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Une exploration ethnographique de la représentation sahraouie informelle en Italie

D 18 avril 2013     H 05:52     A Sonia Rossetti     C 0 messages


Depuis la constitution de 1976, la Rasd a accueilli les femmes dans tous ses rangs politiques. Comme mère, enseignante, maire, ministre, représentante politique et médecin, les femmes sahraouies ont conservé leur identité traditionnelle et religieuse. Ce qui a amélioré leur contribution en évitant l’analphabétisme et en promouvant l’action politique à l’intérieur du Polisario.
Le cas sahraoui représente un exemple unique de l’inclusion des femmes dans la construction d’une nation pour un gouvernement musulman en exil. La militante palestinienne, Randa Farah, souligne que les femmes sahraouies ont traditionnellement bénéficié d’une grande autonomie malgré le fait qu’elles sont musulmanes :

[…] l’Islam tel que pratiqué par les Sahraouis est tolérant et libéral. Un exemple parmi d’autres, sur la manière dont la République démocratique arabe sahraouie (RDAS) a pu s’appuyer sur les traditions locales dans son institutionnalisation des droits de la femme. Traditionnellement, les femmes jouissent d’une totale autonomie dans leur gestion du quotidien dans et autour de la tente. Toute forme de violence à l’encontre de la femme, physique ou verbale, est condamnée et l’homme est généralement ostracisé par la société. Par conséquent de tels incidents sont si rares que le problème de la violence contre les femmes et les enfants n’existent pratiquement pas (Farah 2003)

C’est le mélange entre le sens traditionnel d’égalité et la tolérance religieuse qui a contribué à institutionnaliser les droits des femmes sahraouies dans un processus délibéré reconnu et soutenu par différentes agences des Nations Unies. Par exemple un rapport publié sur le site web de Women War Peace pour le United nations Development Fund for Women (Unifem) note que "l’Union nationale des femmes sahraouie (Unfs) est une force puissante qui a rassemblé avec succès des milliers de femmes sahraouies pour défendre leur implication en politique et dans un processus économique en quête de paix" (2010)

En 1975, le mouvement de libération sahraoui, le Polisario, a renoncé à ses chefferies tribales afin de proclamer l’unité nationale et exprimer son désir d’indépendance. Le nouvel Etat sahraoui en exil a été proclamé alors que l’invasion par le Maroc était en cours, juste avant le retrait de l’Espagne de la colonie du Sahara occidental. Depuis la constitution de 1976, la Rasd a accueilli les femmes dans tous ses rangs politiques. Comme mère, enseignante, maire, ministre, représentante politique et médecin, les femmes sahraouies ont conservé leur identité traditionnelle et religieuse ce qui a amélioré leur contribution en évitant l’analphabétisme et en promouvant l’action politique à l’intérieur du Polisario. Aujourd’hui, elles sont représentées à tous les niveaux sociétaux aussi bien dans les camps de réfugiés qu’à l’étranger. Leur participation dans des fora internationaux est grandement estimée et souvent donnent aux militants internationaux et aux gouvernements un nouvel angle de discussion sur la situation des gens dans des camps de réfugiés et sur les solutions possibles dans le conflit du Sahara occidental. Malgré les allégations selon lesquelles le Polisario instrumentalise l’intégration des femmes afin d’obtenir du soutien de la communauté internationale (Fiddian-Qasmiyeh, 2009 ; San Martin 2009), le fait demeure que les femmes sahraouies ont leur mot à dire dans le cadre de la Rasd et que ces politiques ont commencé longtemps avant qu’elles ne deviennent des normes et critères dans la littérature de politique étrangère.

Le processus d’intégration genre de la Rasd a été largement discuté dans la littérature (Lippert 1992, Olmi 1998, Baines 2001, Fiddian-Mendez 2002, Armstrong 2008), mais ce qui est sûr est que leurs travaux ont été scrutés au plan international au cours des trente dernières années. Tous les cinq ans, l’Union nationale des femmes sahraouies organise un Congrès des femmes sahraouies dans les camps de Tindouf, avec des centaines d’observateurs internationaux. En 2008, elles ont été invitées à visiter le Parlement européen (Mujeresaharauis blogspot, 2008) et la Pan African Women’s Association (PAWO) les ont choisies pour représenter les femmes africaines aux Nations Unies (Sahara Press Service, 2008)

