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Togo : Le soulèvement populaire du « vendredi noir » ébranlait la dictature d’Eyadéma

5 octobre 1990 - 5 octobre 2010 Il y a 20 ans

D 6 octobre 2010     H 14:58     A     C 0 messages


Il y a 20 ans, le vendredi 5 octobre 1990, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, la soudaine irruption d’une profonde colère populaire, trop longtemps contenue, déferlait au Palais de Justice de Lomé où devait être rendu le verdict du procès de deux jeunes arrêtés et torturés pour distribution de tracts hostiles au régime d’Eyadéma. Parti de la jeunesse, le puissant soulèvement s’étendit au peuple tout entier.

Dans la tourmente des bouleversements survenant à l’échelle mondiale depuis la chute du mur de Berlin, ce soulèvement, qui continue à vivre dans la conscience du peuple togolais jusqu’aujourd’hui, exigea la fin des 23 ans de régime dictatorial d’Etienne Gnassingbé Eyadéma qu’il ébranla fortement.

20 ans de crimes abominables restés impunis :

Face à cette révolte, la dictature d’Eyadéma déploya son armée tribale pour la réprimer sauvagement et installa, depuis, une stratégie de terreur aveugle qui n’épargna ni vieillards, ni femmes, impunément violées, ni enfants et dont le macabre bilan est un génocide de plus de 7 000 assassinats sur ces 20 ans.

Les temps forts en ont été : les massacres de la Lagune de Bè en avril 1991, les massacres lors du coup d’Etat sanglant de novembre-décembre 1991, les assassinats de militants politiques comme Tavio Amorin, Marc Atidépé, Mama Touré Moussa, Atchankpa Zakari Ouro, Tchadjobo Alasa Sama en 1992, les massacres de Fréau Jardin et de Bè en janvier 1993 qui poussèrent à l’exode plus de 600 000 Togolais au Ghana, au Bénin et vers les localités de l’intérieur du pays, les massacres de militaires démocrates et originaires des régions sud du pays en mars 1993, les assassinats de centaines de citoyens dont les corps, jetés en haute mer, ont été rejetés pour certains sur les plages à l’occasion de l’élection présidentielle de l’année 1998, les massacres de plus de 400 à 500 citoyens selon la Mission d’enquête de l’ONU au Togo, plus de 1 000 selon la LTDH, avant, pendant et après l’élection présidentielle d’avril 2005 suite à laquelle Faure Essozimna Gnassingbé s’installa en toute illégalité dans le fauteuil présidentiel laissé vacant par le décès de son père.

Le Parti des travailleurs tient à rendre hommage à la mémoire de toutes ces victimes innocentes auxquelles il exige que justice soit rendue pour mettre fin au cycle infernal de l’impunité qui règne depuis 1963 au Togo.

C’est pourquoi il propose notamment à toutes les organisations qui se réclament de la démocratie d’organiser solennellement une délégation à l’Assemblée nationale pour exiger la démission inconditionnelle et immédiate de son président, Abass Bonfoh, qui vient de nier, de façon grossièrement provocante, les massacres de l’année 2005. Premier commanditaire de ces crimes contre l’humanité en sa qualité de président par intérim à l’époque, il doit être mis à la disposition de la Justice pour en répondre.

20 ans de combat du peuple togolais trahi par ses porte-paroles :

Impasse politique se caractérisant par : massacres de populations, règne de l’arbitraire, mascarades électorales à répétition, misère et famine pour le peuple, corruption, gabegie, division ethnique et régionaliste, subordination aux grandes puissances impérialistes et à leurs institutions qui n’ont cessé de soutenir sans faille le régime RPT pour piller sans vergogne notre pays, etc., tel est triste est le bilan après 50 ans d’indépendance.

Qui est responsable ?

Certainement pas le peuple togolais qui n’a pas cessé de combattre pendant ces 20 ans !

Ne sont-ils pas responsables de l’impasse d’aujourd’hui ces « leaders » de l’opposition démocratique qui se sont présentés comme des porte-paroles du peuple togolais et, malgré tout le sang versé par nos martyrs :

— Se sont opposés, dès 1990, au départ d’Eyadéma qu’exigeait le peuple togolais, surtout après la découverte des massacres de la Lagune de Bè, en avril 1991, en disant, comme Koffigoh : « Si nous demandons (à Eyadéma) de quitter son siège, avec qui allons-nous discuter ? » et Me Yao Agboyibo : « Il faut absolument quelqu’un qui puisse assumer la transition vers la démocratie. Actuellement, il y a un chef d’Etat qui est en place. Il vaut mieux qu’au cours des mois à venir la transition s’opère dans le respect des institutions. » (Interview à Jeune Afrique Economie, n° 143, mai 1991) ?

