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Les observatoires de santé d’Areva au Niger et au Gabon : payer (un peu) pour polluer librement

Communiqué du collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger », 29 juin 2009

D 10 septembre 2009     H 14:16     A     C 0 messages


Le 19 juin dernier, Areva a annoncé la mise en oeuvre
d’observatoires de la santé sur ses différents sites miniers,
en particulier au Gabon puis au Niger, en accord avec des
associations (Médecins du Monde et Sherpa). L
Cet accord intervient peu après l’inauguration de la
gigantesque mine d’Imouraren au Niger, dont l’exploitation fait
craindre des conséquences désastreuses. Conséquences déjà
bien visibles autour d’autres mines que la Cogema, devenue
Areva, exploite depuis 40 ans à Arlit. Des organisations et des
autorités locales y dénoncent depuis des années les ravages
sanitaires, sociaux et environnementaux causés par Areva. Car ce
sont non seulement les travailleurs des mines, mais aussi les
quelque 60.000 habitants de la ville d’Arlit qui sont
potentiellement touchés par la pollution de l’eau et vivent au
contact de matériaux et résidus miniers radioactifs ou pollués par
la radioactivité – ainsi, des stériles sont laissés à l’air libre, même
à proximité de l’hôpital. Areva a toujours ignoré les
revendications des populations réclamant des mesures pour
réduire les dégâts causés par l’exploitation uranifère, à l’exception
d’actions mineures (normes de sécurité pour les travailleurs des
mines, récupération de matériaux contaminés utilisés par les
habitants d’Arlit). L’accord signé le 19 juin viserait à indemniser
les seuls travailleurs des mines qui en font la demande et
pouvant prouver les liens entre leur maladie et leur activité ; à
faire apparaître les évolutions de l’état de santé des populations
locales ; à « faire des propositions pour l’amélioration de
l’hygiène et de la sécurité sanitaire des sites miniers ».

Mais cet accord soulève de nombreuses questions sur sa mise en oeuvre.

• Areva est omniprésente dans ces observatoires. Elle est aussi
l’unique pourvoyeur de fonds de ce projet. N’est-elle donc pas
juge et partie ? Ces observatoires de la santé peuvent-ils alors
travailler en toute indépendance ?

• Comment ces observatoires peuvent-ils afficher un objectif
d’indemnisation et passer outre tout engagement relatif à
l’information sur la possibilité d’être indemnisé, à la prévention,
ou à la sensibilisation des populations sur les risques sanitaires ?
Areva peut-elle donc décider elle-même de l’indemnisation des
dégâts dont elle est responsable ? N’est-ce pas le rôle d’une
autorité judiciaire indépendante ?

• L’accord parle d’ « impact éventuel » des activités minières alors
que l’impact sanitaire et environnemental (traitement des
déchets, l’emprise sur les ressources en eau …) a déjà été
documenté. Faut-il attendre que des personnes soient déclarées
malades pour s’en alarmer ? Pourquoi cet accord ne part-il pas du
principe de précaution ?

Il apparaît donc que la mise en place de ces observatoires de
la santé s’inscrit davantage dans une opération de
communication destinée à redorer l’image désastreuse d’Areva
qui communique massivement sur le « développement durable »
et l’« énergie propre ». Areva trompe aussi l’opinion publique en
séparant la question sanitaire de la question environnementale,
comme si l’une et l’autre n’étaient pas inextricablement liées. Au
Niger, Areva continue donc à exploiter l’uranium sans se soucier
de la pollution qu’elle engendre. Elle continue à épuiser les
ressources hydriques dans une région qui en manque
cruellement. Cet accord apporte également une caution sociale à
Areva, ce qui devrait faciliter l’obtention d’un financement du
projet d’Imouraren par la Banque européenne d’investissement
(BEI) à hauteur de 1,2 milliards d’euros. Une décision qui devrait
tomber dans les prochaines semaines ! Par cet accord, Areva
tente également de se dégager de sa responsabilité pénale et
civile à moindre coût. Cet accord limité à la santé des seuls
travailleurs des mines (et non des populations) devrait concerner,
annuellement pour le Niger, entre 15 et 30 personnes.
Le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » demande
donc, pour le site d’Imouraren, qu’Areva et le gouvernement
nigérien assurent : un moratoire sur la mise en exploitation de la
mine tant qu’une étude d’impact indépendante n’aura pas été
faite et n’aura pas rendu ses conclusions ; plus largement, la
reconnaissance et la réparation par Areva des dommages sociaux
et environnementaux causés par ses exploitations ; la mise en
oeuvre de l’ITIE (Initiative pour la Transparence dans les
Industries Extractives) dès mars 2010 comme annoncé
récemment par le gouvernement nigérien pour que la population
bénéficie effectivement de l’exploitation des ressources
naturelles ; que tous les travailleurs de la mine ainsi que les
populations vivant à proximité de l’exploitation bénéficient d’un
examen médical complet, d’une évaluation rétrospective des
doses subies et de l’inscription dans un programme de suivi
sanitaire à long terme réalisé par des organismes médicaux
compétents et indépendants ; que des taxes parafiscales, comme
il en existe en France, soient prélevées et confiées à un
organisme de gestion spécialisé et indépendant pour la remise en
état des sites après extraction et pour une gestion saine,
équitable et concertée des ressources en eau.

Le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » : Attac - Beyond Nuclear -
Cedetim - CNT - Collectif Tchinaghen - Les Verts - NPA - Réseau Sortir
du Nucléaire - Stop Marchands de Sable Sud Energie/Solidaires - Survie -
Via Campesina.

Pour plus d’informations : http://areva.niger.free.fr