La littérature sur le rôle de la représentation à l’étranger de l’Etat "en attente" est limitée. Le travail du représentant politique à l’étranger consiste à générer des revenus politiques, économiques et solidaires pour le pays hôte et pour "l’Etat en attente", ce qui signifie l’aide étrangère et une exposition politique dans l’arène internationale. Par exemple, Amanda Wise explique que des relations transnationales bien établies au cours de 25 années, par le représentant de Timor Este, Ramos Horta, a aidé "l’Etat en attente" à gagner l’appui international significatif de l’Australie et finalement à gagner son indépendance. (2004 : 171)

Des représentants sahraouis ont été envoyés à l’étranger pendant plus trente-six ans et ont fait usage de leurs alliances "diplomatiques" informelles pour faire entendre leurs voix par les gouvernements et les organisations internationales.

La résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies nous rappelle que la participation des femmes dans les relations étrangères est vitale. Ce que cette étude de cas sur la dimension genre des représentants informels sahraouis en Italie montre, c’est que la participation des femmes dans le domaine de la diplomatie est d’une efficacité unique.

ROMA’RAPPRESENTANZA [1]

Vingt ans après que les Sahraouis ont établi un quartier général du Polisario à Rome (rappresentanza), Mariam [2] a été envoyée en Italie comme représentante informelle de la Rasd. Dans un entretien qui a eu lieu à Rome, elle explique comment elle avait été recrutée en 1994 alors qu’elle étudiait à Cuba :

"Déjà à l’université, je faisais partie d’une organisation de jeunes Sahraouis. Avec les étudiants de l’université à Cuba, j’étais alors impliquée. J’aime vraiment être impliquée dans l’action politique. Toutefois il s’est passé quelque chose en 1991. Il y a eu le referendum et un appel lancé à la jeunesse pour qu’elle s’implique, en particulier dans des fonctions bureaucratiques, pour l’organisation de ce referendum. J’ai fini par travailler pour la commission sahraouie pour le referendum. Cela s’appelait Cosar, quelque chose comme la Minurso sahraoui. Disons qu’elle avait des relations avec la Minurso qui organisait le referendum. Certains d’entre nous étaient impliqués dans le recensement de la population, d’autres dans la traduction, d’autres récoltaient…

Nous étions une authentique commission qui travaillait seulement pour le referendum. Je travaillais dans le camp de réfugiés. Plus tard, en 1993, le referendum n’a pas eu lieu et il y avait ce groupe de jeunes plus ou moins préparé, prêt à contribuer à une plus grande visibilité du problème sahraoui à l’étranger. En 1994, j’ai été envoyée pour la première fois en Italie pour assister le représentant déjà sur place […]. Je suis restée en Italie jusqu’en 1999. J’ai alors été envoyée en Suisse pour aider la représentante là-bas qui était une femme […]. Puis j’ai été nommée en Suède avant d’arriver en Italie". (Mariam B. 2007)

Aujourd’hui, il y a quatre rappresentanza étrangères officielles à Rome, [3] dont une femme. La vie des représentants était initialement faite de frustrations Souvent les gens ne savaient pas qui étaient les Sahraouis. Il était difficile de mettre sur pied une mission et de parler de leur rôle.

"Par le passé, on devait toujours expliquer qui étaient les Sahraouis, d’où ils venaient et ceci était toujours très difficile […]. Maintenant ils savent qui nous sommes, même dans des parlements comme le parlement italien, des résolutions ont été adoptées en faveur de la reconnaissance diplomatique du Front du Polisario" (Mariam B. 2007)

Les différences de langue et de culture ont eu un prix, particulièrement si le temps passé dans un pays était trop court pour s’adapter.

" Peut-être que par le passé les gens n’étaient pas prêts pour vivre dans des pays occidentaux. Il y avait les obstacles liés à la langue, une capacité limitée d’apprendre la culture du lieu. Je pense que c’étaient les éléments les plus difficiles pour quelqu’un qui provient d’un camp de réfugiés et qui doit remplir une fonction avec des moyens limités […] Presque tous les représentants sahraouis connaissent l’Occident et la culture occidentale. Ils ont vécu ensemble et ils ont beaucoup appris. Presque tous parlent diverses langues. Ils ont aussi appris à mieux gérer leur temps, à établir des priorités, etc. Au début nous ne savions pas faire cela parce que nous venions d’un tout autre monde pour un autre à propos duquel nous devions tout apprendre. Nous avons perdu beaucoup de temps à apprendre. Une fois que nous avions appris, il était déjà temps de changer et d’aller vers une autre culture, un autre endroit, totalement différent" (Mariam B. 2007)

