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TOGO : NOUS VOICI DANS LE VIF DU SUJET !!!

D 5 septembre 2012     H 05:58     A Godwin Tété     C 0 messages


« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple sacrée et le plus indispensable des devoirs » 1

INTRODUCTION

Suite à la confiscation, le 13 janvier 1963…, de son Ablodé chèrement conquis le 27 avril 1958 et solennellement proclamé le 27 avril 1960, le Peuple togolais s’est embarqué dans une lutte épique de reconquête : dans une lutte qui va vite s’avérer longue, très longue. Et, après un certain nombre de péripéties plus ou moins douloureuses, le 05 octobre 1990, ce combat atteignit un point de non-retour qui aura conduit à notre mémorable Conférence Nationale Souveraine (CNS) : 08 juillet-28 août 1991. Au terme de ces historiques assises, nous nous mîmes à rêver d’un avenir quelque peu meilleur. Mais c’était sous-estimer la capacité de résistance et de nuisance d’une dictature militaro-clanique, de toute dictature d’ailleurs. Nous n’allions dès lors pas tarder à déchanter. Au demeurant, « Les plus éclatantes victoires ne se remportent pas sans quelques sérieux ratés » 2.

Cependant, au lendemain de la parodie d’élection présidentielle du 04 mars 2010, un nouveau tournant vit le jour dans l’arène politique de chez nous. Cette fois-ci, le Peuple togolais, dans le cadre du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC), entama une forme d’action radicalement novatrice : des marches et des meetings hebdomadaires réguliers de contestation. Cette nouvelle forme de combat finira par donner naissance au Collectif « Sauvons le Togo ! » (CST).

Et voici que, de fil en aiguille, le 22 août 2012, la Dialectique de la répression étatique sauvage mène, elle-même, ledit Peuple à décider qu’ayant tout tenté en vain, il ne lui reste plus qu’à prendre carrément en main lui-même ses propres destinées une bonne fois pour toutes ! Et il demande à Faure Essozimna Gnassingbé de bien vouloir quitter les rênes du pouvoir qu’il occupe, de toutes les manières, illégalement et illégitimement. En d’autres mots, nous venons, ce 22 août 2012, (qui demeurera marqué d’une pierre blanche dans notre histoire !), d’entrer véritablement dans le vif du sujet… Enfin !!!

Ce qui implique que nous nous donnions la boussole qui sied à tous points de vue. Et c’est ce que nous allons nous efforcer de faire ci-après.

L’ITINÉRAIRE À SUIVRE MAINTENANT

La boussole précieuse, mieux, l’étoile polaire, sur laquelle nous devrions dorénavant braquer nos yeux, si nous tenons à parvenir à bon port sans trop d’anicroches, cette étoile, dis-je, est constituée, à mon humble avis, par la quintessence des considérations qui suivent.

1.Confrontés à la redoutable difficulté du combat, il nous faut une Foi inébranlable : une Foi qui soulève les montagnes !

2.Face à la soldatesque gnassingbéenne, nous devons exhiber le Courage et la Finesse… d’un David face à un Goliath !

3.Une abnégation sans arrière-pensées égocentriques aucunes doit nous habiter, nous animer : une abnégation toute sacerdotale !

4.Une détermination, une pugnacité à toutes épreuves : à la Sisyphe. Voilà l’une des qualités cardinales dont nous nous devons de nous parer !

5.Notre constante lucidité a besoin d’être incandescente, telle une braise ! En tout état de cause, maintenant que nous avons franchi le Rubicon, nous ne pouvons plus faire marche-arrière !

6.On ne soulignera jamais assez la nécessité d’une stratégie globale, à long terme et appropriée, ainsi que de tactiques circonstancielles idiones !

7.Nous avons à gagner, à tout prix, le Togo profond à épouser, très étroitement, la contestation née à Lomé ! À cet effet, il nous faut toujours coller à notre Peuple et amener ce dernier à coller à nous ! À ce propos, gardons à l’esprit cette assertion de Léon Trotsky : « Les masses sont capables de supporter les plus pénibles privations quand elles comprennent pour quelle cause » 3.

8.Il m’apparaît, à ce stade-ci, souhaitable et utile de nous doter d’un shadow-government, c’est-à-dire d’un gouvernement parallèle… Ou, du moins, d’une équipe parfaitement soudée, composée de militants aguerris, bien compétents chacun dans son domaine sectoriel. D’une équipe prête à toutes éventualités…

9.Il nous faut, cela va sans dire, cultiver un sens aigu de l’organisation. Car « L’organisation décide de tout » (Vladimir Ilitch Lénine).

