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SAHARA OCCIDENTAL : A quand l’autodétermination ?

D 20 novembre 2012     H 05:14     A Gisèle Felhendler, Michèle Decaster     C 0 messages


Michèle Decaster, secrétaire nationale de l’Afaspa (Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique) a bien voulu, de retour d’un voyage au Sahara occidental, répondre à nos questions.

Afriques en lutte : Nous connaissons ton engagement auprès
du peuple sahraoui. Tout récemment, tu as fait un séjour au
Sahara occidental.

Michèle Decaster : Je suis allée passer quelques semaines de
vacances avec mes amis sahraouis car nous avons trop peu
l’occasion de passer de bons moments ensemble, les missions
d’observation des procès dans les tribunaux marocains ne sont
pas toujours propices à des retrouvailles dans la sérénité. Et puis
j’étais contente que ma petite-fille ait souhaité m’accompagner et
connaître ces militant(e)s de la liberté dont elle m’entendait
souvent parler. Là ce fut une belle découverte pour elle qui s’est
fait des ami(e)s de son âge, qui tout en ayant un vécu tout autre,
ont les mêmes espoirs, les mêmes passions, les mêmes fous
rires.

Peux-tu nous décrire la situation sur place ?

C’est la première fois que j’y retournais depuis la répression qui a
suivi le démantèlement violent du campement de protestation de
Gdeim Izik. J’ai senti les gens, toutes générations confondues,
tout aussi déterminés à exprimer publiquement leur exigence
d’accès à un référendum libre et sans contrainte, quelles qu’en
soient les conséquences en terme de représailles. Une marque
notoire : dans les quartiers populaires, les inscriptions sur les
murs « vive la RASD » (République arabe sahraouie
démocratique) et autres slogans, les dessins de drapeaux
fleurissent à chaque coin de rue, les autorités ont dû renoncer à
les recouvrir... mais la police est omniprésente avec ses divers
corps.

Dans quel état d’esprit sont les militant(e)s sahraoui(e)s
sont-ils ?

Les militantes et militants de tous âges sont toujours autant
mobilisé(e)s. La répression, ils la vivent depuis bientôt 37 ans, ce
n’est pas maintenant qu’ils vont cesser de revendiquer leur droit
et défendre leur dignité. Ce qui est différent pour les jeunes
générations qui ne supportent plus de vivre sous un régime
colonial : discriminations de toutes sortes, atteintes aux droits de
l’homme, pillage des ressources naturelles. Les jeunes et les
associations sahraouies (non reconnues par le pouvoir) utilisent
les brèches du mur du silence pour informer de leur situation. Les
organisations internationales de défense des droits de l’homme
s’expriment à leur sujet. La solidarité internationale s’est
renforcée. Jamais elles et ils n’abandonneront.
Le Sahara occidental et le Maroc

Où en est la lutte pour l’autodétermination ?

Le Maroc, malgré tous les appuis dont il dispose au niveau des
grandes puissances, dont la France, l’Espagne, ancienne
puissance coloniale, les États-Unis, etc. n’arrive toujours pas à
imposer sa vision du référendum d’autodétermination, c’est-àdire,
à n’offrir qu’une seule option aux électeurs : l’intégration au
Maroc dans le cadre d’une régionalisation ! Le Parlement
européen vient de prendre une nouvelle résolution pour le
respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le
secrétaire général de l’Onu a maintenu à son poste son envoyé
spécial, Christopher Ross, auquel le roi du Maroc avait retiré sa
confiance, suite au rapport remis en avril qui faisait état
d’atteintes aux droits de l’homme au Sahara occidental. En son
temps James Backer avait dû quitter son poste après une
première manoeuvre du même genre, alors qu’il avait fait des
propositions tout à fait crédibles pour la tenue du référendum.
Dernier revers pour le Maroc, le rapporteur spécial sur la torture
du Conseil des droits de l’homme de l’Onu revient d’une visite au
Maroc et au Sahara occidental où il a rencontré les militant(e)s
sahraoui(e)s et des victimes de la torture.

Quelles sont les perspectives au niveau international ?

Tout est dans les mains du Conseil de sécurité qui doit renouveler
la présence de la Minurso au printemps prochain. Comment notre
pays pourra-t-il encore freiner des quatre fers quand il sera
question d’élargir les compétences de la mission de l’Onu à la
surveillance des droits de l’homme ? On nous a promis le
changement dans les rapports entre la France et les dirigeants
africains. Le président de la République a dit qu’il entendait
« mettre dans la lumière ceux qui étaient dans l’ombre » et qu’il
entendait « travailler avec la société civile ». Je n’ai qu’un
souhait : que ces principes s’appliquent au roi du Maroc. Ce serait
là un véritable pas vers la rupture avec la politique néo coloniale
de la France en Afrique.

Bien qu’aucun pays au monde n’ait reconnu la souveraineté du
Maroc sur le Sahara occidental, le site de la francophonie inclut le
territoire, non autonome selon la définition de l’Onu, dans celui
de son voisin du Nord, le Maroc. Et le journal Le Monde de
relayer cette position dans un article récent illustré d’une carte où
la frontière reconnue par les Nations unies a disparu, (voir
http://www.francophonie.org/-Etats-et-gouvernements-.htm l).

Elle attribue au Maroc une superficie qui inclut les 266 000
kilomètres carrés du territoire du Sahara occidental actuellement
occupé illégalement. L’OIF qui est sous la responsabilité du
ministère des Affaires étrangères se doit de corriger ses cartes en
les adaptant aux cartes officielles des Nations unies et au droit
international.

Propos recueillis par Gisèle Felhendler