l’enjeu stratégique relève de deux exigences pour notre Mouvement :
 l’expression d’une volonté et d’une exigence de se doter d’une capacité commune de contribuer activement à l’émergence par étapes, d’une puissante force alternative de transformation sociale, de libération et d’émancipation ;

 l’affirmation d’une démarche de fédération des luttes économiques, sociales et culturelles des travailleurs, ouvriers et paysans, des chômeurs, exclus et autres laissés-pour-compte, dans la perspective du combat politique pour l’instauration d’une nouvelle république de démocratie sociale.

Nos responsabilités demeurent donc entières et il n’est pas possible de les assumer dans le cadre de coalitions qui ont fait faillite, surtout dans le contexte de recomposition politique en cours posant l’hypothèse des retrouvailles de « la famille libéralo-libérale » au Sénégal. Assumer ces responsabilités implique en effet la prise en mains des tâches suivantes, avec clairvoyance, détermination et esprit de suite, à savoir entre autres :

Edifier, au cœur des luttes, préoccupations et aspirations populaires, une puissante force politique unie, soudée aux masses des villes et des campagnes, connue et visible, dotée des ressources humaines, financières, matérielles et logistiques à la hauteur de ses ambitions légitimes, une nouvelle force politique, motivée, audacieuse et novatrice, alternative et crédible.

S’approprier, en vue de les consolider, les conclusions des Assises nationales ainsi que l’Avant-projet de Constitution de la CNRI ; se mobiliser pour conduire victorieusement jusqu’à son terme le processus de rupture d’avec le régime politique de type présidentialiste néocolonial et les constitutions qui l’ont codifié de 1963 à nos jours. Il est du devoir de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) d’assumer pleinement ses responsabilités afin de jouer son rôle dans la matérialisation effective de cette exigence.

Mettre en place un nouveau front des Assises nationales du Sénégal pour fédérer toutes les forces démocratiques et patriotiques, la jeunesse et les femmes du peuple, les travailleurs des villes et des campagnes, autour d’orientations républicaines, patriotiques et progressistes largement partagées.

Ancrer la souveraineté économique et politique dans la perspective d’un Plan Sénégal Indépendant (PSI), contre le bradage du patrimoine national, la libéralisation et les privatisations au profit des monopoles, pour la nationalisation des secteurs de souveraineté.

Poursuivre jusqu’au bout, sans faiblesse ni complaisance ni parti pris, la traque des biens mal acquis et assumer avec esprit de suite la lutte contre les menées revanchardes de l’opposition prédatrice et milliardaire incarnée par les tenants du régime déchu des Wade.

Travailler sans relâche à l’unité organique des forces de gauche nationalistes, patriotiques, panafricanistes et internationalistes, ce à travers toutes les formes appropriées allant, selon les opportunités, de la confédération à la fusion en passant par la fédération.

Elaborer et mettre en œuvre sans retard un plan stratégique d’implication de ces forces, sous leur propre bannière, dans les luttes politiques et sociales ainsi que dans les batailles électorales à l’horizon 2017-2019 et au-delà.

IV. À PROPOS DE QUELQUES QUESTIONS D’ACTUALITÉ
1- Concernant le cumul des mandats, Yoonu Askan Wi, pour des raisons de rationalité, d’efficacité et d’utilisation optimale des ressources humaines disponibles, est pour le principe : un(e) citoyen(ne), un mandat électif ; et sur cette question dans tous les cas, il appartient à l’État de faire respecter la loi en toute équité, sans esprit de règlement de comptes politiciens.

2- Le traitement apparemment prioritaire réservé au Haut Conseil des Collectivités Territoriales dans la mise en œuvre de la révision constitutionnelle adoptée à l’occasion du référendum du 20 Mars 2016, renseigne sur certains de ses soubassements liés à des calculs de politique politicienne. Le statut de ce Haut Conseil, sa composition, le mode de désignation et de rémunération de ses membres, laissent penser à un Sénat maquillé, destiné avant tout à satisfaire les appétits d’une clientèle et d’une partie des alliés politiques du Président au pouvoir.

3- Quant au secteur public de l’éducation et de la formation, il reste toujours en proie aux perturbations, à l’instabilité et à l’incertitude. Pour remédier à cet état de fait récurrent, il faudrait au moins commencer par reconnaître, dans les faits, le caractère hautement stratégique de ce secteur pour tout projet de développement économique, social et culturel endogène dans notre pays, ensuite promouvoir une mobilisation citoyenne à même d’amener le gouvernement à respecter sa propre signature, pour l’application effective, sur la base d’un chronogramme précis, des accords signés avec les syndicats d’enseignants, et enfin enraciner en théorie et en actes une culture de dialogue sincère entre l’État et les partenaires sociaux.

4- Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers journalistes, chers invités, chers camarades et amis, pour avoir voulu manifester publiquement et pacifiquement leur opposition à la signature des Accords de partenariat économique Afrique/Union européenne, des responsables de la « Coalition Non aux APE », dont le coordonnateur notre camarade Guy Marius Sagna, et d’autres membres, une femme et deux hommes, ont été agressés, arrêtés et détenus de longues heures durant au Commissariat central de Dakar le 28 Avril dernier, avant d’être libérés tard dans la nuit. Bien entendu, aucune répression ni tentative de musèlement ne réussiront à empêcher les militants et citoyens de notre pays et de notre continent à se dresser de toutes leurs forces contre ces APE, dont la signature et la ratification compromettront durablement le présent et le devenir des économies africaines.

5- À propos des tensions sur les relations entre le Sénégal et la Gambie, Yoonu Askan Wi, dans l’intérêt bien compris des deux pays frères ainsi que de la paix en Casamance, appelle les autorités et tous les acteurs à faire preuve de sérénité et de responsabilité, en conformité avec les exigences de démocratie, de liberté et de respect de la souveraineté des peuples, loin de tout esprit de chauvinisme, de chantage et de surenchère. Avec la conviction profonde qu’hors de l’unité politique de nos fragiles micro-États au niveau sous régional, régional et continental, point de salut pour les peuples de Gambie, du Sénégal et d’Afrique.

MERCI DE VOTRE AIMABLE ATTENTION.
Le Secrétariat Permanent de Yoonu Askan Wi