L’Italie est maintenant le principal soutien des Sahraouis en Europe, promouvant le débat politique, l’aide humanitaire, l’observation des droits humains et l’envoi de container avec toute sorte de matériels. Des Ong italiennes comme le Comitato Internazinale per lo Sviluppo dei Popoli, Africa ‘70’, la Cooperazione per lo Sviluppo di Paesi Emergenti et le Centreo di Educazione Sanitaria et Tecnologie Appropriate Sanitarie ont été les premières organisations à mettre sur pied des projets dans les camps de réfugiés sahraouis et faire la liaison avec les rappresentanza de Rome

"Ici le travail consiste surtout à faire du lobbying, à informer les gens, à établir des contacts. […]. C’est un travail compliqué, difficile mais il est aussi séduisant. Dans les camps de réfugiésil s’agit de survivre parce qu’on est dans le désert" (Mariam B. 2007)

Ces deux mondes n’auraient pas pu être plus opposés, mais le pont qui les a reliés a été le résultat du travail des représentants.

"Un réseau de solidarité, que les Sahraouis ont étendu, c’est ce qui aide les représentants. Avoir beaucoup de soutien, d’amitié, beaucoup de soutien politique et aussi la force des différents groupes sociaux qui vivent des contextes politiques différents. En ce qui concerne le problème des Sahraouis, il y une quasi unanimité ici en Italie. La solidarité avec les Sahraouis n’est pas restreinte à des alliés politiques ou a un groupe politique. Ceci de Droite à la Gauche ". (Hassan C. 2008)

Le travail réalisé par les représentants en Italie a facilité l’approche de la population locale sahraouis et le soutien à sa cause. Mariam B. montre sa satisfaction lorsqu’elle parlait du travail accompli par les associations italiennes dans les camps.

"La satisfaction c’est lorsque vous voyez la réalisation de projets. Le fait de trouver des gens capables d’aider le peuple sahraoui est encourageant. Les problèmes dans les camps trouvent en partie une solution. Lorsque vous arrivez dans les camps vous voyez que dans l’intervalle de dix ans la situation a changé. Le peuple sahraoui, depuis 1975, est le peuple le plus alphabétisé de toute l’Afrique avec un taux d’alphabétisation situé entre 93 et 95%. C’est fou, dans un camp de réfugiés. C’est une grande satisfaction lorsque les enfants vont à l’école tous les matins, quand chacun peut accéder à l’hôpital. Chaque année il y a plus de 9744 enfants qui se rendent outre-mer, avec des accompagnants adultes, afin de résoudre leurs problèmes". (Mariam B. 2007)

En 2007, le gouvernement italien a discuté la possibilité "d’offrir à la délégation du Front du Polisario un statut diplomatique complet, comme cela c’est produit pour d’autres mouvements de libération reconnu par les Nations Unies en tant que médiateur officiel d’un processus de paix" (Camera di Deputati, 2007, le 12 juillet). Après 30 ans de lobbying auprès de tous les partis politiques, le Front Polisario a finalement obtenu de la Chambre basse italienne une motion qui soutient sa cause politique. Cette résolution bipartisane (Partis communistes – Pcrc et Prc- Lega Nord, aile droite, Italia di Valori- liberals et Alleanza Nauionale, l’extrême droite) a été célébrée comme "un élément important de politique étrangère parce qu’elle était en harmonie avec les nombreuses résolutions des Nations Unies et parce qu’elle demandait la reconnaissance du statut diplomatique de ces représentants sahraouis en Italie" (RaiNews 24- Stampa 2007)

Aujourd’hui, le travail des représentants politiques sahraouis consiste à faire la liaison avec les nombreuses associations italiennes créées pour défendre le droit à l’indépendance des Sahraouis, pour dénoncer les violations des droits humains par les Marocains et pour fournir de l’assistance et du soutien matériel aux populations réfugiées. Selon le site web sahraoui officiel Arso.org, il y a 13 associations officielles en Italie (Arso 2009). Certaines ont commencé comme de petits comités pour devenir par la suite des associations enregistrées ou des Ong. Un représentant de Coordination régionale de Emilia-Romagna et de tous les organes de soutien en faveur des Sahraouis rapporte que travailler ensemble diminue le gaspillage de ressources et augmente la qualité des servies tout en aidant les associations à conserver leurs objectifs particuliers.. En général, les objectifs des associations sont forgés par deux facteurs principaux : la solidarité et l’action politique.

