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Mali : Déclaration, Paris le 16 juillet 2012

MALI : oui au développement non à l’interventionnisme guerrier

D 16 juillet 2012     H 23:04     A     C 0 messages


MALI : oui au développement non à l’interventionnisme guerrier

La politique africaine de Nicolas Sarkozy avait comme principale obsession la problématique des migrations. Elle s’est par ailleurs caractérisée par l’amenuisement dramatique de l’aide publique de la France. Le Mali en a donc été doublement victime.
Puis vint se greffer sur l’enjeu migratoire, la question de la lutte anti-terroriste. La France a commencé à guerroyer contre AQMI sur le territoire du Mali sans respecter sa souveraineté. Puis vint l’aventure libyenne au mépris de ses conséquences sur l’équilibre de la région, avec le retour des combattants touaregs, la dispersion d’un armement nombreux et donc la recrudescence du commerce transsaharien des armes.
Le Mali a subi pendant de longues années les traitements de choc du FMI et du libéralisme avec son lot de corruption, de creusement des inégalités et de chômage endémique de la jeunesse, créant des mécontentements et renforçant l’instabilité.
Les idéaux de la révolution populaire malienne de 1991 qui renversa la dictature militaire ont été trahis : les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes du code de la famille de décembre 2011 traduisent le renforcement de l’emprise du religieux sur la sphère publique et privée. La démocratie malienne est malade et la décomposition de l’Etat a fait que le pouvoir central n’était plus en mesure d’exercer son autorité dans le Nord face aux velléités sécessionnistes et islamistes.
Les intérêts à l’œuvre dans cette région, qu’ils soient liés aux potentialités du sous-sol (pétrole et uranium) et du sol (culture du coton et accaparement de terres fertiles) conduisent peut-être certains à créer les conditions d’un séparatisme qui ne se justifie pas pour des raisons de justice sociale. Le putsch militaire ne constituait pas un projet politique puisqu’il ne s’appuyait pas sur le peuple et sur les acteurs de la société civile. Les velléités d’intervention de la CEDEAO, bras armé des impérialismes français et américain dans la région, ne trompent personne et le risque est grand qu’elle se traduise sur le terrain par une force d’interposition qui ne répondra ni à la partition du Mali ni à l’intrusion des islamistes dont on connait par ailleurs les affinités avec le capitalisme néo-libéral.
En conséquence, nous condamnons toute tentative d’imposer de l’extérieur par la force une solution qui ne peut se faire qu’au détriment du peuple malien qui paierait un lourd tribut humain et financier et qui serait entrainé dans une guerre civile prolongée. C’est au peuple malien d’organiser la résistance contre cet ordre confiscatoire et obscurantiste que l’on cherche à lui imposer de façon à éviter la situation de conflits armés permanents qui prévaut dans la région des Grands Lacs en Afrique Centrale.
Rappelons que le PNUD situe le Mali au 175iéme rang sur 187 de l’Indice de Développement Humain. L’urgence est donc au développement et à la réconciliation. Nous soutenons donc la tenue d’une Concertation Nationale Souveraine réunissant l’ensemble des forces vives du Mali dans un cadre ouvert permettant de se pencher sur toutes les questions tenant à la souveraineté, aux institutions et à l’intégrité territoriale du Mali. C’est aux Maliens et à eux seuls de décider d’un processus de réconciliation nationale et d’en élaborer les conditions de mise en œuvre en intégrant l’ensemble des partenaires africains et pas seulement ceux de la CEDEAO.
Nous exigeons quant à nous du gouvernement français d’une part le renoncement à toute tentation interventionniste d’autre part une augmentation rapide de l’aide au développement, un vrai projet de coopération et un soutien aux initiatives de dialogue démocratique malien.

Pour l’ensemble des organisations signataires

Patrice Finel

 Parti de Gauche : Patrice FINEL 63 avenue de la République 75011 PARIS
 PCOF :Véronique LAMY 15 cité Popincourt 75011 PARIS
 Convergences et Alternative : Moulaye AIDARA 18 rue de Meudon 92140 CLAMART
 FASE : Christian DARCEAUX 20 rue Chaudron 75010 PARIS
 Gauche Anticapitaliste : Paul MARTIAL