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Togo : DE ODANOU DOBLI Ier À ODANOU DOBLI II : DE L’ADMIRABLE PATRIOTSIME PUR À l’IGNOBLE POLITIQUE ÉHONTÉE DU VENTRE

D 10 février 2015     H 05:59     A     C 0 messages


« Ce sont les conditions objectives d’existence qui déterminent la conscience et non l’inverse »
Karl Marx

« Nos chefs traditionnels n’ont plus de traditionnel, à peu d’exceptions près, que leur ventre »
Godwin Tété

L’une des causes fondamentales du retard notoire actuel des nations négro-africaines sur la voie de l’Humanité vers le progrès réside, à n’en point douter, dans l’abâtardissement incontestable de leurs chefs traditionnels par l’impérialo-colonialisme et les régimes de rotelets nègres qui en ont pris la relève. En effet, l’anthropologie négro-africaine nous enseigne que nos rois et /ou chefs traditionnels faisaient office de chefs à la fois séculiers, religieux et de guerre. À coup sûr ,ils étaient les gardiens de nos us et coutumes, les gardiens du Temple de notre Liberté, de notre Dignité !!! Ils étaient presque des dieux… pour leurs populations qui les entretenaient, les chérissaient, les adoraient même !

Mais voilà ! Depuis le passage de l’impérialo-colonialisme et l’avènement des régimes qui ont pris la relève de celui-ci, (notamment dans les ex-colonies françaises), nos rois et /ou chefs traditionnels sont devenus, à quelques exceptions près, de véritables marionnettes, de pures poupées (!) entre les mains de rotelets égocentriques, malencontreusement ambitieux, jouisseurs et cyniques.

Oui ! Nos chefs traditionnels ne sont plus entretenus par leurs populations respectives…Ils ne sont plus élus et couronnés par leurs propres congénères qui eux-mêmes se retrouvent paupérisés, affamés, condamnés à une noire misère. Nos chefs traditionnels sont, depuis belle lurette déjà, de facto, recrutés…, nommés…, stipendiés et caporalisés…par le pouvoir d’État en place [Cf.E. Adriaan B. Van Rouveroy Van Nieuwaal. L’État en Afrique face à la chefferie –Le cas du Togo. Ed. ASC-KARTHALA, Paris, 2000.]

Voilà pourquoi j’ai eu un terrible choc psychologique en apprenant qu’en date du 27 janvier écoulé, à Korbongou, le chef Odanou Dobli II a empêché, manu militari, la tenue d’un meeting (pacifique) du CAP 2015 (Combat pour l’Alternance Politique en 2015), Lisons :

« Le mardi 27 janvier en effet, la délégation du Cap 2015 conduite par Mme Brigitte Adjamagbo Johnson et Jean –Pierre Fabre, a partagé la journée entre les cantons de Katindi, Sanfatoute et Korbongou dans la préfecture de Tône, et Namoudjoga et Ponio dans la préfecture de Kpendjal. Non sans entraves de la part de certaines autorités coutumières qui se sont érigées, relève un communiqué de l’Alliance Nationale pour le Changement(ANC), en de « véritables petits potentats locaux ». À Korbongou précisément, le meeting prévu avec les populations a été empêché par le chef canton, un certain Odanou Dobli II, sans aucune raison. Et en lieu et place du meeting, la délégation a dû parcourir le marché de la localité pour parler aux populations pendant près d’une heure. ». [Cf. journal Liberté, N°1873 du 30/01/2015, pp.1,3-4]

Ce choc aura été d’autant plus pénible que j’ai dédié mon ouvrage : Histoire du Togo-La longue nuit de terre. Editions A.J.Presse, Paris, 2006, au Chef Odanou Dobli Ier : vénérable patriote emblématique de la palpitante quête de l’Ablodé. Parent de la mère de Sylvanus Kwami Epiphanio Olympio, ce chef traditionnel des nôtres aura été un authentique patriote, un véritable résistant à la monarchie obscure de Gnassingbé Eyadéma…

Voici ce qu’en a dit notre illustre compatriote Marc Messan Atidépé dans son pathétique témoignage livré à notre mémorable Conférence Nationale Souveraine (CNS) –juillet /août 1991 :

« Nous étions alors enfermés dans une voiture –fourgon et transportés à l’aviation. Il est évidemment inutile de vous dire qu’à partir de ce moment-là, des menottes nous étaient mises et “ornaient” nos poignets, que des soldats à loisir nous gratifiaient de gifles, de coups de poing et de fouet. À Lomé, nous avons été accueillis -j’allais dire cueillis- par des militaires, et les bastonnades avaient commencé à l’aéroport, dès que nous avons foulé le sol de notre patrie.

Au camp militaire, nous devions découvrir bien d’autres personnes, inconnues de moi, que l’on disait être impliquées elles aussi dans cette tentative de coup d’État. Parmi elles, se trouvait le très vieux chef Dobli, âgé de plus de cent ans. Sa présence parmi nous était pour moi la confirmation du caractère fallacieux de ce coup d’État, car comment pouvait -on imaginer- même si on est bête et analphabète -qu’un tel vieillard, à la vue très médiocre, à la démarche soudée, cassé par l’âge, puisse organiser et participer à un coup d’État !!!

La vie au camp militaire n’est pas de tout repos. Disons tout de suite que nous étions de véritables hors-la-loi et que chaque militaire, quel que soit son grade, pouvait faire de nous ce qu’il voulait » [Cf. mn ouvrage précité, volume 2, Annexe VI, pp.677-690].

On réalise dès lors aisément combien profondément affligeant s’avère le fait que l’actuel chef « traditionnel » de Korbongou porte le prestigieux et vénérable nom Odanou Dobli … Oui ! Karl Marx a parfaitement raison qui affirme : « Ce sont les conditions objectives d’existence qui déterminent la conscience et non l’inverse »

Alors, Peuple togolais !

Ayons assez de Foi, assez de Courage, Acceptons assez de Sacrifices afin d’être à même de pouvoir Reconquérir coûte que coûte, en cette fatidique année 2015(!!!), notre Souveraineté, notre Liberté, notre Dignité !

Alors, Vive !!! Le CAP 2015 !!!

Lomé, le 1er février 2015

Godwin Tété