"Il est important de tenter d’avoir une organisation commune, de rassembler nos forces et nos idées, de planifier dans une direction commune. En ce qui concerne les droits humains, nous avons par le passé organisé des séminaires et des fora de discussions, invitant des militants sahraouis comme Ali Salem Tamek et Hamineatou Haidar. Lorsque nous pouvons mettre la mains sur des personnalités aussi importantes, nous essayons d’organiser, en notre qualité de Comité de coordination régional, des débats dans toute la région. Cela ne dure que quelques jours, mais ce sont des jours intenses pour eux et pour nous. Nous mettons notre site web constamment à jour avec des informations sur les territoires occupés, les camps de réfugiés et toutes les initiatives organisées au niveau national. Nous avons aussi une liste d’adresses à laquelle nous envoyons les dernières nouvelles. Chaque jour nous recevons des informations concernant des Sahraouis qui ont été arrêtés et nous les postons immédiatement sur notre site. Récemment, un membre de l’union Cgil qui s’était rendu dans les territoires occupés avec une délégation a été arrêté alors qu’il était en réunion dans la maison d’un militant sahraoui. Il a été détenu pendant vingt-quatre heures, puis relâché. Il y a eu des moments de tension " (Luca G. 2008)

Rita L. qui représente l’association de Rio Oro dans la région de Marche, a travaillé depuis plus de dix ans avec des familles sahraouies défavorisées dans les camps de réfugiés. Pour elle, comme pour de nombreux autres [4], tout a commencé lorsque des enfants sahraouis sont arrivés dans sa ville natale par le programme des Vacaciones en Paz (des vacances en paix).

Le premier projet de Rita pour la population sahraouie réfugiée a été élaboré après sa première visite dans les camps :

"[…] Particulièrement lorsque […] j’ai compris ce que nous voulions faire et pour qui. Nous avons alors commencé un programme pour les invalides dans les écoles de Smara. Nous avons procédé à un recensement qui a entraîné un recensement de la population invalide dans tous les camps de réfugiés. Le premier projet d’adoption à distance a été lié à d’autres projets concernant l’invalidité et la maladie. Ce qui, d’une certaine façon, a mené au premier projet hospitalier. Cette année l’Italie pourra accueillir des enfants handicapés et des opérations chirurgicales auront lieu dans les camps". (Rita L. 2008)

Anna M. a été impliquée dans l’Association nationale sahraouie basée à Rome, qui travaille davantage sur la situation politique. Selon elle, être basée à Rome augmente les chances de prendre contact avec les agences nationales et internationales. Cela améliore la coordination des projets de solidarité au niveau national. (2008) Ces représentants d’associations soulignent la pertinence d’une supervision sahraouie directe lors de l’élaboration des projets :

"Notre association et le Comité régional de coordination écoutent les suggestions du Représentant du Polisario à Rome concernant nos projets, compte tenu du fait qu’il est celui qui connaît le mieux les besoins réels de la population sahraouie. Je crois qu’il est inutile de faire des projets sans le consulter. (Luca G. 2008)"

La solidarité et les mouvements politiques italiens sont devenus si complexes qu’une nouvelle forme de représentation a émergé au sein de la délégation sahraouie à l’étranger : celle de la participation directe de jeunes Sahraouis étudiant en Italie, comme la première génération de représentant, celle de Mariam et Hassan. Aujourd’hui le Polisario Rappresentanza recrute de jeunes Sahraouis localement afin de les aider à construire une campagne d’information. Labib est un étudiant en médecine qui a aidé le Polisario Rappresentanza depuis son arrivée en 2003 :

"Chaque jour, par exemple, lorsque des étudiants, des professeurs et des docteurs me demandent d’où je viens, eh bien… je dois leur dire toute mon histoire, celle de mon peuple. C’est dans ces moments que j’ai le sentiment d’être un représentant politique". (Labib E. 2008)

