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Togo - Coalition électoraliste : Gare aux Opportunistes de dernière heure !

D 20 août 2012     H 05:27     A Michel KINVI     C 0 messages


Le peuple togolais instruit et éveillé ne tolérera pas du tout une coalition électoraliste opportuniste des dernières heures. Depuis 2003 jusqu’en 2010, le peuple a toujours supplié les responsables politiques de l’Opposition démocratique de réaliser une coalition électorale pour affronter le régime RPT. Mais les responsables de l’opposition, sachant implicitement qu’il ne suffisait pas d’une coalition pour vaincre le pouvoir en place, ont toujours opté d’aller en rang dispersé aux élections viciées d’avance juste dans l’intention de voir quel point le régime RPT, dans ses distributions fantaisistes des voix électorales après les fraudes en amont et en aval, attribuera à chaque candidat opposant aventurier solitaire battu d’avance. C’était une attitude de paresse de la part de ces opposants pendant cette longue durée.

La démocratie ne s’accommode pas de fatigue morale et de paresse intellectuelle

Mais depuis 2010, la montée sur scène de Jean Pierre Fabre et la constitution du FRAC avec sa ténacité face à la répression policière barbare, l’endurance et la durée dans le temps des marches revendicatrices hebdomadaires, chaque samedi pour exiger les réformes électorales de transparence et de justice, ont changé le point d’équilibre éthique, moral, du jeu politique au Togo. Nous devons en toute sincérité donner ce crédit moral au FRAC. Ceux qui ont tout le long de ces deux dernières années discrédité les marches du FRAC l’ont fait vraiment à tort. Car c’est dans la répétition, la régularité, l’endurance et la durée que se forme un caractère, que se construit une attitude qui devient avec le temps une institution puis une tradition. Si nous voulons des institutions fortes nous devons faire preuve d’un caractère moral fort. Rien de fort ne s’obtient dans la paresse, dans la résignation et l’attente ou dans la compromission avec la médiocrité.

En Avril 2012 la force morale de FRAC se trouva décuplée dès qu’elle s’est greffée sur la force intellectuelle du CST (Collectif Sauvons le Togo). L’innovation du CST dans la lutte démocratique actuelle c’est d’avoir conçu une plateforme intelligible et générale pour les réformes préalables à tout processus électoral au Togo. Cette plateforme nous a sorti de la paresse intellectuelle qui a caractérisé la classe politique togolaise depuis la mort de Tavio AMORIN, mort qui a logiquement induit la résignation peureuse ou la mise en retrait créatif de certains jeunes ténors (dans le temps) intellectuellement habiles parmis lesquelles on peut au moins citer Cornelus Aidam du CPP et Claude Ameganvi du PT.

Alors, si les acteurs politiques actuels désirent vraiment des institutions fortes pour le Togo ils doivent se débarrasser de la résignation qui est une paresse morale et de la compromission avec la médiocrité qui est une paresse intellectuelle consistant toujours à accompagner le pouvoir en place dans ses acrobaties de gouvernement manipulateur.

Les réformistes ont la primauté sur les électoralistes

Dès les remous postes électoraux de 2010 au Togo et la mise sur pied du CVU ( Collectif pour la Vérité des Urnes) de Ives Ekoué AMAIZO et ses collaborateurs, les acteurs de l’Opposition togolaise devraient savoir que l’urgence ne doit plus être la participation aux élections en solitaire ou en coalition, mais plutôt l’obtention des reformes adéquates pour des institutions qui garantissent des élections transparente et justes.

Seul le FRAC est restée ouvertement et longuement présent sur l’espace public pour exiger et rendre concret les revendications pour garantir la vérité des urnes. Le CST de Zeus AJAVON vient de redynamiser cette présence revendicatrice sur le terrain. S’il doit y avoir maintenant une démarche de coalition pour aller aux élections afin d’assurer une victoire facile de la Démocratie sur la dictature, cette démarche de coalition doit se greffer comme complément indispensable sur la dynamique réformiste qui la précède.