10.Maintenir allumée une vigilance de tous les instants ! Notamment en ce qui concerne la collecte de deniers. Étant entendu que l’argent est le nerf de toute guerre…

11.Ainsi, par exemple, si d’aventure, des éléments plus ou moins douteux essayaient d’infiltrer le CST, nous devrions les regarder non pas à deux fois près, mais à mille fois près… Et, tant que nous n’aurons pas inventé un sincéromètre, nous devrions user de l’arme de « l’analyse concrète, d’une situation concrète » (V. I. Lénine). Nous devrions considérer, non pas la « bonne volonté » – indémontrable par la spéculation théorique – desdits éléments, mais plutôt les conséquences politiques objectives concrètes de ce qu’ils disent et font… Voilà ce que nous recommande le grand Vladimir Ilitch Lénine ! Du reste, chez nous, les Anciens étaient intimement convaincus que « Celui qui a été une fois mordu par un serpent devrait se méfier d’un ver de terre ».

12.Enfin, s’agissant du « dialogue inclusif » dont on n’a pas de cesse de nous rabâcher les oreilles à longueur de journée, le célèbre professeur afro-américain Gene Sharp nous enseigne :

« Les démocrates doivent se méfier des pièges qui peuvent leur être tendus par les dictateurs au cours du processus de négociation. L’ouverture de négociations alors que des questions fondamentales de libertés civiles sont en jeu peut n’être qu’une ruse du dictateur visant à obtenir la paix ou la soumission des opposants alors que la violence de la dictature se perpétue. Dans ce type de conflit, la seule négociation envisageable est celle qui se tient à la fin d’une lutte décisive, lorsque le dictateur est aux abois et qu’il cherche un couloir de sécurité pour se rendre à un aéroport international. » 4

Quant à des élections à être traficotées par la sordide oligarchie gnassingbéenne, le même universitaire noir proclame magistralement :

« Des dictateurs sous pression peuvent parfois accepter de nouvelles élections, mais en les truquant pour mettre en place leurs marionnettes civiles au gouvernement. Si des candidats de l’opposition ont eu le droit de se présenter et furent réellement élus, comme en Birmanie en 1990 et au Nigeria en 1993, les résultats furent simplement ignorés et les « vainqueurs » soumis à l’intimidation, arrêtés ou même exécutés. Les dictateurs ne vont pas se permettre d’organiser des élections qui pourraient les chasser de leur trône. » 5

13. Last but not least, (en dernier lieu mais non la moindre des choses), nous nous devons de récupérer…, coûte que coûte, les serviteurs des Forces Armées Togolaises (FAT) – lesquels serviteurs sont, avant tout, des fils et des filles du Togo !

Que ceux qui ont encore des oreilles entendent !!!

* * *

Il va de soi que les recommandations sus-énumérées ne prétendent nullement avoir bouché une exhaustivité quelconque. Mais leur auteur ose croire qu’elles couvrent l’essentiel de ce qui est, en l’occurrence, requis.

APPEL

Valeureux Combattants de l’ANC, du FRAC, du CST ! Vaillant Peuple togolais ! Glorieuses Jeunesse et Femmes togolaises ! Forces Armées Togolaises, vous qu’on utilise pour assouvir des intérêts qui ne sont pas vôtres !

L’Atopani : le Grand Tam-Tam ancestral de ralliement vient de nous appeler ! Pour la libération de la Terre de nos Aïeux : le Togo : l’Or de l’Humanité. Alors, Debout ! Luttons sans défaillance ! Vainquons ou mourons, mais dans la Dignité ! Oui ! Même si nous mourons, « De nouveaux combattants se lèveront ! ». 6 Car notre Cause est juste !!!

Ablodé ! Ablodé ! Ablodé nogo !

Paris, le 24 août 2012

Godwin Tété

Notes :

1.Maximilien Marie Isidore de Robespierre (à la Convention nationale le 10 juillet 1794). ↩

2.Cf. léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, Tome 2. Ed. Seuil, Paris, 2004, p. 594. ↩

3.Léon Trotsky (op. cit., p. 396). ↩

4.Cf. Gene Sharp, De la dictature à la démocratie : Un cadre conceptuel pour la libération. Ed. L’Harmattan, Paris, 2009, p. 34. ↩

5. Idem, p. 27. ↩

6.Titre d’un roman d’Antonin Zapotovsky, Président de la République Tchécoslovaque dans les années 1950.