— Ont assuré la défense de leurs intérêts personnels tels les Edem Kodjo de l’ex UTD et ses alliés des ex PDU et PAD qui ont fusionné dans la CPP, Ayéva Zarifou du PDR, Léopold Messan Gnininvi de la CDPA, Gilchrist OLYMPIO de l’UFC en participant, les uns après les autres, tout comme Koffigoh et Agboyibo, aux gouvernements du régime RPT dont le peuple cherche pourtant à se débarrasser depuis 20 ans ?

N’était-il pas question de maintenir, donc de sauver, le pouvoir du clan des GNASSINGBE chaque fois qu’on les appelait à participer à tous ces « dialogues », « négociations » et autres « accords » qui n’ont été que des marchés de dupes suite auxquels on leur attribuait de juteux postes au sein des gouvernements RPT ?

Car, tous autant qu’ils sont, ces accords n’ont-ils pas servi à donner de faux espoirs pour briser les mobilisations du peuple togolais de 1991 jusqu’aujourd’hui : 1) l’accord FAR-RPT de mars 1991, 2) l’Accord du 12 juin 1991, 3) la Conférence nationale où on refusa de destituer Eyadéma, 4) le Nouveau Contrat social (décembre 1991), 5) les accords de la Commission mixte paritaire (juillet 1992), 6) les négociations de Colmar (1993), 7) l’Accord de Ouagadougou-Lomé (1993), 8) l’Accord-cadre de Lomé (1999), 9) les négociations de San Egidio (1999), 10) l’Accord de Ouagadougou (2003), 11) l’Accord politique global (août 2006), 12) l’Accord de Ouagadougou (août 2009), 13) l’Accord Faure Gnassingbé-Gilchrist Olympio (mai 2010) ?

Dès lors, quelle confiance peut-on encore accorder à ces « leaders » de l’opposition qui n’ont cessé de trahir le peuple togolais en collaborant ainsi au maintien du régime RPT assassin pendant ces 20 ans ?

Alors qu’au sein du peuple la colère gronde,

20 ans après, les mêmes causes ne peuvent que produire les mêmes effets

Comme il y a 20 ans, le régime RPT se décompose sur pieds sous nos yeux avec de retentissants scandales en tous genres qui défrayent la chronique au plan national et international : matchs internationaux truqués, milliards détournés des caisses de l’Etat lors de voyages présidentiels, milliards détournés par de hauts dignitaires à la tête d’institutions nationales comme le FER, milliards des fonds de l’ONUSIDA détournés par de hauts dignitaires du régime, incuries du président de l’Assemblée nationale, etc.

Comme il y a 20 ans, le peuple se débat dans la plus grande misère avec des conditions de vie qui deviennent de plus en plus intolérables avec la hausse incessante du coût de la vie qu’entraîne notamment celle des prix des produits de première nécessité comme le carburant, cela, alors que les salaires, bloqués, voient leur pouvoir d’achat se dégrader de jour en jour et que le chômage n’a cessé de se généraliser.

Dans ces conditions, peut-on empêcher par la répression que, 20 ans après, les mêmes causes ne produisent les mêmes effets alors qu’au sein du peuple la colère gronde et s’apprête à éclater, à nouveau ?

Quelles nouvelles perspectives, 20 ans après ?

Peut-il y avoir de perspective plus actuelle que de terminer le combat commencé il y a 20 ans : en finir avec le règne du clan des Gnassingbé qui enfonce le Togo dans le chaos et la ruine ?

Ne faut-il pas, dès à présent, se préparer à mener jusqu’à la victoire totale le combat du peuple togolais pour l’instauration d’un régime démocratique dont il définira, par lui-même, la forme et le contenu ?

Pour arracher cette victoire, il faut un solide parti indépendant des travailleurs qui aidera les opprimés et exploités des villes et des campagnes, qui sont la majorité, à s’organiser par eux-mêmes.

C’est de toutes ces questions que le Parti des travailleurs appelle les travailleurs, paysans et jeunes à débattre à l’occasion de ce 20e anniversaire du soulèvement populaire du 5 octobre 1990.

Dehors Faure Essozimna Gnassingbé !

43 ans de domination sanglante du clan des Gnassingbé, ça suffit !

A bas le régime RPT !

Lomé, le 3 octobre 2010
Pour le Parti des travailleurs

Le Secrétaire chargé de la coordination
Claude AMEGANVI