Et ici, nous parlons d’une primauté de la démarche réformiste dans le temps (chronologie) et aussi dans le mécanisme d’un système démocratique. Et d’ailleurs aussi cette primauté se lit dans les esprits actuellement, c’est-à-dire dans l’adhésion populaire. La démarche de coalition électoraliste qui s’annonce au Togo doit tenir compte de cela et s’aligner tout simplement sans autre formalité sur sa prééminence réformiste. Ou au cas contraire, en se démarquant structurellement de la démarche réformiste du CST, la démarche de coalition électoraliste finira logiquement par semer la zizanie et enterrera ses partisans. Il faut savoir que si le peuple togolais instruit et éveillé n’a pas actuellement la force destructrice souhaitable pour abattre ses ennemis il a au moins une bonne mémoire qui lui permet d’éviter ses traîtres.

Dans l’ordre des préoccupations, face à une situation de danger, il faut distinguer l’urgence de la priorité et distinguer aussi la priorité de l’indispensable. Dans l’ordre, l’urgence vient d’abord, la priorité passe ensuite et l’indispensable vient en dernier lieu. Dans ce sens tout parti politique de l’opposition togolaise, qui ne s’impliquera pas d’urgence, en action directe et ouverte sur le terrain aux côtés de la dynamique réformiste enclenchée par le FRAC puis renforcée par le CST, sera tout simplement vu comme un opportuniste de dernière heure, s’il pense constituer une coalition électorale à part en cette heure précise du jeu politique au Togo. Nous le rejetterons. Nous, peuple togolais instruit et éveillé.

Les partis d’oppositions traditionnels comme le CAR, la CDPA, la CPP et autres ont souvent donné comme principal argument que la méthode de pression de la rue du FRAC puis du CST ne leur semble pas appropriée. Soit, qu’ils nous proposent dans les très prochains jours à venir une autre méthode plus efficace et qui amène plus rapidement le peuple à obtenir les réformes adéquates avant toutes élections législatives, communales et présidentielles dans les trois ans qui nous séparent de la fin du mandat du président actuel. Il faudra donc qu’ils fassent preuve de plus d’intelligence technique et de plus de force moral que le CST au cas où ils ne s’aligneraient pas sur la dynamique de ce dernier. Nous attendrions donc leurs résultats dans l’optimisme.

Quant à ce qui concerne le fait de séparer les rôles en réservant exclusivement aux partis politiques la responsabilité de revendiquer des droits et de négocier avec le pouvoir les réformes Institutionnelles et Constitutionnelles, cela revient à de l’artifice politique grossier et malhonnête. Le Togo est constitutionnellement une république, il n’est pas une aristocratie ou une monarchie, ses citoyens sont juridiquement égaux. Dans un pays comme le Togo, où les partis politiques majeurs des premières heures sont finalement presque tous affaiblis par la compromission avec le régime ou par la paresse intellectuelle, tout citoyen, dès lors qu’il a les capacités intellectuelles et morales d’instruire le peuple et de le mobiliser dans une dynamique citoyenne pour revendiquer ses droits, peut légitimement et légalement s’asseoir avec le pouvoir et discuter de toutes questions regardant la gestion du bien public. Il faut retenir ceci comme un principe.

Alors pour finir, je dirai que la coalition électorale c’est indispensable, mais ce qui est urgent et préalable ce sont les réformes institutionnelles et constitutionnelles. Celui qui ne lutte pas directement et ouvertement pour les réformes adéquates ne bénéficiera pas de quelque coalition électorale subséquente. Le peuple veille ! Et d’ailleurs la mise en place d’une coalition électorale viable demande un travail intellectuel et une force morale bien confirmés. La viabilité d’une démarche de coalition électoraliste ne pourra tolérer la paresse intellectuelle et la fatigue morale qui a caractérisé notre opposition depuis 2003. Le défi est à relever pour sauver finalement le Togo.

Michel KINVI

Source : http://cvu-togo-diaspora.org