Cependant que Labib était à l’aise dans son rôle de représentant sahraoui informel, Jamila qui a vécu avec une famille italienne depuis l’âge de 10 ans avait d’abord fait preuve d’une certaine résistance. Mais malgré l’incertitude d’être considérée comme une représentante du Polisario, Jamila prend confiance lorsqu’elle explique son rôle "d’enseignante" :

"Du point de vue technique, je donne des conférences organisées par des associations pro sahraouies et lors d’initiatives pro sahraouies organisées au niveau national. Il y en a toujours plus. Mon rôle consiste alors à disséminer le message concernant notre cause. Informer ceux qui ne connaissent pas notre cause, qui ne connaissent pas l’histoire sahraouie, qui ne savent pas comment il se fait que nous nous trouvions dans cette situation. […] Ces derniers temps j’ai davantage parlé avec des étudiants, des lycéens. Je travaille sur un projet pour la province romaine. Quatre heures de conférences divisées en deux parties pour chaque institut. Là nous regardons des documentaires, des expositions de photos et nous parlons de la cause sahraouie" (Jamila D. 2008)

Labib et Jamila ne craignaient pas de montrer leur déception devant l’ignorance des Italiens.

"J’avais un sentiment de colère, quand j’étais là à parler de ma cause qui est inconnue et que personne ne sait qui je suis. Une personne vivante. Souvent l’indifférence, surtout au niveau politique, installe les gens de rester dans l’ignorance. Peut-on définir cela comme un problème ? Je ne suis pas sûre. Mais pour moi, cette situation me rend perplexe parce que souvent on me demande "D’où venez-vous ?" Je réponds : "Je suis sahraouie". Et "qui sont ces Sahraouis" ? J’avais souvent envie de dire que je suis Algérienne. Point. Mais je ne sais pas. Ça dépend aussi du type de personnes en façon de soi". (Jamila D 2008)

Labib et Jamila ont tous deux exprimé leur satisfaction et ont participé dans toutes les initiatives organisées par le Polisario ou d’autres associations qui visaient à augmenter la connaissance de leur cause. Tous les représentants sahraouis interrogés en Italie, formels ou informels, reconnaissent que le travail accompli par les associations italiennes au cours des dix dernières années a contribué à former le profil des camps de réfugiés sahraouis d’aujourd’hui :

"Les projets fonctionnent bien comme les coopératives agricoles de femmes. La solidarité a mûri. Des liens forts se sont créés, même sans la nécessité d’un intermédiaire, comme nous. […] C’est ce qu’il y de satisfaisant. Lorsque vous allez dans les camps, vous voyez le résultat des efforts de beaucoup de gens au cours des années" (Mariam B. 2007)

La politique du Polisario d’employer des hommes et des femmes, des Sahraouis jeunes et expérimentés, afin de promouvoir l’indépendance, est un exemple parlant de la pratique de l’intégration des genres. Ce genre d’aperçus montre que ces représentants informels à l’étranger pratiquent une diplomatie publique. Non seulement au niveau du parlement italien, mais également au niveau de la communauté locale. Ces contacts à la base entre les Sahraouis et les communautés italiennes pro-sahraouies reflètent une appréciation réelle de l’intégration des genres dans le travail qu’ils accomplissent. Cette approche inclusive implique les associations italiennes, les représentants sahraouis et les responsables des projets.

L’engagement des Sahraouis en faveur d’une solution pacifique au conflit est aussi bien le produit que le résultat des pratiques indépendantes d’intégration des genres. Les réfugiés sahraouis ont fait un long chemin pour constituer une forte démocratie musulmane, attentive aux questions de genre. Trente quatre ans après sa constitution, la République démocratique arabe sahraouie est aujourd’hui plus qu’un nom, parce qu’elle porte avec elle une forte tradition internationale ainsi qu’un réseau national et international. Les hommes et les femmes sahraouis qui ont été envoyés à l’étranger comme représentants politiques ont aidé la population hôte à comprendre l’origine du conflit au Sahara occidental et ont réussi à bâtir un soutien local.

Le travail conjoint accompli par les représentants politiques de la Rasd et les représentants des associations de soutien a été crucial pour démontrer la véritable force et la diversité d’un Etat musulman démocratique. Ceci souligne l’opportunité d’une paix régionale, atteinte en partie grâce à une diplomatie publique établie sur une base large, en travaillant sur le long terme.

NOTES

[1] cet article est extrait d’une étude menée entre 2008-2011 dans le cadre d’une thèse Le texte complet peut être trouvé à ro.uow.edu.au/cgi/viewcontent.cgi ?article=4295&context=theses 

[2] Le nom de Rappresentanza est la traduction exacte de ‘délégation’ en italien.

[3] Les entretiens cités dans ce document ont été menés en Italie en février/mars 2008. Les noms cités sont des pseudonymes.
[4] Comme expliqué initialement, le terme de "représentants officiels "se réfère à la liste official du département des Affaires étrangères sahraouies. Par ailleurs, les représentants sont ceux qui, vivant à l’étranger, ont été contacté par le Front du Polisario.
[5] J’ai d’abord été en contact avec les enfants sahraouis alors que j’étais volontaires d’une organisation caritative italienne en Italie. J’ai hébergé des enfants dans nos locaux pendant deux été successifs avant de me rendre dans un camp de réfugiés à Tindouf

** Sonia Rossetti est une doctorante à la School of Political Science and International Studies, Queensland University, Australie. En 2011, elle a obtenu le master en recherche historique et politique de l’université de Wollongong, avec pour thème le cas des représentants sahraouis à l’étranger et l’intégration des genres. Sa recherche actuelle est centrée sur Diplomatie publique et intégration des genres. Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

REFERENCES



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 2. Armstrong, K. (2008). A study of social change in Saharawi refugee camps : democracy, education and women’s rights. Master Thesis. Social Sciences & International Studies, Faculty of Arts & Social Sciences. UNSW, Australia, Unpublished : pp. 134.

 3. ARSO (2009). Sites. arso.org. URL <http://www.arso.org/sites.htm> . Consulted 23 November 2009.


 4. Baines, E. K. (2001). A Practical Guide to Empowerment : UNHCR Good Practices on Gender Equality Mainstreaming E. Francisco (ed.), UNHCR Geneva. URL. Consulted 18 April 2007.

Camera dei Deputati (2007, July 12). Leoni and Fabris motion in favor of taking action for the Saharawi people. Italian lower house of representatives. URL <http://www.carloleoni.net/show.php?...> . Consulted 23 November 2009.

 4. Farah, R. (2003). ’Western Sahara and Palestine : shared refugee experiences’. Forced Migration Review, 16 : pp. 20-23.

 5. Fiddian-Mendez, E. (2002). Promoting sustainable transformations in gender roles during exile : a critical analysis with reference to the Sahrawi refugee camps. MSc dissertation in Gender and Development. London School of Economics, Unpublished.

 6. Fiddian-Qasmiyeh, E. (2009). ’Representing Sahrawi refugees’ ’Educational Displacement’ to Cuba : Self-sufficient agents or manipulated victims in conflict ?’. Journal of Refugee Studies, 22 (3) : pp. 323-350.

 7. Hasan C. (2008), Interview. Rome, Italy.

 8. Jamila D. (2008), Interview. Rome, Italy.

 9. Labib E. (2008), Interview. Bologna, Italy.

 10. Lippert, A. (1992) ’Sahrawi women in the liberation struggle of the Sahrawi people’. Signs 17 (3) : pp. 636-651. URL : <http://www.jstor.org/stable/3174626> . Consulted 09 April 2008.

 11. Luca G. (2008), Interview. Bologna, Italy.

 12. Mariam B. (2007), Interview. Rome, Italy.

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 14. Olmi, G. (ed.) (1998). Sahara Occidentale : appunti di viaggio. (Western Sahara : travel diary) [Italian]. Rome : Edizioni Associate Editrice Internazionale.

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 16. Rita L. (2008), Interview. Ancona, Italy.

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 18. San Martin, P. (2009). ’‘¡Estos locos cubarauis !’ : the Hispanisation of Saharawi society (… after Spain)’. Journal of Transatlantic Studies, 1754-1018, 7 (3) : pp. 249-263.

 19. Wise, A. (2004). ’Nation, Transnation, Diaspora : Locating East Timorese Long-distance Nationalism’. Sojourn : Journal of Social Issues in Southeast Asia, 19 (2) : pp. 151-180.

 20. WomenWarPeace website (2010). Gender Profile of the Conflict in Western Sahara. UNIFEM. URL <http://www.arso.org/westernsahara_U...> . Consulted 23 March 2010.

Source : http://www.pambazuka.org/fr/friends.php